La Semaine nationale des journaux vise à soutenir le journalisme local
La montée des ‘fausses nouvelles’, de la désinformation et de la mésinformation est un autre facteur qui contribue au déclin de la confiance.
Selon le recent rapport sur les nouvelles numériques (Digital News Report 2024) du Reuters Institute for the Study of Journalism, la confiance des Canadiens dans l’information se situe à 39 %. À titre comparatif, la confiance des Américains dans l’information se situe à un niveau encore plus faible, soit 32 %.
Le déclin de la confiance est dû à de nombreuses variables, notamment les algorithmes axés sur l’engagement qui dépriorisent les informations de fond, qui fournissaient traditionnellement un ensemble commun de faits, en faveur du renforcement d’un point de vue déjà fixé, plutôt que d’informer le lecteur. La montée des ‘fausses nouvelles’, de la désinformation et de la mésinformation est un autre facteur qui contribue au déclin de la confiance.
Partout au Canada, les journaux – qu’ils soient en format imprimé ou numérique – continuent de couvrir les conseils scolaires, le travail des policiers, des tribunaux, et des mairies, et d’autres sujets qui comptent dans la vie quotidienne des Canadiens. C’est pourquoi la confiance des Canadiens dans leur journal régional ou local se maintient à un niveau relativement sain, soit 65 %.
Mais le vrai journalisme, réalisé par de vrais journalistes – et non par un outil d’intelligence artificielle qui recherche du contenu sur le web, un procédé qui n’est pas toujours fiable – coûte cher. Le vrai journalisme local nécessite un travail acharné de collecte des faits et présente des preuves tangibles de reportage de première main, comme de la recherche indépendante, des interviews et du travail sur le terrain, ainsi qu’un travail éditorial. Le simple fait de remanier, de reproduire ou d’agréger des informations provenant de sources externes ne constitue pas du journalisme original, pas plus que le simple fait de copier et de coller des communiqués de presse ou de charger un site web avec des textes provenant d’une agence de presse ou avec un carrousel d’appâts à clics (clickbait).
Si aucune solution miracle ne permet de résoudre la crise économique qui frappe le journalisme, il existe néanmoins des solutions qui peuvent s’avérer utiles.
Tout d’abord, les entreprises peuvent soutenir leur journal local par le biais de la publicité.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et locaux peuvent suivre l’exemple du gouvernement Ford en Ontario et réserver 25 % de leurs dépenses publicitaires aux éditeurs de presse domestiques. À titre d’exemple, l’année dernière, le gouvernement fédéral a dépensé davantage pour des publicités sur le site chinois TikTok que pour l’ensemble des publications imprimées canadiennes.
Le secteur privé ne devrait pas concurrencer le radiodiffuseur public, qui perçoit des revenus publicitaires numériques de 73 139 000 $ tout en recevant des subventions directes du gouvernement de 1 271 800 000 $ par année.
Le gouvernement peut fournir au Bureau de la concurrence les outils et les ressources dont il a besoin pour mener à bien son enquête sur les pratiques publicitaires en ligne au Canada.
Enfin, Postes Canada doit renouer avec sa politique de longue date qui consistait à exempter les journaux communautaires contenant des encarts commerciaux (par exemple, les prospectus des quincailleries locales et des épiceries franchisées) du programme Choix des consommateurs. Les journaux communautaires qui comportent des encarts commerciaux ne sont pas des ‘pourriels’.
Dans un monde où la désinformation circule plus vite que la vérité, les journaux et leurs sites web permettent aux Canadiens d’être informés, de rester branchés et de s’engager dans les communautés d’un océan à l’autre. La Semaine nationale des journaux est l’occasion de rendre hommage aux 3 000 journalistes de la presse écrite qui travaillent sans relâche chaque jour pour transmettre des informations aux Canadiens, mais c’est aussi l’occasion de réfléchir à la manière dont nous pouvons, en tant que Canadiens, soutenir leur travail.
Benoit Chartier est président du Conseil d’administration d’Hebdos Québec, éditeur de cinq journaux hebdomadaires dont le doyen des journaux français d’Amérique, le Courrier de Saint-Hyacinthe. Il incarne d’ailleurs la troisième génération d’éditeurs et compte une vingtaine d’années d’engagement au sein de différents conseils œuvrant dans l’industrie de la presse hebdomadaire locale et régionale. Hebdos Québec est membre du Conseil de presse du Québec.
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