Cri du cœur d’une médecin à l’Hôpital de Mont-Laurier

  • Publié le 2 juin 2025 (Mis à jour le 2 juin 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Photo gracieuseté – Hôpital de Mont-Laurier
Photo gracieuseté – Hôpital de Mont-Laurier

La Dre Roxane Beaulieu-Doré a tiré la sonnette d’alarme concernant la vétusté de l’hôpital de Mont-Laurier, estimant qu’il est plus que temps d’intervenir.

La Dre Roxane Beaulieu-Doré, médecin à l’Hôpital de Mont-Laurier, ne mâche plus ses mots. Dans un cri du cœur, elle dénonce la vétusté de l’établissement et l’inaction persistante du CISSS des Laurentides. « Il est plus que temps d’intervenir » pour sauver un hôpital qui « semble figé dans le passé. »

Un hôpital en décrépitude

Construit en 1949, l’Hôpital de Mont-Laurier n’a jamais connu de véritable modernisation. Certaines sections ont été retouchées, mais l’ensemble reste largement vétuste. La Dre Beaulieu-Doré décrit des conditions dignes d’un autre siècle. « On a des chambres à quatre lits, sans salle de bain, comme à l’époque des bonnes sœurs. À l’urgence, si vous êtes sur une civière, vous n’avez même pas accès à un lavabo. C’est la chaise d’aisance, c’est comparable à un pot de chambre. »

Elle ajoute que les hôpitaux de Mont-Laurier et de Rivière-Rouge ont la côte E, soit la pire note qu’on peut attribuer à un hôpital. Elle souligne que Mont-Laurier est un des Hôpitaux les plus désuets du Québec.

L’état de délabrement se reflète aussi dans des détails troublants, comme la présence d’un pigeon dans une salle d’obstétrique, de chauves-souris mortes, de mouches quotidiennes, ou encore d’un bruit d’arc électrique dans une salle. « C’est bien beau, on parle de bestioles et d’infestations, mais l’important c’est qu’il faut changer notre hôpital. Il est dépassé, tout simplement. »

Des projets figés

Des plans d’agrandissement ont pourtant été déposés. La première pelletée de terre était attendue à l’automne 2024. « Nous sommes prêts, les plans sont faits. Mais plus on attend, plus ça coûte cher. »

La Dre Beaulieu-Doré ne cache pas son agacement face aux investissements dirigés ailleurs. « On nous a promis des sous, mais aucune date de travaux n’a été annoncée. Où est notre argent ?  Il est dans le stationnement de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. »

Alors que des projets vont de l’avant à Arthabaska et à Montréal, Mont-Laurier se sent délaissé. « C’est toujours au détriment du nord. La région des Laurentides est déjà sous-financée, et Antoine-Labelle encore plus. »

Des besoins clairs et urgents

La médecin dresse une liste claire des priorités :

  •  Des chambres et salles de bain privées pour les patients hospitalisés, indispensables à la prévention des infections. (Qui était prévu dans le plan de l’automne dernier);
  • La rénovation de l’urgence et son agrandissement;
  • Une IRM (imagerie par résonance magnétique);
  • La numérisation complète des archives médicales, qui sont encore en version papier;
  • Une clinique externe élargie, adaptée aux besoins de la population.

« Ce ne sont pas des demandes de luxe. Ce sont des services de base qu’on devrait pouvoir offrir en 2025 », ajoute la médecin.

Une population oubliée

La région d’Antoine-Labelle compte parmi les plus âgées et les plus pauvres du Québec. « Nos gens sont défavorisés, ils passent sous le radar. Ce n’est pas eux qui vont monter aux barricades. »

Et quand des initiatives locales sont mises en place, elles sont vite démantelées. Par exemple, une clinique 0-3 an qui avait reçu un prix de pertinence a été annulée simplement parce qu’elle n’existait pas ailleurs.

Un système trop centralisé

Depuis la centralisation des soins sous le CISSS des Laurentides, la Dre Beaulieu-Doré constate une perte d’autonomie et d’efficacité. « On nous voit comme le petit frère fatiguant. On fait partie de la famille, mais on ne nous écoute pas. »

Un appel à l’action

La Dre Beaulieu-Doré lance un appel aux autorités : « Il faut décentraliser, donner les moyens à nos établissements d’être performants. On a une équipe exceptionnelle ici. Ce ne sont pas les humains qui manquent, c’est le respect et les ressources. » Elle pose ensuite une question lourde de sens. « Faudra-t-il une catastrophe pour que les choses bougent enfin ? »

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