Roger Langevin parle de son œuvre et de la région avec passion
« Le coureur des bois » installé au cœur de Ferme-Neuve
Le sculpteur Roger Langevin était présent à Ferme-Neuve, le 3 septembre dernier, lors de l’inauguration du nouveau parc des Aînés où son œuvre, « Le coureur des bois », a été installée fièrement.
« Mon père traverse les âges et les époques toujours avec la même énergie. Il sculpte encore 8 jours sur 7 et il rêve qu’il sculpte, même quand il ne sculpte pas », a raconté Jérôme Langevin qui était aussi présent et avait été mandaté pour présenter son père.
Accessible, simple et fort sympathique, le sculpteur s’est ensuite adressé aux gens et à ses amis aînés, dont il mentionne faire maintenant partie, avec passion et humilité.
« J’ai envie de commencer avec l’anecdote au départ de ce projet-là. Il y a quelques années, j’étais dans la région pour une rencontre et Gilbert Pilote est venu me voir pour me dire être un peu jaloux de Mont-Laurier qui compte cinq de mes sculptures sur son territoire tandis que Ferme-Neuve n’en avait aucune. Sur le coup, c’est resté comme ça, mais ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Quand est venu le temps pour moi de travailler à cet immense personnage assez complexe, ce souvenir m’est revenu en mémoire. Sans envoyer de photos ni rien, j’ai communiqué avec Gilbert pour lui dire que je travaillais sur une sculpture pas piquée des vers et lui demander si Ferme-Neuve était encore jalouse et lui proposer mon œuvre. Ça n’a pas été très long qu’une réponse positive est arrivée. Ça m’a donné des ailes », a raconté M. Langevin.
Une inspiration toute naturelle
« Le coureur des bois a longé la Gatineau, l’Outaouais, la Lièvre. J’ai vécu près de la Lièvre pendant 32 ans. La première fois où je suis venu dans la région, pour devenir professeur au séminaire, on a voulu, le jour même, voir les environs avec mon épouse. En route vers Ferme-Neuve, j’étais incapable de rouler à plus de 20 ou 25 miles à l’heure (c’était ça à l’époque). Je trouvais ça trop beau et je disais à Monique que c’était incroyable de voir ces belles montagnes douces au pied desquelles l’eau coulait. On s’est dit que c’était dans cette région qu’on voulait s’installer. On l’a fait et c’est ici qu’on a élevé nos enfants. Comme vous voyez, je suis très ému quand j’en parle », a confié l’artiste les yeux mouillés.
« Pour moi, avoir deux sculptures au bord de la Lièvre a une importante signification. La région et sa magnifique rivière occupent une grande place dans mon cœur. » – Roger Langevin
« Pour moi, il n’y a rien de plus agréable que d’amener une sculpture dans cette région qui est chez vous, qui est chez nous. Ça me permet de démontrer mon amour et d’en recevoir énormément. C’est un privilège qui n’est pas donné à tout le monde », a souligné M. Langevin.
« Le coureur des bois »
« Les œuvres que je réussis le mieux sont celles dans lesquelles je m’investis. Si je sculpte une femme, je deviens femme, si c’est un enfant, je deviens enfant. Je m’investis dans l’œuvre qui sort de mes mains. Je ne suis pas un philosophe, je suis quelqu’un qui réfléchit avec des formes. Le grand honneur que j’ai est de pouvoir mettre tout ça sur les places publiques et de communiquer indirectement, par mon œuvre, avec les gens. Non seulement maintenant, mais avec les personnes qui ne sont pas encore nées. Ça ne m’intéresse pas d’exposer dans des galeries pour des gens prêts à payer pour aller chercher un Langevin. Je préfère les mettre sur la place publique et parler et interpeller les gens en général », a ajouté le sculpteur.
L’artiste a expliqué que « cette œuvre est une des plus dynamiques que j’ai conçue. Je l’ai réalisée en collaboration avec Jean-François Beaulieu, un artisan extraordinaire. Tout le mérite ne me revient pas dans la création de ces œuvres impressionnante. Il est un assistant extraordinaire avec qui je partage beaucoup. Ensemble on relève les problèmes techniques qui se présentent lors de la création. Par exemple, comment faire tenir une si grosse masse dans l’espace avec tout un côté dans le vide. On se complète; lui avec l’aspect technique, moi avec l’aspect artistique ».
M. Langevin a expliqué que la sculpture symbolise le cran et la force que les hommes ont dû manifester pour survivre dans un pays où tout était à faire et que le curé Labelle souhaitait voir devenir un pays de culture. Elle symbolise aussi le dur travail forestier ainsi, que la lourde charge des femmes avec tous leurs enfants.
« Toute cette énergie, on la voit résumée dans ce grand bonhomme qui est moi, à l’âge de 12 ans. Je n’ai pas consulté de livres pour savoir comment étaient les coureurs des bois de l’époque. Je suis parti de ma propre expérience, au Lac-Saint-Jean, quand j’allais ramasser des bleuets et que je mettais mes deux boites de 30 livres chacune sur mon dos avec ma sangle sur le front. Ce que montre la sculpture, c’est moi tout jeune, tout fier d’aller montrer à sa mère sa journée de travail », a raconté M. Langevin.
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