Mois de l’autisme
« Je continue à persévérer dans tous les aspects de ma vie », affirme Kim Chartier
Dans le cadre du mois de l’autisme, le Regroupement le Prisme tenait à présenter son adjointe administrative, Kim Chartier, qui est à son emploi depuis septembre dernier, afin de lui souhaiter une bonne continuité et démontrer qu’une personne ayant le trouble du spectre de l’autisme peut avoir une vie normale. L’info s’est donc entretenue avec elle.
Présentez-vous.
J’ai 26 ans et je suis une personne autiste. Je vis à Kiamika. J’ai fait mon secondaire à la Polyvalente St-Joseph et ensuite des études en secrétariat au Centre de formation professionnelle de Mont-Laurier. J’ai maintenant la carrière que j’ai toujours voulue. Je suis adjointe administrative au regroupement le Prisme et je suis aussi bibliothécaire à la bibliothèque de mon village. J’ai mon permis de conduire et ma propre auto. J’ai eu un cheminement normal comme tout le monde. J’ai parfois eu plus de difficulté au niveau des apprentissages, mais j’ai été très bien encadrée et ça m’a beaucoup aidé.
Expliquez-nous ce qu’est l’autisme.
L’autisme est un trouble neurodéveloppemental qui peut causer des difficultés au niveau de la communication et au niveau social. Ça peut aussi amener des comportements ou des intérêts précis, limités ou répétitifs. Par exemple, quand j’étais plus jeune, on disait que j’étais très rigide. J’avais mes habitudes, mes façons de faire et de voir les choses. J’avais beaucoup de difficultés à sortir de mon cadre habituel. Je suis restée très indépendante, mais avec le temps, j’ai appris à m’ouvrir aux autres. On s’aperçoit souvent de tout ça à l’enfance à cause des signes qui se manifestent et qui viennent d’un mauvais fonctionnement du cerveau. Ça fait que les personnes autistes perçoivent les gens et le monde d’une façon différente par rapport à une personne dite neurotypique (normale). Il y a différents niveaux à l’autisme, qui se manifeste différemment selon les personnes. Plusieurs disent aussi, en parlant de l’autisme, le trouble du spectre de l’autisme.
Qu’est-ce que ça signifie de vivre avec l’autisme?
Je dirais de l’adaptation et des défis. Ce n’est pas toujours facile. J’ai dû travailler fort pour apprendre à sortir de mon cadre, à m’ouvrir aux autres et accepter les différentes activités. Quand j’étais plus jeune, avoir des amis ce n’était pas toujours évident. J’étais plus dans ma petite bulle et pas toujours envie d’y laisser entrer les autres. Pas toujours facile à comprendre, mais mes vrais amis n’avaient pas de problème avec ça. C’est sûr que ma mère a dû expliquer comment j’étais et ce qu’était l’autisme. J’ai vécu certaines difficultés et quelques épreuves de la vie comme de l’intimidation, un peu de difficulté dans mes apprentissages à l’école ou dans mes recherches d’emploi, car beaucoup de gens ne comprennent pas encore ce que ça implique l’autisme, mais j’ai su m’intégrer, m’adapter et je continue.
Quel est le plus gros défi que vous ayez eu à relever jusqu’à maintenant?
Ça a vraiment été d’apprendre à être moins rigide, à sortir de ma carapace si on peut dire. Il a vraiment fallu que je travaille fort et apprenne à m’ouvrir aux gens et à devenir accessible. Dans mon cas, le gros travail a été dans mes relations avec les autres et j’ai appris à développer ça en grandissant. J’ai eu la chance d’avoir de l’aide de ma mère et de mes éducatrices spécialisées. On m’a donné des trucs et des méthodes à mettre en pratique. Il y a eu des choses faciles à régler et d’autres moins.
Est-ce que vous considérez qu’encore en 2021, les gens gardent des idées préconçues et des préjugés face à l’autisme?
Ce n’est pas tout le monde, mais il en reste beaucoup. Je pense que des préjugés, il y en a encore et il va toujours y en avoir. Je me dis que plus on en parle, plus on partage avec les gens, plus ils vont comprendre. Il faut que les gens comprennent si on veut que ça change, c’est ça la meilleure solution. La sensibilisation c’est excellent et c’est pour ça que j’ai accepté de témoigner aujourd’hui.
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