Le meurtre de Suzanne Yelle irrésolu depuis 40 ans
Il y a 40 ans, le vendredi 13 juillet 1984, un soir de pleine lune, ou au coup de minuit le 14, une ex-mannequin du nom de Suzanne Yelle est assassinée. Le corps est découvert vers 11 h 30 le 14 juillet, en bordure de la rue Principale à la sortie du village de Mont-Tremblant. Depuis, la Sûreté du Québec (SQ) cherche toujours la ou les personnes derrière l’agression. Prenez note que L'info a fait une mise à jour de certaines informations le 20 juillet.
L’individu ou les coupables sont-ils parmi nous ou décédés? Le récit qui suit s’avère la somme à ce jour de ce qui est connu, par le récit de témoins, de la famille et des médias de l’époque. 40 ans plus tard, le crime fait toujours partie des dossiers non résolus de la SQ. Et puisque le dossier est ouvert, il est inaccessible pour consultation.
L’info, accompagné de Chantal Vanier de l’organisme Meurtres et disparitions irrésolus du Québec (MDIQ) ainsi que du neveu de Suzanne Yelle, Dave Yelle, est retourné sur les lieux des dernières heures de la victime pour y recueillir de l’information.
Vers 20 h le 13 juillet, Suzanne Yelle, 34 ans, qui habite Brébeuf, demande à son concubin âgé de 26 ans, Rémi Caron, et avec qui elle vie une rupture, de la conduire à Saint-Jovite. Elle veut sortir avec son amie, car au village de Mont-Tremblant, une fête de la pleine lune a lieu. M. Caron passe la soirée chez des amis. Arrivée tôt dans la boutique où travaille son amie (face à la SAQ aujourd’hui), cette dernière lui dit qu’elle travaille jusqu’à 21 h, qu’elle fait des sept jours par semaine et qu’elle est fatiguée, donc qu’elle ne peut pas la rejoindre. Cette info récente provient d’un bref entretien avec Mme Vanier.
Suzanne Yelle se promène sur la rue pour écouler le temps quand, se dirigeant vers la Maison du spaghetti, elle rencontre deux amies. Elle se joint à elles, il est à peine 20 h 15. Elle s’apprête à prendre son dernier repas, un spaghetti à la viande. Mme Yelle terminera son assiette, seule, vers 20 h 45. Il lui reste encore près de trois heures à vivre.
Pour des raisons nébuleuses et inconnues, elle se rend ensuite jusqu’au Studio 25, au sud de Saint-Jovite sur la route 117, dans l’ancienne Brasserie Jacques Lemaire.
Voyant son amie qui ne se joint pas à elle, Suzanne Yelle aurait fait de l’auto-stop pour se rendre au village de Mont-Tremblant, au bar Au Coin au village Mont-Tremblant, toujours ouvert en 2024. Soulignons que son frère Robert, dans l’émission Dossiers mystères, diffusée en 1991, précise que Suzanne Yelle faisait souvent de l’auto-stop, ne serait-ce que pour aller à Montréal suivre ses cours à temps partiel de massages thérapeutiques, à l’Université de Montréal.
La dernière fois que l’on voit Mme Yelle, c’est vers 23 h 30 à l’Hôtel Mont-Tremblant, au Studio 25 (selon Dossiers mystères), au village Mont-Tremblant. Elle est seule. Plus tôt, vers 21 h 45, selon un témoignage dans Dossiers mystères, un ami, Patrice Godard, arrive au bar et se dirige vers elle alors qu’elle est sur le point de partir. Après quelques formalités, Mme Yelle lui demande de la conduire à un certain endroit dans le village de Mont-Tremblant, mais l’ami veut prendre quelques consommations auparavant. Mme Yelle part donc seule à pied, dans une direction inconnue. Son corps sera trouvé à moins de deux kilomètres de là.
Macabre découverte
Le lendemain, vers 11 h 30, un résident fait la découverte du corps de Suzanne Yelle à cinq mètres du bord de la rue Principale (aujourd’hui chemin du Village) entre, aujourd’hui, le chemin de L’Anse et la rue Cachée, sur un petit bout de terrain sans végétation du côté du marécage, un endroit sans résidence à l’époque, aujourd’hui face au 2475. Il appelle la SQ du détachement de Sainte-Agathe-des-Monts sous le couvert de l’anonymat. Les premiers policiers sur les lieux sont le caporal Proulx et l’agent Ménard suivi quelque temps après du caporal Fauchon. Avant la fin du jour, quatre autres policiers se joignent à eux et constatent rapidement qu’ils ne connaissent pas la victime malgré des papiers dans sa bourse qui l’identifie comme Suzanne Yelle.
