La plus grosse fraisière des Hautes-Laurentides

Publié le 19 juin 2018 par In Médias

Avec leurs 31 acres de terre destinés à produire la «fraise du Québec» et leur accréditation des distributeurs majeurs Sobeys (IGA) et Métro, Les Entreprises Pitre inc. font leur entrée dans les supermarchés du Québec en moins de deux ans seulement.

Avec toute la frénésie et l’énergie qu’ils déploient actuellement, les frères Jérémie, Jonathan et Olivier Pitre prévoient que d’ici cinq ans, leur entreprise sera au top de sa production. Tant qu’à se lancer dans la production maraîchère, on a décidé de le faire en grand pour pouvoir en vivre convenablement, confient les jeunes frères. Leur entreprise évolue rapidement: 700 acres cultivés cette année, dont 150 acres en produits maraîchers, ce qui représente le plus gros du travail. De 20 000 plants de fraises, l’entreprise est passée à 250 000 plants prêts pour la production. À cela s’ajoutent 500 acres cultivés en avoine.
La fraise du Québec
Les frères Pitre dédient le plus gros de leur production à la fraise du Québec. Ce petit fruit rouge est très attendu des consommateurs, fait valoir Jonathan. Selon Jérémie, la demande est tellement forte que ce marché de niche a augmenté de 10%. De plus, il y a beaucoup de place pour ce marché dans la région, estime la fratrie.
Contrairement aux variétés importées, qui se conservent excessivement longtemps et mûrissent très lentement, les fraises du Québec sont mûres et sucrées lorsqu’elles arrivent dans les supermarchés. Pour ces raisons, elles voyagent sur de courtes distances. En vertu de cela, Les Entreprises Pitre distribueront leurs fraises sur le territoire des Hautes-Laurentides et de la Vallée-de-la-Gatineau.
Producteurs maraîchers: inné ou acquis?
Bien qu’on croirait que ce soit dans leur sang depuis des générations, c’est plutôt en travaillant pour des entreprises agricoles que les frères Pitre ont acquis leur expérience. Jérémie avait même fait le saut en entrepreneuriat en s’associant avec un producteur maraîcher de la région. Recrutés par le Collège Lionel-Groulx pour faire partie de l’équipe de football, les trois frères ont suivi en même temps le programme de Gestion et technologies en entreprise agricole qu’offrait le collège. «Finalement, on a tous tripé», confiait Jonathan.
Puis un quatrième joueur s’est joint à leur équipe: Marc-Antoine Daudelin. Lui et Olivier se sont connus au football à Mont-Laurier et sont vite devenus amis. Souhaitant s’impliquer dans l’entreprise, Marc-Antoine a débuté l’été dernier avec eux, puis est retourné à Gatineau pour poursuivre ses études. De retour au sein de l’équipe depuis janvier dernier, il termine son BAC en développement international à temps partiel.
Bien qu’ils soient tous les quatre polyvalents, ils se sont réparti les tâches entre eux, soit en quatre secteurs d’activités distincts.
Choisir un mode de vie
C’est le mode de vie non conventionnel et de vivre de la terre qui a attiré les quatre comparses dans ce domaine. «On ne fait pas ça pour l’argent, précise Jérémie. Oui, il faut que ce soit rentable, mais il faut aussi que t’en manges (de ce métier-là).»
«On n’est jamais découragés de se lever le matin», renchérit Olivier.
«Avec l’agriculture, tu fais de tout: de la vente, de la promotion, de la production et de la gestion de ressources humaines», ajoute Marc-Antoine.
Lorsque Jonathan déclare qu’«il faut que t’aimes ça pour faire des 24 heures d’affilée», cela soulève un doute: «24 heures?». Les gars partent à rire tout en émettant un tollé de commentaires: «Ça fait plusieurs nuits qu’on n’arrête pas.»; «Une fois, j’ai fait 40 heures (sans dormir).»; «J’ai fait 25 heures, j’ai dormi 45 minutes, après j’ai fait un autre 8 heures.»; «Faut pas que les machines arrêtent; il faut préparer le sol, semer, planter.»; «On jouait aussi avec la pluie, sinon il aurait fallu attendre deux jours de plus.»; «On a semé l’avoine, mais avec la fraise, il y avait aussi quelque chose à faire.»; «Il y a une journée qu’on a repris des forces et qu’on a dormi 7 heures.».
Bref, cela explique le côté non conventionnel du métier et la courbe accentuée des rangs de carottes.
Un bon départ
«Ce n’est pas facile de démarrer une entreprise en agriculture. Ça représente de gros investissements et beaucoup de temps. Mon père, qui est comptable de formation et un excellent gestionnaire, nous coach tout le temps et nous pousse à être meilleurs en gestion. On n’a pas le choix de respecter nos budgets pour que ce soit payant pour tout le monde», soutient Jérémie.
Le plan d’affaires préparé par leur père et leur formation dans ce domaine les ont beaucoup aidés à obtenir du financement auprès des institutions financières. Les plus grands défis de l’entreprise sont d’avoir de bons rendements, d’offrir de bons prix de vente et bien sûr, de composer avec la température. «Aujourd’hui, c’est vraiment axé sur la rentabilité et l’efficacité pour avoir quelque chose de viable», explique Jérémie.
Pour combler ses besoins en main-d’œuvre, l’entreprise a engagé six Guatémaltèques. Ces derniers complètent les effectifs actuels composés d’une trentaine de travailleurs locaux. Lorsqu’arrivera le temps de la récolte, l’entreprise embauchera une quinzaine de travailleurs locaux de plus pour combler ses besoins.
Kiosque et autocueillette
Les Entreprises Pitre ouvriront sous peu leur kiosque de fruits et légumes aux abords de la route 117 à Lac-des-Écorces. Des ententes ont été signées avec des producteurs régionaux afin de diversifier leur inventaire. Les consommateurs pourront aussi cueillir leurs fraises directement à la ferme.
La fraise d’été sera en vente d’ici 10 à 14 jours pour une période d’environ deux semaines, tandis que la fraise d’automne arrivera sur le marché vers le 15 août et sera en vente jusqu’en octobre. Pour ce qui est de leurs autres produits maraîchers comme la courge et les carottes à chevreuils, le territoire des frères Pitre s’étend à la grandeur du Québec.