Patrice Michaud évolue avec sa musique
Patrice Michaud est de retour sur scène avec son nouveau spectacle, «Almanach». L’artiste sera de passage à l’Espace Théâtre de Mont-Laurier le 26 avril prochain et pour se mettre dans l’ambiance, Le Courant s’est entretenu avec lui.
Sur le plan musical qu’est-ce qui t’allume le plus?On peut séparer ça en deux, entre la musique que j’écoute et la musique que je fais. Pas que c’est tellement différent, mais c’est quand même deux affaires. Il y a un groupe américain que j’ai découvert il y a quelques années grâce à mon bassiste et qui s’appelle Dr Dog. J’ai trouvé dans la démarche musicale de ce groupe-là beaucoup de choses qui m’ont intéressé et allumé. Surtout leur manière d’aligner la force de l’écriture de la chanson avec du «groove» qui sonne un peu comme si on était à l’âge d’or de la musique. Ça me parle beaucoup et dans cette vision-là, sur mon dernier album, il y a plusieurs chansons qui ne sont pas simplement parties de ma guitare. J’ai demandé l’aide de mes musiciens et on a travaillé de façon à ajouter plus de nuances et de couleurs. On est parti plus avec une base rythmique que mélodique et j’ai beaucoup aimé ce que ça a fait. On vient de sortir un extrait radio qui s’appelle «Cherry Blossom» et qui est un très bon exemple de ce que ça donne. Tout ça, ça m’allume beaucoup.De quelle façon tu t’y prends pour écrire et composer?Ce que je viens d’expliquer, c’est un peu ma nouvelle façon de travailler. Je ne suis pas un artiste qui joue de plusieurs instruments et pendant la partie écriture, j’ai souvent travaillé tout seul. J’arrivais presque toujours avec un corps musical composé à la guitare, ce qui m’a bien servi parce que sur les trois albums, il y a beaucoup de choses qui se sont construites comme ça et il y en a plusieurs dont je suis particulièrement fier, mais là j’en suis rendu à vouloir un peu brasser la soupe et je me vois assez bien, quand la tournée va être finie, retourner en studio sans avoir de chansons déjà prêtes, juste aller travailler de manière exploratoire. Je sais que c’est un luxe pas toujours facile ou possible à cause des coûts, mais j’aimerais ça. Je suis en train de changer de mode de construction de chansons, surtout au niveau musical parce que les textes eux, je les bâtis à partir de pièces détachées. J’écris en continu, mais au compte-gouttes. J’accumule toutes sortes d’idées, de morceaux et à un moment donné, j’assemble ça. Je suis plus du genre mosaïque que du genre intervention divine où on écrit une chanson complète en une heure.Est-ce qu’il y a des choses dans le domaine de la musique qui te choquent ou qui sont, à tes yeux, difficiles à accepter?Non, pas vraiment. Comme tout le monde, il y a des propositions musicales qui me plaisent moins ou ne me rejoignent pas, mais je suis capable de faire la part des choses. Ce n’est pas parce que ça m’interpelle moins que ça n’a pas sa place et que ce n’est pas bon. Ce qui va me déranger un peu plus c’est quand on va se retrouver devant une musique qui s’est tellement fondue à la forme qu’elle ne se démarque plus. Une musique qui a été faite pour plaire au plus grand nombre de gens dans le simple but de rapporter. Je n’aime pas les créations faites avec une pensée mercantile. C’est certain qu’il y a des choses que je n’aimais pas avant, par exemple le hip-hop ou le slam, et maintenant j’apprends à aller chercher les côtés qui me plaisent là-dedans. On ne se cachera pas que c’est un style qui est de plus en plus populaire, il faut garder l’esprit ouvert. Je ne veux pas non plus être le style de personne qui, lorsqu’elle ne comprend pas, décroche et passe à autre chose. De toute façon, je crois que la musique est faite pour provoquer, déranger, c’est son mandat.Quel est, selon toi, le moment clé qui a fait que tu as réussi à obtenir la reconnaissance populaire?Honnêtement, je ne pense pas qu’il y en ait un. Moi, ma carrière n’a pas décollé en feux d’artifice, quand ça explose, c’est facile d’identifier le moment. Pour moi ça n’a pas été le cas, mais il y a toujours quelque chose qui s’est passé et qui a agi comme une relance. En ce qui me concerne ça a été un enchaînement d’événements et de décisions qui m’ont mené où j’en suis. C’est certain qu’on ne peut pas passer à côté de la grande surprise qu’a été «Mécanique générale». Chanson dont j’ai été et dont je suis encore très fier. Je crois que c’est mon premier vrai grand succès populaire. C’est probablement là que les portes plus importantes ont commencé à s’ouvrir, mais après ça on fait quoi? Des «one hit wonder», il y en a plein! Je ne veux pas tomber dans la répétition parce qu’une chanson a été bien reçue. Comment vis-tu avec la popularité et tout ce que ça implique?Je vis ça vraiment très bien. Je n’ai pas de malaise social avec l’approche des gens, mais je comprends que certains artistes sont moins bien avec ça. Quand les gens nous abordent après un spectacle, dans la rue ou même à l’épicerie, je suis conscient que pour certains d’entre eux, ils ont l’impression de nous connaître. Parfois, il y a des étapes