Ambroise, Victoria et Sara

  • Publié le 6 mai 2022 (Mis à jour le 12 avr. 2025)
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Rédaction Médialo


Au printemps de 1907, un jeune couple loue le haut de cette maison, construite en 1900, l’année de leur mariage.

Ambroise Chalifoux (1877-1918) et Victoria Marcil (1884-1909) s’installent ici avec Olidor et Adoré, qui sont encore aux couches. Deux garçons nés avant eux n’avaient pas survécu: l’un est mort à 3 ans, l’autre à 1 an. Ambroise gagne sa vie comme bûcheron ou jobber, assez bien si l’on se fie à ses revenus déclarés pour l’année 1910. Il est arrivé petit enfant à Saint-Rémi d’Amherst avec les premières familles pionnières, venues de Montebello. Victoria avait quant à elle tout juste l’âge de raison quand ses parents ont quitté Montréal pour coloniser Vendée. Le chemin Élie-Marcil à Vendée fait référence à son père ou son frère.

C’est dans ce logis que la vie du couple prendra une tournure tragique à l’automne de 1909. Les deux garçons qui y ont vu le jour mourront en bas âge, comme les aînés de la fratrie. L’un décède le 18 octobre, l’autre le 27 novembre. Entre ces deux disparitions, le 6 novembre, Victoria fait son testament. Un passage du document nous fait entrevoir la scène poignante qui se déroule à son chevet: « …Laquelle étant sur son lit malade, mais saine, nonobstant, d’esprit, mémoire, jugement et entendement, ainsi qu’elle est apparue au notaire et aux témoins ci-après nommés, par ses discours, entretiens et maintien, considérant la certitude de la mort et l’incertitude de son heure, et puis craignant d’en être prévenue sans avoir mis ordre à ses affaires… » À 25 ans, le 13 décembre 1909, elle va rejoindre les petits êtres qu’elle avait mis au monde et qui n’y sont pas restés.

Le 9 avril 1910, Ambroise achète la maison, 200 piastres. Il se remarie onze jours plus tard, avec la jeune cuisinière du camp de bûcherons, Sara Labelle de Brébeuf. Olidor a 6 ans, Adoré, 3 ans. Sara va donner naissance à Amable en 1911 et à Cécile, ma mère, en 1913. Le 28 avril 1913, Ambroise vend la maison, 700$.

La suite de l’histoire de mes grands-parents se passe au nord de Mont-Laurier. En mars 1917, peu après la naissance de leur benjamin, Léopold, ils s’établissent sur un lot de colonisation à Sainte-Anne-du-Lac. Ambroise y meurt de tuberculose le 25 janvier 1918, devenant ainsi à 40 ans, le « premier mort » de la paroisse, comme disaient les anciens de la place. On l’enterra « à cent cinquante pieds du presbytère », faute de cimetière.

Les testaments

Pourquoi Victoria fait-elle son testament, en faveur d’Ambroise, six semaines avant de mourir? Selon le régime matrimonial de la communauté légale, elle possédait la moitié des biens meubles et immeubles acquis pendant le mariage. Or, à cette époque et jusqu’en 1915, les ascendants et descendants du défunt, et cela jusqu’au douzième degré de parenté, avaient préséance sur le conjoint survivant comme héritiers. Au décès de son épouse, Ambroise aurait donc perdu la moitié du patrimoine familial, sans ce testament.

C’est aussi sans doute ce qui explique qu’il ait acheté la maison onze jours avant son remariage. Elle échappait ainsi à la communauté de biens entre lui et sa nouvelle épouse. Peut-être voulait-il de cette manière protéger ses deux garçons du premier lit. Il fera un testament devant notaire en faveur de Sara le 25 mars 1912.

Source: Lise Daoust, Sara Labelle (1888-1962) et Ambroise Chalifoux (1877-1918): De Brébeuf à Sainte-Anne-du-Lac, 2019, 457 p.

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