Pour qu’un proche aidant ne soit plus jamais mis de côté

Publié le 15 décembre 2021 par Hélène Desgranges

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Hélène Desgranges

Journaliste | hdesgranges@inmedias.ca

La scène se joue dans un hôpital du Québec. Une personne atteinte de trouble cognitif a du mal à répondre aux questions du médecin soignant. Elle n’est pas certaine si elle a pris ses médicaments le matin même, ne sait pas si son diabète est stable. Pendant ce temps, dans le corridor de l’hôpital, son proche aidant connait toutes les réponses, mais… il est tenu à l’écart.

Les premiers signataires de la charte de reconnaissance de l’expertise des personnes proches aidantes l’ont fait à Mont-Laurier le 25 novembre 2021. (Photo L’info de la Lièvre – Hélène Desgranges)

C’est pour tenter de pallier ce type de situations, entre autres, que la charte de reconnaissance de l’expertise des personnes proches aidantes a été mise en place pour la MRC d’Antoine-Labelle. Déjà, plusieurs demandes hors de la région ont été reçues afin que la charte puisse être utilisée ailleurs. Anne Bazinet, coordonnatrice et intervenante du programme des proches aidants au Centre d’action bénévole Léonie-Bélanger, ne cache pas sa joie de voir autant d’intérêt porté à ce « bébé » des Hautes-Laurentides.

Avant de faire des démarches à l’extérieur, il apparaissait important au Comité de la charte d’entériner le projet d’abord, dans la région. Cette étape a donc été accomplie en date du 25 novembre 2021. Suivra un plan d’action et de promotion pour assurer la pérennité du projet. Il ne serait pas étonnant que la charte se rende à l’Assemblée nationale.

Qu’est-ce que la charte et comment est né le projet?

Constatant les nombreux défis quotidiens auxquels sont confrontés les proches aidants et considérant la Politique nationale pour les personnes proches aidantes du gouvernement du Québec déposée au printemps 2021, le sous-comité organisateur de la semaine de la proche aidance a voulu faire reconnaître les savoirs développés par les personnes proches aidantes. Le sous-comité est issu du comité des SAGES (proche aidance) de la Table des ainé-es de la MRC d’Antoine-Labelle. Il est constitué d’organismes communautaires, de gestionnaires et d’intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, d’entreprises d’économie sociale, de bénévoles, d’enseignants et de proches aidants.

La charte a vu le jour dans le but de reconnaître cette expertise des personnes proches aidantes. C’est un focus group composé d’acteurs touchés par la situation qui a rédigé celle-ci. Ce focus group accueillait en son sein Grégory Ardiet, professeur en travail social de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Cette alliance et celle avec le professeur en travail social Dominique Gagnon permettra que des signatures de la charte soient recueillies autant à Mont-Laurier que dans les secteurs de Rouyn-Noranda, Val-d’Or et Amos. Les premières signatures ont eu lieu à Mont-Laurier et d’autres s’ajouteront, notamment grâce à une page internet où l’on peut apposer sa signature. Cette dernière sera disponible bientôt.

Par leur nom apposé, les signataires démontrent leur engagement face à la charte, explique Mme Bazinet. Un coffre à outils sera aussi bientôt disponible pour les milieux désirant participer au projet.

Les proches aidants n’aident pas seulement les ainés

La charte servira à conscientiser la population, mais aussi les élus, intervenants et professionnels qui gravitent autour des personnes proches aidantes. Même les futurs intervenants et professionnels, grâce à l’alliance créée avec l’UQAT, par exemple, seront conscients de cette expertise des proches. Les enjeux et défis entourant la proche aidance seront aussi mis en lumière et cette reconnaissance du savoir des personnes proches aidantes favorisera leur intégration dans le cadre la formation universitaire, collégiale ou professionnelle.

La charte, au final, devrait aussi mobiliser les partenaires afin de favoriser un engagement à travers des actions concrètes au sein de leur organisation et de leurs pratiques. « Une fois qu’on a reconnu ces actions, comment les mettra-t-on en action? » demande le professeur Ardiet pour démontrer qu’il y a encore des étapes à accomplir une fois la charte signée. Rappelons qu’en signant la charte, le signataire reconnaît l’importance d’intégrer l’expérience et les divers savoirs de la personne proche aidante.

En termes de définition d’un proche aidant, M. Ardiet donne divers exemples pour démontrer qu’il ne s’agit pas seulement de gens qui aident des personnes âgées. Il peut s’agir d’un jeune qui agit auprès d’une personne qui vit avec une situation difficile en santé mentale ou encore d’une personne qui aide un voisin.

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