Hommage aux gens de la région

Dixit Messenger, Dominic Bell m’écrit :

-Allô!!! Lundi 29 mai, on fait le lancement de la saison d’été conjointement avec l’Espace théâtre… avec show live en direct! Tu serais game de venir faire un petit coucou… show de 16 à 19 h.

-Ça marche.

Moi qui, depuis quelques mois, fuis les invitations du genre, non par faute d’intérêt, mais par immobilisme obligé. J’ai répondu oui, ipso facto, spontanément, à six heures de char. Pour une entrevue de 10 minutes, laquelle aurait évidemment pu se faire par zoom ou autres.

C’est un peu comme quand les gens de la grande ville apprennent, parfois un peu surpris, que je chronique chaque matin, systématiquement, à la radio de ma région natale.

-Sans farce, chaque matin? T’es resté très proche d’eux, quand même, après toutes ces années. C’est spécial.

Idem, évidemment, pour les lignes que vous êtes en train de lire, celle d’un journal où mon grand-père aura chroniqué lui aussi, à l’époque.
Pourtant, à cette même CFLO, interrogé récemment par l’ami Trudel, j’affirmais ne pas être quelqu’un de trop nostalgique, plutôt intéressé par l’instant présent.

C’était vrai. Mais faux en même temps.

Vrai, dans le sens où la vie mérite d’être vécue au temps présent, de savourer ce qu’elle propose de mieux, jour après jour. Sinon, forcer la note et provoquer le bonheur.

Faux, dans l’optique où les souvenirs, les bons, sont simplement trop nombreux pour être passés outre.

Suffit, par exemple, de fouler les premiers mètres du boulevard Paquette pour que les fantômes se dressent à chaque pouce carré, comme chantait Desjardins. Ou encore procéder à ma routine classique, celle d’arpenter les quartiers de mon enfance, passer devant mes écoles primaires, la Polyvalente, les maisons respectives de mes grands-parents.

Parce que même si j’ai aujourd’hui passé davantage d’années à Montréal qu’à Mont-Laurier, restera toujours ces racines ancrées, celles qui nous rattachent, quoiqu’on pense ou fasse, à nos enfances.

Mais il y a plus, en fait, que la nostalgie viscérale ou l’attachement symbiotique. Il existe aussi, et probablement surtout, la qualité de ces gens. Réside en ceci, très certainement, la raison première pour laquelle je me lance, comme bien d’autres, dans ma voiture dès que l’occasion se présente, pour vous voir.

On m’accusera ici de cliché, mais la chose n’en demeure pas moins vraie et sincère : les gens de région sont d’ordinaire plus sympathiques et accueillants qu’ailleurs. A fortiori ceux issus de la mienne, je dirais.

Lors de ma visite pour un lancement de livre, en avril, impossible de payer un taxi. On me demande des nouvelles de Georges. On me parle de mon ami Gilles Proulx (parlant de tête de cochon). De Denis Lévesque. Du fait qu’ils écoutent chaque matin leur CFLO. Qu’ils lisent religieusement leur journal L’info de la Lièvre.

L’esprit communautaire est puissant. La solidarité, imposante.

-J’aurais besoin de ton char, pour le bal des finissants de ma fille.

-Pas de problème.

On me dit que Mont-Laurier, lors des levées de fonds de Centraide, amasse presque autant que Montréal. Aucune surprise.
Je viens de créer une fondation, aux fins d’un concours pour les jeunes de la région. Aussitôt annoncé, un chèque de CFLO était déposé.

Les autres chums se manifestent:

Mario Gosselin offre son église pour une soirée-bénéfice.

Sylvain Lacasse, du fric de ses poches et une couverture médiatique pour rayonner.

Pascal Michaudville, une aide précieuse pour les commanditaires.

François Deslauriers, un coup de main pour le contenu et pour trouver d’autres profs bénévoles.

Patrick Jarvis, un engagement spontané.

Eric Gareau, une participation active au CA de la fondation, les deux mains à la pâte, lui, le big shot du centre-ville montréalais ayant bien d’autres choses à mater.

Tout ceci sans rien demander. Parce qu’ils ont le coeur sur la main, et les yeux, bienveillants, sur leur communauté.

C’est ça, pour moi, Mont-Laurier. Et j’ai l’impression, sinon conviction, que ça le demeurera toujours.

Merci.