Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Le gouvernement Legault prié d’en faire plus
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a rédigé une lettre pour le premier ministre du Québec afin de lui rappeler à quel point le réseau est à bout de souffle et a besoin d’aide. La lettre est cosignée par les représentantes de 53 maisons d'aide et d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale à travers le Québec. Roxane Prenovost, directrice de la Passe-R-Elle à Mont-Laurier, en fait partie. L’info s’est entretenue avec elle.
« Le message principal part du rehaussement de financement qu’on a reçu et qui n’est clairement pas suffisant. À première vue, ça semble être des montants importants, mais il ne faut pas oublier qu’il doit être séparé entre la centaine de maisons d’aide du Québec. En fait, les sommes reçues représentent seulement le quart de ce que l’on demandait », a expliqué Mme Prenovost.
Expliquant aussi que cette somme a servi, pour les différentes maisons d’aide, à consolider un peu plus les conditions de travail, elle a poursuivi : « On a pu travailler sur certaines conditions de travail, par exemple les horaires, pour permettre une meilleure rétention du personnel parce que malheureusement, dans le communautaire, on n’est pas compétitif. On n’a toujours pas les mêmes conditions que dans le réseau de la santé, on est loin de ça. On travaille fort pour rendre ça plus intéressant. C’est triste de voir que le communautaire reste la vache maigre de la santé et des services sociaux et ça ne devrait pas, parce qu’on est le dernier filet social. Les gens arrivent dans nos services en crise et vulnérables ».
« Il y a toujours place à améliorer les conditions de travail et surtout pour les emplois typiquement féminins. » – Roxane Prenovost, directrice de la Passe-R-Elle
La revendication qui est au cœur de cette lettre est donc que tout de suite, dans le prochain budget du gouvernement, il y ait un autre rehaussement du financement qui viendrait permettre de combler les services qui ne sont pas encore en mesure d’être offerts faute de budget.
« Malheureusement, il y a des services qu’on offre par les moyens du bord et ce sont des services qu’il serait important de déployer convenablement. On parle, entre autres, de sensibilisation et prévention ainsi que des services externes qui devraient être rehaussés », a mentionné la directrice.
Les impacts de la pandémie font craindre l’« après »
Selon Mme Prenovost, un an après l’arrivée de la pandémie, on est maintenant en mesure de constater que dans plusieurs cas la violence s’est intensifiée.
« La pandémie a apporté de nouveaux leviers de contrôle. Le confinement a fait que les fenêtres que les femmes avaient pour aller chercher de l’aide sont beaucoup moins larges. Les femmes ne sortent pratiquement plus pour aller au travail, les enfants n’allaient plus à l’école pendant un certain temps. Le contact avec l’extérieur a été grandement diminué. L’isolement qui est déjà présent en situation de violence conjugale s’est vraiment amplifié. »
« On a hâte de sortir de tout ça, mais il y a une crainte qui persiste. On se demande comment les conjoints violents qui ont goûté à ces nouveaux leviers de contrôle vont réagir quand leur femme va devoir retourner au travail. Quand les libertés vont revenir un peu plus dans la société, comment vont-ils réagir? (…) C’est quand le conjoint sent qu’il perd le contrôle que ça devient dangereux. Il va vouloir faire des tentatives pour récupérer ce contrôle-là », a raconté Mme Prenovost.
Ces craintes viennent donc renforcer l’importance de la demande faite dans la lettre à l’effet que le gouvernement doit poursuivre et augmenter son aide financière afin que les services offerts en maison d’aide se poursuivent et soient bonifiés.
« On l’a vu, dans le dernier mois, il y a cinq femmes qui sont décédées dans une situation de violence conjugale, c’est terrible. Quand on sait qu’il y en a eu neuf dans toute l’année 2020. Là on est juste en mars. Dans la plupart de ces cas, ce sont des morts qui auraient pu être évitées, car ce sont des femmes qui avaient fait des demandes d’aide, qui avaient des conjoints qui étaient connus. Je crois que tout le monde, pas juste les intervenants, est concerné par la problématique de la violence conjugale et on peut tous faire plus et faire mieux », a conclu Roxane Prenovost.
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