Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
La face cachée des institutrices rurales (1/2)
Par Geneviève Piché.
Durant plus d’un siècle, des centaines de jeunes femmes se sont dévouées à la cause de l’enseignement. Pour certaines, ce fut le plus beau métier du monde. Gabrielle Roy l’a d’ailleurs immortalisé dans un de ces romans, Ces enfants de ma vie. Pour d’autres, la tâche fut pénible, voire cauchemardesque. Plusieurs d’entre elles nous ont légué des récits sur la vie d’une institutrice rurale, levant ainsi le voile sur un métier souvent méconnu dans l’histoire de notre région. Démystifions ensemble ce qu’était la vie d’une maîtresse dans une école de rang !
Au XIXe et XXe siècle, le principal débouché qu’offre le marché du travail pour les jeunes femmes instruites est l’enseignement. Afin de devenir maîtresses d’école, elles doivent d’abord fréquenter un couvent, puis passer les examens du Bureau des examinateurs catholiques, ou encore étudier à l’École normale afin d’obtenir un diplôme. Très vite, les femmes vont surplomber les hommes dans le domaine de l’enseignement, surtout en milieu rural. Dès 1850, elles représentent plus de la moitié du personnel du réseau scolaire public et cette proportion ne cessera d’augmenter. Alors que les institutrices, le « sexe faible », se concentrent dans les classes primaires, avec les plus jeunes, leurs homologues masculins s’occupent des niveaux supérieurs et pourvoient les postes d’inspecteurs. Pour obtenir un poste, l’institutrice rurale se doit d’être célibataire. Les femmes mariées sont alors mal vues dans l’enseignement. Elle enseigne de la première à la neuvième année, et ce dans la même classe. Elle dispense tout d’abord un enseignement religieux, le catéchisme, puis des rudiments qui touchent un peu à tout (grammaire, calcul, agriculture, instruction civique, hygiène, bienséance, économie domestique). Les inspecteurs vérifient une fois par année à la fois la propreté des lieux et les connaissances des élèves. Les succès ou les échecs sont automatiquement reliés à l’institutrice, puisque c’est à elle, et non aux parents, à leur apprendre leurs leçons.
Toutefois, la tâche d’une institutrice en milieu rural demeure exigeante. Elles sont souvent mal payées, mal logées et mal nourries. Elles doivent veiller à l’entretien ménager de l’école, au chauffage du local et au déneigement. Leurs locaux n’offrent que le strict minimum et sont souvent mal isolés. En 1905, l’école de Sainte-Véronique a dû fermer ses portes parce que les enfants ne pouvaient plus supporter le froid hivernal ! Sans même avoir prononcé le vœu de pauvreté, l’institutrice en vit quotidiennement. Elle doit aller puiser l’eau au puits, à la rivière, ou chez le voisin, été comme hiver. Les toilettes sont à l’extérieur et elle doit constamment affronter les invasions de bestioles. Le soir, la journée de travail n’est pas finie. Il reste encore le ménage, la correction des devoirs et la planification des leçons du lendemain. Puisque l’obligation scolaire n’apparaît qu’en 1943 au Québec, ce sont les parents qui décident d’envoyer ou non leurs enfants à l’école. L’institutrice est alors confrontée à une fréquentation scolaire aléatoire. À l’époque, il n’était pas rare qu’une école ne puisse ouvrir ses portes au début de septembre, parce qu’il n’y avait pas d’institutrice ou pas d’argent pour la payer. On tentait d’engager « au meilleur prix possible », car le salaire provenait essentiellement des contribuables. L’instruction était une chose secondaire, un luxe. Et ce n’était certainement pas grâce à elle, disait-on, qu’on ramenait du pain sur la table.
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