À première vue, on ne voit aucune blessure au corps, mais le visage comporte de graves lésions, ce qui ne permet pas de conclure à l’identité formelle de la victime. Mme Yelle n’était pas sous l’influence de drogues ni d’alcool et l’hypothèse d’un vol ou d’une agression sexuelle est vite écartée.
Meurtre commis sur place?
Les enquêteurs croient que le meurtre a été commis ailleurs à cause de la disposition des vêtements (roulés) par le fait que le corps a été traîné du bord de la route. Dans les faits, selon les publications spécialisées Allo Police et Photo Police, la victime gisait sur le dos, le visage ensanglanté. Elle avait un gilet de laine beige à col roulé qu’elle portait sans doute sur ses épaules, gilet que l’on retrouve à près de 2 mètres du corps. Sa bourse est près d’elle et l’on y trouve de l’argent et quelques papiers. Aussi, elle est vêtue d’une jupe grise, d’un chandail-camisole blanc à motifs de fleurs rouges, et de sandales.
L’enquête est confiée aux agents Trottier et Marceau de l’Unité des crimes contre la personne de la SQ à Montréal. Au fil des jours, peu d’informations tombent dans les mains des policiers qui ont ratissé le voisinage, parler aux amis et la famille. Pire, ils n’arrivent pas à trouver le mobile du crime.
Trois jours après le décès, Rémi Caron, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de sa concubine, se rend à Sainte-Agathe au poste de la SQ pour rapporter sa disparition. À la description de son amie, les agents réalisent qu’il s’agit de la femme trouvée morte. Rémi Caron est alors questionné longuement avant qu’il puisse partir du poste. Rien n’est retenu contre lui.
L’autopsie parle, mais peu
Entretemps, le corps est dirigé vers l’Institut de médecine légale de Montréal (aujourd’hui le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale) où l’autopsie en dit un peu plus. C’est la coroner Teresa Sourour qui rédige le rapport.
« Le corps de la victime a été retrouvé à 1,7 km au nord de l’Hôtel Mont-Tremblant en bordure de la route Principale le 14 juillet 1984; tout laissait croire que le corps de la victime avait été traîné à cet endroit; elle avait le crâne enfoncé, le visage tout taché de sang; aucune arme n’a été trouvée près des lieux; […]. L’autopsie conclut à un traumatisme grave, potentiellement fatal au niveau du cerveau, suite à de multiples impacts à la tête et au visage par un objet contondant, en plus des effets d’une pression au cou ». Aucune autre marque de violence n’est visible sur le corps.
À l’émission Dossiers mystères, la coroner Sourour indique que les aliments qui se trouvaient dans le système digestif n’étaient pas encore tout à fait digérés et que leur état permet de croire qu’elle à manger du spaghetti trois heures avant sa mort.
La coroner indique que la cause médicale du décès est un traumatisme craniocérébral grave. Elle recommande « de poursuivre l’enquête » puisqu’il y a mort violente.
Elle connaissait l’agresseur?
Les proches de la victime et la police croient que Mme Yelle connaissait son agresseur, qu’elle avait confiance en cette personne. Car il n’y avait pas de marque de violence sur les avant-bras et les mains qui sont généralement liés des gestes d’autodéfense automatique. Elle était sans doute en pleine confiance. La coroner pense que l’agresseur aurait frappé Mme Yelle sans qu’elle s’y attende avant qu’elle ne s’écroule et que la personne continue la macabre besogne.
Elle souligne aussi que dans le cas de victimes agressées avec un objet contondant, dans ce cas-ci, probablement une barre de fer, les coups sont toujours portés au visage.
Le dossier ouvert
La SQ a rouvert le dossier il y a quelques années, mais rien n’a transpiré des recherches. Les policiers souhaitent, entre autres, connaître les allées de la victime entre 20 h le 13 juillet et 6 h le 14 juillet. Les informations du public, traitées confidentiellement, doivent être communiquées à la Centrale de l’information criminelle de la Sûreté du Québec au 1 800 659-4264. Le numéro du dossier de Suzanne Yelle est le 177-840714-003.
Rappelons que Suzanne Yelle est née le 19 octobre 1949 d’une famille reconstituée, dans la région d’Upton, près de Saint-Hyacinthe. Elle mesurait 5’8’’ et pesait 120 livres. Mannequin pendant une dizaine d’années, elle a participé à des défilés de mode, œuvré dans différents métiers, notamment comme chauffeur d’autobus.
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