Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Rue Frontenac 2e partie (1948-1952) (3/8)
Claude Daoust
Sur la rue Frontenac j’ai vécu mes plus belles années d’enfance, qui devaient hélas culminer dans un grand malheur, la mort de maman.
On était une bande d’amis, les Doré, Moreau, Matte, Bilodeau, Marc Dufour, mes cousins Richard et Gérard Daoust. Comme tous les p’tits gars, on construisait des châteaux et des routes dans la terre pour y faire circuler nos camions, on se lançait dans des câbles tendus entre les arbres en se prenant pour Tarzan et chacun y allait de son numéro d’acrobate sur des échelles qu’on avait plantées dans le sol. Avec toutes sortes d’armes de notre fabrication (épées, boucliers, arcs et flèches, « sling-shots », tire-pois) on se livrait avec bravoure des guerres terribles opposant bons cowboys et méchants bandits.
Mais un jour, Mme Thouin sort sur son balcon du deuxième étage les bras en l’air et s’écrie: « la guerre est déclarée! La guerre est déclarée! » (c’était la guerre de Corée juin 1950). Apeurés, nous sommes vitement rentrés à la maison. Je n’avais d’ailleurs pas « l’instinct du tueur », ont décrété des gars de 15-16 ans qui nous avaient fait enfiler des gants de boxe pour nous apprendre ce sport, chez nos voisins Scott.
Dans la vitrine du magasin Lauzon, un écran lumineux parcouru d’ombres et de neige attire des rassemblements sur le trottoir, c’est la télévision, toute nouvelle merveille. Au crique Bock on pêche des poissons blancs. Les dimanches après-midi d’été, on mange de la poussière, entassés derrière un camion qui nous amène voir le baseball du grand club dans les villages environnants. Mon nouveau barbier, M. Dumoulin, a mis ma coiffure au goût du jour avec une « belle brosse ». À la maison, un frigidaire a remplacé la glacière (soudain j’aime le lait).
Toutes les occasions d’affaires étaient bonnes pour moi et mes amis. M. Hotte du magasin de sport nous achetait nos récoltes de vers de terre et le restaurant Paquin nous troquait des friandises contre des bouteilles vides. Le passage annuel du cirque nous transformait en prospecteurs fébriles du sol à la recherche de toute chose digne d’intérêt et surtout d’argent. J’y ai même figuré une fois dans le numéro dingue d’un cowboy: je devais tenir une cigarette au bout de mon bras et il la coupait avec son fouet! Quelle inconscience!
En septembre pour ma 6e année, j’étrenne l’école Saint-Eugène toute neuve. Je m’y plais vite. Je fais partie d’une équipe de hockey et du corps de clairons. À la maison, on suit le hockey commenté par Michel Normandin à la radio. Les journées de congé l’hiver, les samedis, ne me cherchez pas, je suis sur la patinoire, les pieds gelés, je me vois déjà en compagnie de Maurice Richard.
Par n’importe quel temps, nul besoin de m’envoyer jouer dehors! À 9 heures du soir la sirène de l’hôtel de ville sonnait le couvre-feu pour les enfants, allez hop à la maison.
Condensé d’extraits du livre Sara Labelle (1888-1962) et Ambroise Chalifoux (1877-1918): De Brébeuf à Sainte-Anne-du-Lac , Lise Daoust, 2019. Annexe: Souvenirs de Claude.
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