Société d'histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Poste de traite du lac des Sables (2/2)
Par Luc Coursol.
[Le poste de traite du lac des Sables a été établi dans les années 1820 sur la pointe sud du lac des Sables. Véritable centre de traite régional, le poste servait principalement au commerce des fourrures avec les autochtones en plus d’offrir de nombreux services utiles aux colons de la Lièvre. C’est après l’avoir visité en 1849 que nait dans l’esprit de l’évêque d’Ottawa la création de la paroisse de Notre-Dame-du-Laus qui marque, quelques années plus tard, la fondation de la première localité sur la Haute-Lièvre].
Après la fonte des glaces, le printemps des fourrures dure environ six semaines. Les canots de bandes anishinàbeg s’amènent généralement de nuit; les jappements de leurs chiens annoncent leur arrivée. Responsable du comptoir pendant 26 ans, l’écossais John McLean mène les négociations; les pelleteries sont échangées contre fusils, munitions, pièges, accessoires, vêtements, nourriture et boisson… La traite terminée, les peaux sont attachées en ballot de 25 kilos pour faciliter leur transbordement en Basse-Lièvre et sur la Grande Rivière. Leur transport vers le port fluvial de Lachine se fait en rabaska, ces grands canots d’écorces de neuf mètres fabriqués à Trois-Rivières; l’écorce est mince mais l’embarcation transporte au-delà de 3 500 kilos. Un chargement comprend jusqu’à soixante ballots et à ce poids il faut ajouter haches, cordes pour tirer le rabaska dans les passages difficiles, lard et blé d’Inde lessivé pour les repas, couvertes pour dormir, écorce de bouleau, gomme et racines d’épinette pour réparer les avaries au canot. Un guide conduit le voyage et c’est lui qui prend la responsabilité de sauter ou de portager les rapides. L’équipage comprend huit solides Canadiens : six « milieux » qui avironnent jusqu’à 14 heures par jour et deux « bouttes » qui dirigent l’embarcation et se tiennent debout dans les rapides pour surveiller les écueils et les éviter d’un coup d’aviron énergique.
Le commerce des fourrures du Canada périclite toutefois durant la seconde moitié du XIXe siècle en raison de changements dans la mode européenne et le poste du lac des Sables est vendu au colon-agriculteur Bruno Moncion. Aidé de son épouse et de ses neuf enfants, il ajoutera d’autres bâtiments, granges, écurie, étable, porcherie, poulailler, remise à voiture en pins équarris blanchis à la chaux. Le potager et l’espace cultivé sont fortement agrandis pour nourrir les chevaux et produire légumes et foin qui seront vendus aux chantiers de James Maclaren durant l’hiver. Allongée jusqu’à 23 mètres, la grande maison continue à servir d’auberge pour les bûcherons, les draveurs et les familles de colons qui voyagent sur la Lièvre.
En 1930, le sort de l’endroit est définitivement scellé avec la construction du barrage sur le rapide des Cèdres pour régulariser les eaux entre Notre-Dame-du-Laus et Mont-Laurier en période de drave. La grande ferme des Moncion, le petit cimetière des Anishinàbeg et les terres agricoles des Demers, Bastien, Roy, Beauséjour, Charrette, Caron, Lafontaine, Valiquette et Dicaire sont noyés sous les eaux du réservoir du lac des Sables.
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