Brevets obtenus pour un projet de bioproduits à Mont-Laurier
Hélène Desgranges (hdesgranges@inmedias.ca) et Kathleen Godmer (kgodmer@inmedias.ca)
« BioProFor »: voici le nom donné actuellement au projet de bioproduits dont les brevets au Canada, en Europe et aux États-Unis ont enfin été obtenus. Un projet chapeauté par des gens de la région qui devrait rapporter des millions en investissements et de l’emploi dans les Hautes-Laurentides.

Marc-André Hinse, consultant et représentant des 19 investisseurs, principalement de Mont-Laurier et quelques-uns de l’extérieur, vulgarise le projet qui vient d’être garanti par l’obtention des brevets. « Il s’agit d’un procédé qui permettra de transformer le bois de faible qualité en liquéfiant la biomasse sous forme d’acides à base de carbone pour en ressortir des molécules chimiques vertes qui vont remplacer le pétrole dans plusieurs produits fabriqués. »
La biomasse étant la fibre du bois qui ne peut pas être utilisée autrement (par exemple, une branche trop petite pour être sciée), ce procédé viendra donc éliminer des produits fabriqués avec du pétrole et réduire les gaz à effets de serre (GES), entre autres, précise M. Hinse.
On retrouve ce produit transformé dans plusieurs produits comme les cosmétiques ou en pharmaceutique, par exemple, mentionne le consultant. Le bois étant une ressource renouvelable, l’objectif est donc aussi de remplacer le pétrole dans le plastique pour en faire une matière à base de bois.
Les brevets garantissent des retombées dans la région
« Le projet a vu le jour au départ grâce à un groupe de cinq investisseurs de la région », explique M. Hinse. « Le brevet obtenu aux États-Unis semblait, pour le groupe, le plus difficile à obtenir compte tenu du protectionnisme américain. (…) C’est l’aboutissement de deux ans et demi de travail », souligne-t-il.
En brevetant le procédé, cela fera en sorte que les autres pays ne pourront pas faire le même chez eux, précise-t-il.
Un projet en deux phases
Le projet a deux phases prévues à Mont-Laurier. La première consiste en un projet industriel de 72 M$ mené maintenant par 19 investisseurs. Avec la création d’une usine pour transformer le bois, on parle de 33 emplois créés. Puis, s’ajouteront 45 emplois en forêt créés ou consolidés.
« Pourquoi le bois des Laurentides ne serait pas transformé dans les Laurentides? Il s’agit actuellement du seul enjeu ralentissant la mise en place de la phase 1. » – Marc-André Hinse
La deuxième phase consiste à fabriquer les bioproduits avec le procédé développé et nouvellement breveté. Les étapes de ce procédé ont été développées et optimisées avec le professeur Raymond Le Van Mao, de l’Université Concordia maintenant à la retraite, en collaboration avec un chimiste (enseignant) du Cégep de Mont-Laurier, Benoit Deschesnes-Simard, ainsi qu’avec le centre de transfert technologique Centre d’études des procédés chimiques du Québec (CÉPROCQ). Cette deuxième phase du projet viendrait avec 11 emplois en usine.
Rappelons que depuis la fermeture de l’usine Fortress à Thurso, le bois de faible qualité est envoyé principalement à Windsor, à l’usine Domtar. M. Hinse explique que le projet des Laurentides ne met pas en danger la relance de celui de Thurso ou le projet de la Granaudière à Saint-Michel-des-Saints.
En attente de réponse du MFFP
La première phase de transformation du bois en granules pourrait débuter en 2023 et la deuxième au milieu de 2024. Le seul enjeu qui fait que tout est en attente, explique M. Hinse, est que le bois que désirent utiliser les investisseurs est sous embargo pour les projets de Fortress et de la Granaudière.
« En attendant, du bois se perd. C’est drôle à dire que l’enjeu soit une garantie d’approvisionnement puisqu’on nage dans le bois de faible qualité. On ne sait pas quoi en faire de cette pâte feuillue, mais on doit attendre la décision du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) », soutient le consultant.
Les élus locaux apportent leur aide au projet, mais la décision du MFFP est attendue. « On pousse fort pour obtenir une réponse, on pense que la logique devrait parler d’elle-même puisque tout le monde souhaite moins de transport sur nos routes pour diminuer l’empreinte de carbone », ajoute-t-il.
Réponse du MFFP
Selon le MFFP, « les volumes de bois désirés par l’investisseur ne sont pas sous embargo, mais sont déjà octroyés sous forme de droits forestiers. En effet, la garantie d’approvisionnement de Fortress Cellulose Spécialisée est toujours en vigueur, malgré la fermeture de cette dernière, et servira au processus de relance de cette usine. Pour ce qui est des volumes en garantie d’approvisionnement de 9301-9826 Québec inc. (La Granaudière), ceux-ci ont été récemment accordés à la société 9455-8624 Québec inc. (Albioma) en raison du rachat des actifs de La Granaudière ».
Le MFFP affirme être bien au fait du projet et est BioProFor en communication avec le promoteur. Il accompagne le promoteur, notamment au niveau du suivi des volumes disponibles pour son projet.
En février 2021, le MFFP a annoncé la mise sur pied d’un Bureau de projets pour les régions de l’Outaouais et des Laurentides ayant pour mandat de recueillir les propositions de promoteurs désireux de mettre en valeur les volumes de bois disponibles en Outaouais et dans les Laurentides.
Selon le MFFP, « la décision du Bureau de projet Outaouais-Laurentides a été communiquée au promoteur dernièrement ». Toutefois, impossible pour L’info d’avoir plus de détails.
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