Buffet chinois

  • Publié le 6 déc. 2022 (Mis à jour le 12 avr. 2025)
  • Lecture : 2 minutes
Rédaction Médialo


Chose inhabituelle par définition, des manifestations imprègnent actuellement la vie politique chinoise. Au menu : un refus de plus en plus senti de respecter les mesures sanitaires, jugées excessives et absurdes. Pour seul exemple, des travailleurs contraints de demeurer au boulot, sans possibilité de rentrer à la maison, une fois leur quart complété. Raison invoquée ? La trop faible vaccination des aînés, incomparable à celle du Québec.

En filigrane des manifs, aussi, un spectaculaire ras-le-bol collectif face aux politiques liberticides générales adoptées depuis la dictature, et ce, depuis trop longtemps. D’aucuns sinologues avisés iront jusqu’à prétendre que l’on assiste, présentement, aux plus importantes révoltes depuis le massacre de la place Tiananmen.

Parfaitement au même moment, se déroulait à l’Université d’Ottawa un événement qui, ironiquement, allait rappeler la course à obstacles à laquelle doivent se livrer les démocrates chinois.

Lors d’une conférence à être prononcée par l’ambassadeur de Pékin à l’université de la capitale canadienne, le diplomate demande, ou plutôt exige, que soit abaissé le rideau de la fenêtre portant sur la rue. Pourquoi? Parce quelques manifestants s’y sont déjà pointés le bout du nez, en opposition au génocide en cours à l’encontre des Ouïghours, ces musulman.es d’Asie persécuté.es, et stérilisé.es, dans les camps de concentration tenus par le régime. L’équipe du recteur Jacques Frémont – ou est-ce lui-même ? – obtempère sans rouspéter.

Non satisfait du succès de sa première requête pourtant saugrenue, l’ambassadeur y va d’une deuxième : malgré l’invitation lancée aux médias, merci d’expulser ceux-ci de la salle de conférence. Dans le cas contraire, cette dernière n’aura tout simplement… pas lieu. Sir yes sir ! Aussitôt dit, aussitôt fait. Le caméraman de Radio-Canada, parmi d’autres, est accompagné à l’extérieur de la salle. Merci, et bonsoir.

L’ironie de ce qui précède est spectaculaire, à l’instar de son timing. Frémont, pourtant ancien président de la Commission des droits de la personne du Québec (une sacrée chance!) sait-il au moins ce pourquoi se battent les dissidents chinois face à leur régime dictatorial? Pour avoir davantage de libertés? Oui, bien sûr, mais laquelle, en particulier? La liberté d’expression, laquelle inclut la liberté de presse. Celle qui permet de dénoncer, haut et fort et par maints moyens, ce que l’on pense du régime en place. Celle qui force le choc des idées, propice à la lumière. Celle qui assure le dialogue, la critique et la remise en question. Celle qui traite, dans les médias traditionnels ou sociaux, de l’information névralgique à ce qui précède. Celle qui amène des citoyens, une fois au courant de l’état de la cité, à faire connaître leur posture et préférence. Celle qui provoque la création de partis politiques s’opposant à celui en poste.

Rien de tout ceci n’existe, en Chine. Depuis trop longtemps, disions-nous. D’une tristesse inouïe. Surtout depuis que le Canada y participe. Parce que les droits fondamentaux, ici comme ailleurs, ne peuvent être considérés comme de vulgaires items disponibles à même un buffet… chinois.

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