Il faisait un sacré bout de temps que le Super Bowl, rendez-vous sportif mondial par excellence, n’avait pas créé une telle unanimité auprès du peuple québécois. Mis à part peut-être quelques fans de longue date des Niners, l’ensemble des descendants de Lévesque étaient derrière le garde vedette des Chiefs de Kansas City (mieux vaut derrière que devant, remarquez bien).
Et pour cause : non seulement on parle du premier natif du Québec à remporter le fameux trophée (Tom Nütten l’avait fait avec les Rams, mais est né aux États-Unis), mais aussi d’une véritable étoile fabriquée bout par bout dans la Belle province. D’abord par un programme civil de football de rive-sud de Montréal, ensuite par le collège André-Grasset (à l’époque où celui-ci en bavait, côté sports), et finalement par la prestigieuse Université McGill, où le joueur de ligne défensive fut transformé, pour de bon, en monstre de ligne à l’attaque.
Histoire d’en ajouter une nouvelle couche, et non la moindre : la coqueluche a réussi à accéder aux plus hautes sphères du football américain tout en complétant ses examens de… médecine. De quoi satisfaire Nietzsche et son fantasme de surhomme. Et comme quoi la perfection peut être de ce monde, le numéro 76 se veut non seulement sympathique, mais aussi humble devant son succès, pourtant himalayesque.
J’ai en fait été touché, assurément comme beaucoup d’autres, lorsque j’ai lu le témoignage de son premier coach, lequel a été invité à assister au match ultime par son dauphin. Et pourquoi, touché? Parce qu’il est très certainement facile, une fois submergé par la gloire, d’oublier ceux et celles qui ont contribué, parfois de longue date, à la quête. Faire fi des sacrifices, souvent dans l’ombre, commis à notre principal profit. Cette marque de reconnaissance, en bref, mérite non seulement mention, mais a également provoqué chez moi la réflexion suivante : notre société valorise-t-elle suffisamment nos éducateurs et tuteurs, sportifs ou autres?
En fait, simplement à voir les conditions dans lesquelles ceux-ci opèrent, pas sûr. Pas sûr du tout. Pensons uniquement aux classes surchargées, aux ressources parallèles minimalistes sinon inexistantes, aux infrastructures vétustes, ou encore aux salaires plus que modestes, difficile de prétendre que le Québec fait de l’éducation sa priorité, et ce, contrairement aux pipes que l’on aime bien se raconter.
Chaque fois que je me plante dans un vestiaire sportif montréalais pour cause d’hockey cosom, je me désole de voir à quel point ces derniers sont vieillots, désuets, proche du dégueulasse. On pourra se rappeler aussi, plus gravement encore, les enjeux d’insalubrité intra-murs, voire les champignons et autres pourritures, incrustés à même les lieux de savoir. Ajoutons à ceci des plafonds qui coulent, et le compte est bon afin de dévaloriser le socle de l’avenir de toute société.
Malgré ça, des profs, coachs et cie se fendent en deux, sur une base quotidienne, assurant avec les moyens du bord (pardon pour l’euphémisme) un avenir réel et porteur à notre jeunesse. Une pensée toute particulière aux enseignants de la commission scolaire de la région qui, nonobtant les obstacles patents et classiques, ont réussi à ériger celle-ci au cinquième rang du palmarès québécois. Un exploit. Un vrai.
Il serait maintenant temps que le gouvernement Legault emboîte enfin le pas, et procure les ressources proportionnelles à l’ampleur de nos ambitions éducationnelles. Histoire que de nouveaux Duvernay-Tardif fassent, à leur tour, honneur à leurs formateurs.
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