Le myriophylle à épis préoccupe toujours les experts

Publié le 22 septembre 2021 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste | vpiche@inmedias.ca

Le myriophylle à épis, cette plante exotique envahissante qui colonise les lacs et cours d’eau du Québec, poursuit son avancée dans les Laurentides. Pendant que la science cherche toujours à comprendre comment la contrôler, le CRE Laurentides poursuit ses efforts pour endiguer le problème.

La technique d’arrachage du myriophylle à épis doit être pratiquée par des plongeurs formés et supervisés, indique Isabelle St-Germain du CRE Laurentides. Parce que si l’on crée par inadvertance, disons 10 fragments, ce sont autant de plants qui repousseront. Par ailleurs, elle souligne que cette technique est plus facile à pratiquer avec un « petit herbier que pour une surface astronomique ». Les données scientifiques actuelles ne permettent pas d’affirmer que l’arrachage est une mesure efficace à long terme. (Photo gracieuseté - MELCCQ)

« Compte tenu de la physicochimie des lacs des Laurentides, c’est effectivement l’espèce exotique envahissante la plus préoccupante pour la région », exprime Isabelle St-Germain, directrice aux projets et communications pour le Conseil régional de l’environnement des Laurentides (CRE Laurentides).

Selon les plus récentes données publiées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), 45 lacs des Laurentides sont colonisés par le myriophylle à épis. « Nous avons beaucoup de lacs de villégiature, ce qui implique du transport d’embarcations entre les points d’eau. Malheureusement, il suffit d’un seul fragment de myriophylle à épis pour démarrer un nouvel herbier », souligne Isabelle St-Germain.

Implication

Dans le cadre d’un programme de soutien technique des lacs, qui existe depuis 2006, des agents de liaison ont été fournis par le CRE Laurentides à quatre municipalités, dont L’Ascension et La Minerve. Dans ce dernier cas, l’agent s’est vu remettre un mandat d’inventaire des plantes aquatiques, soit l’occasion de découvrir des plantes suspectes, comme le myriophylle à épis.

Le CRE Laurentides a poursuivi cette année une étude de vulnérabilité à l’introduction ainsi qu’à la propagation du myriophylle à épis avec la municipalité de Saint-Donat. Et un processus similaire a été entamé avec celle de Saint-Faustin-Lac-Carré. L’idée est entre autres d’identifier les points d’eau susceptibles, notamment par leur profondeur, d’être propices à la prolifération de la plante envahissante.

« Le CRE Laurentides travaille parallèlement avec d’autres municipalités, afin de bonifier la marche à suivre en cas de détection du myriophylle à épis », dit Isabelle St-Germain. Un tel exercice a par ailleurs été réalisé l’an dernier par l’Organisme de bassins versants des rivières Rouge, Petite Nation et Saumon (OBV RPNS) en collaboration avec le CRE Laurentides, et ce pour la municipalité de Duhamel en Outaouais. Ce document, disponible sur le Web, fournit les procédures précises à déclencher en cas de découverte d’une colonie de myriophylle à épis, et ce afin de la contenir efficacement.

Résultats incertains

À propos des différentes méthodes utilisées pour contrôler et peut-être éradiquer le myriophylle à épis, Isabelle St-Germain se fait pensive. Le CRE Laurentides effectuera une revue de littérature scientifique de ces méthodes « aux coûts élevés, mais dont les résultats ne sont pas certains ». On parle entre autres de l’arrachage ou de l’installation de toiles de jute par-dessus les herbiers. Selon la directrice, à l’échelle de la communauté scientifique du Québec, « on a les mains en plein dedans, ce qui veut dire que nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour évaluer les résultats obtenus ».

Impossible de savoir combien de lacs ont été sauvés de cet envahisseur par le lavage des embarcations et hydravions, par la vigilance citoyenne, par tous les efforts de sensibilisation de la part des municipalités et organismes de protection de l’environnement. « On ne peut pas savoir combien de lacs ont été sauvés, dit Isabelle St-Germain. Mais avec seulement les bénévoles qui ont voulu être formés par le programme des Sentinelles pour surveiller leur plan d’eau, et on parle de plus de 1000 personnes à ce jour, c’est de la connaissance terrain qui compte dans cette lutte. »

Lacs de la région où la présence du myriophylle à épis a été rapportée :Grand lac du Cerf (Lac-du-Cerf), Lac à la Truite (Sainte-Agathe-des-Monts), Lac Beaven (Arundel, Montcalm), Lac Bonnécal (Notre-Dame-du-Laus), Lac Carré (Saint-Faustin-Lac-Carré), Lac Chapleau (La Minerve), Lac Connelly (Saint-Hippolyte), Lac de l’Achigan (Saint-Hippolyte), Lac des Cèdres (Notre-Dame-du-Laus), Lac des Écorces (Barkmere), Lac des Écorces (Lac-des-Écorces, Mont-Laurier), Lac des Îles (Mont-Laurier, Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles), Lac des Mauves (La Minerve), Lac des Pins (Notre-Dame-du-Laus), Lac des Seize Îles (Lac-des-Seize-Îles), Lac des Sources (Mont-Laurier), Lac du Poisson Blanc (Bowman, Notre-Dame-du-Laus), Lac Duhamel (Mont-Tremblant), Lac Écho (Saint-Hippolyte), Lac Forgeron (Notre-Dame-du-Laus), Lac François (Kiamika), Lac Gagnon (Val-des-Lacs), Lac Gauvin (Lac-des-Écorces), Lac Guérin (Kiamika), Lac Hamel (Sainte-Anne-du-Lac), Lac Labelle (La Minerve, Labelle), Lac Laurel (Lac-des-Seize-Îles, Wentworth-Nord), Lac Ludger (Lantier, Sainte-Agathe-des-Monts, Sainte-Lucie-des-Laurentides), Lac Maskinongé (Mont-Tremblant), Lac Mercier (Mont-Tremblant), Lac O’Neil (Notre-Dame-du-Laus), Lac Ouimet (Mont-Tremblant), Lac Papineau (Boileau, Grenville-sur-la-Rouge, Harrington, Notre-Dame-de-Bonsecours), Lac Pope (Mont-Laurier), Lac Quenouille (Val-des-Lacs, Lac-Supérieur, Sainte-Agathe-des-Monts), Lac Renaud (Prévost), Lac René (Prévost), Lac Rond (Montcalm), Lac Saint-Paul (Lac-Saint-Paul), Lac Supérieur (Lac-Supérieur), Lac Tapani (Sainte-Anne-du-Lac), Lac Tibériade (Rivière-Rouge), Petit lac Beaven (Arundel), Petit lac du Cerf (Lac-du-Cerf), Petit lac François (Kiamika).

Source: Lacs et cours d’eau du Québec où la présence du myriophylle à épis a été rapportée – Juin 2021, MELCCQ. La liste complète des lacs colonisés de la province, par région administrative, est disponible sur le site Web du ministère.

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