Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Rue Frontenac 3e partie (1948-1952) (4/8)
Claude Daoust
Mes maux d’oreille me font de plus en plus souffrir. Les traitements que je reçois n’ont pas d’effet. On m’expédie donc sur le train et c’est tante Delphine qui m’accueille à la gare Jean-Talon et m’emmène chez elle rue Jeanne-Mance dans un sombre sous-sol, qui reste associé dans ma mémoire à une odeur de café brûlé et au goût de l’eau tiède de Montréal. Opéré à l’Hôtel-Dieu, endormi au chloroforme, au régime liquide un certain temps, j’avais déjà connu de plus belles vacances, mais me voilà enfin guéri.
À part Delphine et Beth, les deux sœurs de mon père, toute notre parenté habitait dans la région de Mont-Laurier. On se visitait beaucoup. Au jour de l’An, ça se passe chez mon oncle Germain près de chez nous. Avec un p’tit coup dans le nez, chacun y va de sa chanson à répondre: papa se fait demander « qu’es ça vous fait vous autres… » et « des beaux souliers lilas… », mémère Dault « mon p’tit bossu… », ma tante Laurette « des bines et des oignons… », ma tante Thérèse « califourchon… califourchette… », et ainsi de suite jusqu’au matin, et souvent ça reprenait le lendemain soir.
Bien entendu, la journée du temps des fêtes la plus excitante pour nous les enfants, c’était Noël. Les jours précédents, le Père Noël annonçait à la radio les noms de ceux qui recevraient des cadeaux. Il nommait souvent des Claude et des Lise, mais jamais des Clarisse, pauvres petites. Comme membre de la chorale, je devais assister aux trois messes de la nuit. Suivait le déballage des cadeaux à la maison. Nous étions choyés, entre autres je me souviens: des patins, des jambières, un hockey, bas, chandail, tuque du Canadien, des Hérault, une paire de skis qui me durèrent quelques jours.
Toutes les cérémonies importantes célébrées par Mgr Limoges exigeaient la présence de notre chorale: les grand-messes, les offices de la Semaine sainte, les processions, etc. La religion prenait une place considérable dans notre quotidien. À la maison, c’était le chapelet suivi de la prière du soir.
Parmi mes autres devoirs d’état (comme on disait alors): la corvée du bois de chauffage et les commissions. Je faisais aussi ma part pour nos animaux domestiques. Je ne peux énumérer tous les chiens et chats qu’on a eus, mais le plus mémorable de tous fut mon Gros-Gris, le chat le plus paresseux du voisinage, étendu devant le poêle, ne se levant que pour bouffer et faire ses besoins. Le soir, avec de l’aide, il venait se coucher sur mes pieds.
1 Condensé d’extraits du livre Sara Labelle (1888-1962) et Ambroise Chalifoux (1877-1918): De Brébeuf à Sainte-Anne-du-Lac, Lise Daoust, 2019. Annexe : Souvenirs de Claude.

Auteur : Claude Daoust
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