« On a eu environ une heure pour se virer de bord »

Publié le 1 août 2019 par Kathleen Godmer

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Kathleen Godmer

Journaliste | kgodmer@inmedias.ca

Suite à la fermeture du pont de Fer à Ferme-Neuve, Le Courant a rencontré Sylvie Bouchard, copropriétaire du Camping Pont de Fer, ainsi que Martin Gamache, copropriétaire de la pourvoirie Rabaska. Ils en avaient beaucoup à dire sur la fermeture du pont de Fer.

« On a eu environ une heure pour se virer de bord »

Mme Bouchard a raconté l’histoire suivante : « Au mois d’octobre dernier, un soir tard, on a entendu un gros bruit. C’est la période où il y a beaucoup de transport forestier. En regardant par la fenêtre, Christian a vu que ça semblait être un “low bed” avec de la machinerie qui semblait avoir percuté le pont. Le conducteur a donné l’impression d’avoir travaillé fort pour se sortir de là. Christian n’est pas allé voir sur le coup, mais le lendemain, en allant au pont, il a constaté qu’il y avait quelque chose et il a mis un ruban jaune ».Le couple assure avoir pris des photos le matin du 26 octobre, pour les porter au bureau du MTQ à Mont-Laurier. « On a pensé que si la personne n’avait rien signalé, le MTQ ne devait pas être au courant de ce qui s’était passé. De bonne foi, on est allé leur raconter ça et leur donner les photos. Nous, on considérait que c’était quelque chose de grave et on s’attendait à ce qu’ils s’occupent de ça, mais rien n’a été fait », a mentionné Mme Bouchard.Selon elle, le transport forestier n’a pas diminué pour autant. D’après elle, c’est une visite de routine d’un inspecteur du MTQ qui a entraîné la fermeture du pont le 31 juillet 2019. AnnulationsLes choses se sont enchaînées rapidement, comme le rapporte Mme Bouchard : « Moi, j’ai reçu un téléphone du ministère hier matin (le 31 juillet) qui me posait des questions sur un supposé événement qui avait eu lieu sur le pont. Je lui ai donné les détails et expliqué nos démarches auprès du MTQ de Mont-Laurier. C’est quand le monsieur m’a demandé si je savais s’il y avait un autre chemin d’accès que ça m’a mis la puce à l’oreille, mais comme personne n’avait rien confirmé, on n’a pas allumé. Plus tard, le gars de la Municipalité est arrivé en panique. Il pensait rencontrer l’équipe du MTQ ici, mais il n’y avait personne. J’ai fini par savoir par des gens qui passaient et qui arrivaient de Ferme-Neuve que le pont allait être fermé officiellement. On a eu environ une heure pour se virer de bord. Quand ils sont arrivés vers 17h pour le fermer, j’ai des clients qui ont réussi à traverser pour partir et d’autres qui ont pu aller mettre leur véhicule de l’autre côté ». La copropriétaire du Camping Pont de Fer craint les conséquences d’une telle fermeture pour son entreprise :« C’est pas évident, il y a des clients qui m’ont dit que le chemin de contournement n’était même pas praticable pour les voitures. C’est certain qu’on va avoir des pertes reliées à ça, c’est les vacances de la construction. J’ai beaucoup de clients saisonniers, j’ai dû appeler une dizaine de clients pour leur dire de ne pas venir en fin de semaine, car je ne veux pas qu’ils arrivent et vivent ça. Ce que je trouve le plus aberrant, c’est qu’on aurait pu éviter tout ça si le ministère nous avait pris au sérieux quand on est allé les voir ». « Les gens ont peur »Martin Gamache, copropriétaire de la pourvoirie Rabaska, a raconté que pour le moment le plus important était de voir à la sécurité de tous. « Il faut mentionner l’excellent travail de la Municipalité qui prend bien les choses en main. Hier j’ai reçu un appel d’eux à peu près une heure avant que le pont soit fermé. Ils venaient de le savoir et nous ont fait signe pour nous permettre de nous organiser. On a donc pu s’organiser un peu et faire en sorte d’évacuer au moins les personnes qu’on savait avoir des problèmes de santé ou qui étaient à risque. Les gens ont peur. Il y en a que, déjà venir ici, ils trouvent ça très loin. S’ils vivent une trop mauvaise expérience, on ne les reverra plus.Les entreprises touchées par la fermeture du pontLe Camping du Pont de Fer et la pourvoirie Rabaska ne sont pas les seuls à être touchés. Plus loin, sur le chemin Baskatong, il y a aussi la pourvoirie Colvert, le Domaine les 4 Vents, la Zec Petawaga, la Zec Lesueur, pour ne nommer qu’eux, qui subissent aussi les contre-coups de cette fermeture. Après un calcul approximatif, M. Gamache affirme que c’est environ 4 000 personnes qui seraient victimes de la situation simplement au niveau des campings et pourvoiries. Il ne faut pas oublier que cette route est aussi extrêmement utilisée par les compagnies forestières pour le transport de bois.

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