Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Une expérience unique : Le Collège Manitou de La Macaza
Par Heidi Weber.
En 1971, le département des Affaires indiennes du Canada créait un programme inédit dans l’histoire des réserves amérindiennes; le Programme des centres culturels et éducatifs devait être à l’origine de la formation de diverses institutions dont le Collège Manitou de La Macaza. Le but de ce programme était de former des Autochtones qui retourneraient ensuite travailler au sein de leurs communautés.
Le Collège Manitou a été construit en 1973 sur l’ancienne base militaire de Bomarc. Affilié aux Cégeps Dawson et Ahuntsic, il se proposait de devenir le premier centre d’études et de formation supérieures pour la jeunesse autochtone d’Amérique. Son existence même constituait une revendication du droit des Autochtones à un système scolaire autonome. Il accueillait des élèves de partout au Canada et même des États-Unis et était surtout fréquenté par des Autochtones anglophones. Environ le tiers des professeurs étaient autochtones.
Une partie importante des cours visait la formation des maîtres afin de combler les postes d’enseignants dans les communautés. Le Cégep proposait également de nombreuses activités sociales et culturelles visant à faire naître un sentiment d’appartenance chez les jeunes autochtones. Il luttait également contre « l’histoire officielle » imposée par les colonisateurs blancs, en tentant de faire connaître l’histoire véritable des peuples amérindiens. Il a formé quelques centaines de jeunes autochtones qui jouent aujourd’hui un rôle important dans leurs communautés. Monsieur Ghislain Picard, chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, y a étudié.
Le Collège Manitou n’a cependant duré que trois ans, fermant ses portes en 1976 à la suite de graves difficultés financières. Il n’a reçu que 200 étudiants, alors qu’on prévoyait en accueillir 1 500. Selon le sociologue Jean Beaudoin, ex-professeur au Collège, cet échec prenait une dimension considérable parce qu’au-delà de ses objectifs scolaires, « le Collège Manitou poursuivait le double but de changer la société et la condition amérindiennes et de lutter contre le génocide culturel ». Selon lui, la responsabilité de l’échec incombait au gouvernement fédéral qui « a toujours nié le droit des Amérindiens à l’autonomie. Ainsi, avant même de naître, le Collège Manitou était condamné à mourir ».
Le financement du Collège provenait surtout d’une subvention fédérale, de fonds provinciaux réservés aux institutions scolaires et de fonds de différentes réserves. Certaines de ces sources de financement n’ont pas été renouvelées après quelques années. La situation devenait impossible à soutenir, un Cégep de 150 étudiants étant forcément déficitaire car chaque élève coûtait en moyenne 14 000 $ par année. De plus, la formule ne répondait pas parfaitement aux besoins des étudiants autochtones, quelques-uns d’entre eux seulement ont poursuivi leurs études au niveau universitaire. La Confédération des Indiens du Québec décida de la fermeture de l’établissement, qui eut lieu le 18 décembre 1976. Le Collège avait alors un déficit de 300 000 $ et il restait à déterminer le sort de la soixantaine de personnes qui y travaillaient et des étudiants. Alors que certains se dirigeront vers d’autres Cégeps, plusieurs retourneront dans leur réserve pour faire face au chômage grandissant et aux divers problèmes sociaux.
L’établissement accueillera par la suite le centre pénitencier de La Macaza.
Vous avez des photos du Collège Manitou?
La Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides est intéressée à acquérir des photos du Collège Manitou à des fins de conservation et pour assurer la postérité de l’institution dans la mémoire régionale. S.V.P. nous contacter si vous en avez : 819 623 1900 ou info@shghl.ca.
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