Crise du logement
De moins en moins de logements abordables dans les Laurentides
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) accompagné d’organismes communautaires laurentiens ont interpellé le gouvernement du Québec, lors d’une conférence de presse le 16 janvier dernier pour dénoncer la situation préoccupante en logement.
C’est accompagné des représentants du Carrefour d’actions populaires de Saint-Jérôme et de l’Ombre-Elle qui œuvre auprès des femmes victimes de violence que le FRAPRU a exigé que le prochain budget du Québec prévoit un financement adéquat et récurent de logements sociaux afin de répondre aux besoins les plus criants. « On a l’impression que la crise du logement est considérée comme une opération de relations publiques […] On constate sur le terrain que rien de concret ne se passe vraiment », indique la porte-parole et organisatrice communautaire au FRAPRU, Céline Magontier.
Une situation critique
Le collectif se fonde sur les données du dernier recensement de Statistiques Canada, analysées par le FRAPRU dans la 8e édition de son Dossier noir, logement et pauvreté, qui soutient que la situation des ménages locataires laurentiens est critique et que le plan annoncé par le gouvernement Legault de construire 8000 nouveaux logements sociaux en 5 ans « n’est pas suffisant pour répondre à la demande ». « Le logement dit «abordable» est une notion élastique qui n’offre ni garantie sur le long terme, ni de réponse aux besoins des locataires les plus précaires », évoque Céline Magontier.
Selon les statistiques, 28% des ménages locataires des Laurentides consacrant plus de 30% de leur revenu pour se loger. « C’est une donnée qui indique qu’au-delà de ce seuil, les ménages ne peuvent pas répondre adéquatement à leurs besoins essentiels, comme l’alimentation, s’habiller, les transports, l’éducation des enfants, etc. », précise Céline Magontier. Au total, ce seraient 23 315 ménages locataires dans cette situation, De plus, 7 150 d’entre eux consacrent plus de 50 % de leurs revenus pour se loger. À Sainte-Agathe-Des-Monts, c’est plus du tiers des locataires qui consacrent plus de 30 % à leur loyer.« Le revenu médian annuel de ces ménages qui consacrent plus de 30 % à leur loyer est de 24 600 $. On s’entend que c’est assez peu ».
Pénurie de logements et hausse des loyers
Les plus récents chiffres partagés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), confirment que plusieurs villes des Laurentides vivent une sérieuse pénurie de logements locatifs.
Le taux de logements inoccupés, qui devrait être à 3,0 % pour que le marché soit considéré comme équilibré, est de 0,8 % à Sainte-Agathe-des-Monts, de 0,9% à Lachute, de 0,7 % à Saint-Jérôme, de 0,4 % à Sainte-Adèle, de 0,3 % à Saint-Sauveur et carrément de 0 % à Sainte-Sophie. La situation serait toutefois un peu plus favorable à Mont-Laurier où le taux d’inoccupation serait supérieur à 3,7 % selon les données recueillies en 2022.
Non seulement les logements sont rares, mais les loyers explosent. En deux ans, le loyer moyen a fait un bon sidérant de 32% à Lachute, de 26% à Sainte-Agathe-Des-Monts; de 19.7% à Saint-Jérôme, et de 13,7% à Sainte-Adèle.
Le collectif prétend que les 1,8 G$ (dont 900 M$ en provenance du gouvernement fédéral) annoncés lors de sa dernière mise à jour économique pour financer 8000 logements sociaux « et abordables » en 5 ans, ne peuvent suffire à enrayer la crise. « Plus de 34 000 personnes sont présentement en attente d’un HLM au Québec, on s’entend que ça ne répond même pas au tiers des demandes de ces personnes », commente la porte-parole du FRAPRU.
Pour cette raison, le regroupement réclame un plan clair pour la construction de 50 000 logements sociaux en 5 ans, dont 2776 pour combler les besoins de la région des Laurentides. Depuis la mise sur pied du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), 55 projets totalisant 2722 unités ont été sélectionnés, dont 3 dans les Laurentides.
La réponse du Ministère
Selon l’attachée politique de la ministre responsable de l’habitation, France-Élaine Duranceau. Justine Vézina, le gouvernement est bien au fait de la situation. « En effet, le contexte actuel est difficile pour de nombreux Québécois. Nous travaillons sur des solutions concrètes afin d’augmenter l’offre de logements. Nous avons mis en place le Programme habitation abordable Québec l’an dernier pour être plus efficaces et permettre aux projets de logements sociaux et abordables de sortir de terre dans un délai rapide et dans toutes les régions. Le programme est récent et nous sommes à l’écoute pour continuer de le bonifier aux besoins ».
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