d’approche qui sont abolies et il faut accepter ça. Je suis rarement tombé sur des gens désagréables ou déplacés. Cet aspect-là, je crois que je le gère assez bien et pour ce qui est de la reconnaissance populaire, ça ne m’est pas arrivé étant très jeune, donc je suis capable de trouver l’équilibre là-dedans. J’ai une blonde et deux enfants qui sont ma priorité, donc c’est plus facile d’apprendre à dire non à certaines propositions qui se rattachent à ce statut de personnalité publique. Ce n’est pas si important pour moi de préserver mon «exposure» médiatique, ce qui compte vraiment pour moi c’est de garder un équilibre dans tout ça.Est-ce que je me trompe en disant qu’au fil des ans, musicalement, tu es passé du folk à un genre plus pop? Pourquoi?Non, tu ne te trompes pas. Le premier album était vraiment plus folk que les deux suivants, mais ça a évolué comme ça. Je travaille à développer ma propre pop avec des nuances qui me correspondent. La grande question est de savoir qu’est-ce que c’est vraiment la pop et c’est pratiquement un débat car il y a beaucoup de choses qui s’y rattachent. Il y a 15 ans, quand on parlait de musique pop, on pensait tout de suite à une musique commerciale pour plaire au public. C’est triste, car ça mettait de côté toute la richesse de ce style. Moi je suis content de découvrir ma facette personnelle de ce style, qui est une espèce d’efficacité dans ma démarche, une limpidité. J’ai beaucoup de plaisir à amadouer ça et je crois que ça m’a permis d’apporter plus de rythme à mes chansons. Je m’aperçois aussi que les artistes que j’écoute ont de plus en plus de sonorités pop et ça m’inspire. Je ne me suis pas levé un matin en me disant que je devais changer mon style, ça s’est fait naturellement en suivant mes inspirations et mon évolution artistique.D’où vient le titre de ton dernier album qui est aussi nom de ton présent spectacle? Parce qu’«Almanach» ce n’est plus un mot très utilisé.Au-delà de ce que c’est, j’avais noté le mot dans un cahier parce que je le trouvais très beau et c’est un mot qui sonne. Je le trouvais intrigant et comme beaucoup de gens j’avais juste une idée un peu floue de ce que c’était, mais je ne sais pas, ça me semblait rempli de promesse ce mot-là. C’est comme si ça allait être beaucoup moins plate quand j’allais me pencher là-dessus que ce que je savais être un almanach. Et en effet, en «zigonnant» autour du mot et en découvrant ce que c’est vraiment un almanach, j’ai compris que le mot s’appliquait vraiment bien à ce que je fais. Un almanach c’est un peu comme un recueil de chroniques qui relatent des événements majeurs et aussi des événements infiniment mineurs. c’est un peu comme une démocratie de l’information où on retrouve de tout à la même hauteur. Ça me parle et j’ai l’impression que c’est un peu ça que je fais. Dans mes chansons, je mets de tout. Je fais se côtoyer le magnifique et l’ordinaire du quotidien. Je veux les faire briller tous les deux et ça fonctionne encore plus quand ils sont placés ensemble.Ta tournée roule depuis un bon bout, qu’est-ce que tu prévois après?Oui, on roule depuis plus qu’un an et la tournée se termine fin mai. Après on entre dans ce que j’appelle la tournée d’été qui comprend les festivals et les shows extérieurs. Je les sépare, car à mes yeux c’est deux concepts très différents et je peux dire qu’on a vraiment un gros été qui s’en vient. En fait, mon plus gros jusqu’à maintenant. En septembre, on tire la «plug»! C’est sûr qu’il va y avoir une période de repos, mais je ne veux rien prévoir. C’est-à-dire que je ne m’enligne pas en disant qu’à l’automne il va y avoir un projet d’album ou en pensant à ça, pas du tout. Il y a plein de choses qui me tentent. Mon fils va entrer au primaire, ça va être une grosse étape. Il y a des affaires comme ça qui sont importantes. En plus je suis dû pour un décrochage. Pendant une tournée, on prend trois ou quatre jours de congés, mais ça ne suffit pas. À un moment on a besoin d’une coupure. Il y a aussi différents projets qui flottent dont je ne peux pas encore parler parce qu’ils ne sont pas confirmés et je ne sais pas si je vais pouvoir les mener à terme. Je ne bouscule rien, je laisse venir.As-tu des projets qui ne touchent pas à la musique, mais que tu aimerais réaliser?Oui, il y a beaucoup de projets extérieurs à la musique qui se présentent à moi depuis un certain temps, mais j’attends le bon moment pour y aller. Je ne suis pas pressé. Il faut que je le fasse quand je sens que c’est vraiment pour moi. Encore là, je reste discret car je ne suis pas en mesure de dire si ça va arriver dans les prochains mois ou bien juste dans les prochaines années. Moi ma priorité c’est d’être bien dans ce que je fais et ce que je vis et de toujours garder un équilibre entre ma famille et ma carrière. «Le plus difficile dans ce métier-là ce n’est pas de réussir ou même de créer, mais bien de durer.» – Patrice Michaud«Dans mes chansons, je mets de tout. Je veux montrer autant le magnifique que l’ordinaire.» – Patrice Michaud
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