Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Gaston Courtemanche (1948) et Wilfrid Lacelle (1947): au Rapide-de-l’Orignal (2/4)*
Wilfrid: C’était le bon vieux temps. On était en bicycle tout le temps.
Gaston: Ah oui, ah oui, c’était l’époque. C’était notre jeunesse, c’était plaisant. Le soir on se rencontrait, 25, 30, 40 jeunes, tous en bicycle. On descendait à la rivière, là, personne ne nous trouvait, les gens avaient trop peur. On jouait au drapeau, à branch et branch, à la tague, à la cachette…
Wilfrid: Les gars du village ne pouvaient pas venir au Rapide, on les attendait sur le pont.
Gaston: Dans le temps, nos frères les plus vieux portaient des vestes de cuir, ils s’appelaient les Panthères… si je ne me trompe pas. Ils protégeaient leurs biens, quand on parle de biens, ils protégeaient leurs filles. Non, non ils ne voulaient pas que les gars du centre-ville viennent niaiser dans notre quartier.
Wilfrid: On les attendait sur le pont. C’était chez nous.
Gaston: Je me souviens encore, comme si c’était hier du marchand de lait, du boulanger, du marchand de glace pour les glacières, du magasin général J.-A. Prévost en bas de la rue de la Madone, près du pont Villemaire, celui qui enjambe le crique Cochon.
Wilfrid: C’était vieux ce magasin. À l’intérieur ç’avait l’air d’un magasin du Far West. Il y avait de tout: des raquettes, des carabines 22, des fourrures, de l’épicerie, des chips comme si ça faisait 100 ans qu’elles étaient faites, ça faisait un peu comme chez G.-H. Moquin, l’autre magasin général de la rue du Portage, mais chez Moquin c’était très bien rangé, Moquin c’était une droite ligne. Il y avait des lunes de miel à 1¢ et même des sacs de chips à 1¢. La compagnie Maple Leaf emballait les débris de ses chips (des miettes très grasses et salées) dans un beau petit sac clair en papier ciré; je me souviens encore de la belle feuille d’érable rouge imprimée dessus.
Gaston: Il y avait la vieille boutique de forge de Ferdinand Larose. Enfant, à 4, 5, 6 ans, j’y allais. Le forgeron m’assoyait près du fourneau et il me disait: « pompe, pompe le soufflet, pompe ». Il fallait que ça chauffe. À la fin de la journée, il me donnait 5¢. J’étais fou braque, je venais de gagner le jackpot. Je n’étais pas sorti de la boutique de forge que je courais au restaurant chercher des bonbons.
Wilfrid: Moi, je me rappelle un homme, il regardait tout le temps à terre, il voyait une cenne, il la rapaillait vite fait. Un copain, qui était 3 à 4 ans plus jeune que moi, je l’entraînais un peu. Le terrain de son père était bordé d’une haie de cèdres près du trottoir. Tous les deux cachés derrière la haie, on « tchèquait » le bonhomme qui s’en venait à pied. Vitement on mettait un objet métallique ou un portefeuille attaché à un fil à pêche pratiquement invisible. Quand le bonhomme se penchait pour ramasser l’objet, on tirait d’un coup sur la corde. Ha! Ha! parfois on chauffait la pièce et il se brûlait les doigts: on appelait ça « use-pouce ». Ha! Ha! C’est terrible ça.
Gaston: Je me souviens du temps où un monsieur déneigeait les trottoirs avec un cheval qui tirait une gratte en bois, munie de deux manchons. Quand la neige accumulée touchait aux pattes du cheval, il l’arrêtait, il dégageait le devant de sa gratte avec une pelle à charbon, puis il faisait encore un bout. On a suivi le déneigeur pendant des années.
*Texte tiré du verbatim d’une entrevue réalisée par Louis-Michel Noël pour la SHGHL en 2010.
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