Monter aux barricades
« Saviez-vous ça que j’ai du sang indien?!? Non?!? Ben oui j’en ai!! Sur le hood de mon char!! »
La salle a ri. Certains beaucoup, d’autres (très) fort. Cette « blague » était une gracieuseté de « l’humoriste » Yvon Crevé, dans un genre de soirée Chasse et pêche ou truc du genre.
J’avais à l’époque huit ans, et ce fut, bien malgré moi, ma première expérience intense de racisme envers les Autochtones. Et ça marque. Comment, je me demandais, peut-on tolérer un type de propos autant violents, méchants et gratuits? Pourquoi s’esclaffer à ceux-ci? Qu’est-ce qu’ils ont fait pour se mériter une haine semblable?
C’est probablement à ce moment précis que j’ai réalisé, tout jeune, l’ampleur du fossé séparant « Blancs » et Autochtones. Fossé que je m’expliquais mal, cela dit, ma chambre étant ornée de quelques objets d’art amérindiens amassés lors de visites dans une réserve ou l’autre, accompagnant mon père dans son boulot d’ajusteur d’assurance. Rien, selon mon vécu de ti-cul, ne pouvait justifier le clivage ou la haine témoignés. Des voleurs, les « Indiens »? Des profiteurs? Des alcooliques? Euh… Les Blancs n’en ont-ils pas aussi leur lot? Bref, je ne comprenais pas. Et trouvais ça plutôt triste qu’une amitié devenait impossible par le seul prétexte de la couleur de la peau ou de la divergence culturelle, le cas échéant.
Me suis rappelé, depuis le blocage de divers voies de chemin de fer, mes élucubrations de morveux. Faut dire que les commentaires racistes, sinon violents, à la suite des barricades montées ici et là au Canada en soutien à la communauté wet’suwet’en, ont largement contribué à me rafraîchir la mémoire. La question de mes huit ans demeure : pourquoi tant de préjugés et de haine?
Bien sûr, ont répliquera qu’en bloquant les activités ferroviaires, les nations en cause ne font rien pour se faire aimer davantage. Très bien. Mais si c’était pour eux la meilleure, voire la seule façon, de faire entendre leurs voix? Que dans tous les autres cas de figure, on se fiche éperdument, politiciens compris, de leur revendications ou bien-être? Saviez-vous que le Canada, année après année, se fait planter par l’ONU pour sa gestion des enjeux autochtones? Et qui en parle, de ces rapports? Qui les a déjà même lus? Quel politicien ne s’en tape pas royalement? Et quels citoyens non autochtones vont appuyer, de manière minimalement organisée, ceux-ci? Personne. Même si plus d’une quarantaine de réserves au Canada sont encore aujourd’hui dénuées… d’eau potable. Oui, vous avez bien lu.
Saviez-vous aussi qu’en 1997, la Cour suprême du Canada a confirmé ce que tous savaient déjà : les terres actuelles en cause dans le présent conflit ont été « non cédées », façon polie de dire qu’elles ont été volées. Et volées par qui, d’après vous?
Bien sûr, certains répliqueront que les chefs de bande avaient accepté l’entente proposée en rapport à l’actuel pipeline, et que leur concitoyens n’ont maintenant qu’à se fermer la gueule. Très bien. Question pour vous : si le maire de Mont-Laurier et le préfet de la MRC acceptaient une entente visant à faire passer un pipeline bord en bord de la région et de la ville, expropriant l’un et l’autre au passage, votre réaction, honnêtement, ce serait quoi? Se fermer la gueule sans manifestation aucune? Êtes-vous bien sûr de ça?
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