Mois de sensibilisation au cancer du sein
Le nouveau départ d’Amélie Beyries
L’info s’est entretenu avec BEYRIES, qui sera de passage à l’Espace Théâtre le 24 octobre. En ce Mois de sensibilisation au cancer du sein, la chanteuse et survivante a partagé son histoire de résilience.
À la fin de sa vingtaine, alors qu’elle travaillait pour une boîte d’effets visuels pour le cinéma, Amélie Beyries (prononcé Bérice) a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein.
« Un an plus tard, quand j’ai fini mes traitements, j’ai vraiment essayé de reprendre ma vie d’avant », explique-t-elle. « Mais les jours passaient et je n’avais pas de fun. Je n’arrivais plus à justifier de rester debout jusqu’à 23h pour attendre l’appel d’un producteur américain qui n’en a rien à faire. Je ne pouvais juste plus. Je me demandais comment j’allais faire pour payer mon loyer. Quand je me tournais vers la musique, que je composais des chansons, c’était le seul moment où j’étais bien. »
Malgré sa passion pour la musique, devenue son exutoire en ces moments éprouvants, Amélie Beyries n’arrivait pas à y envisager une carrière : « Je viens d’un milieu d’avocats et d’ingénieurs où il n’y a aucun espace pour ce genre de choses. Il n’y a même pas de discussion. Si quelqu’un faisait du piano, c’était pour l’amener à être plus performant dans ses cours de mathématiques. »
Remise en question
Elle poursuit : « Ce sont vraiment mes amis qui pensaient qu’il y avait quelque chose de particulier dans ma musique. Je me disais : il y a des centaines de milliards de chansons, pourquoi moi ? Je me suis donné un an pour essayer et finalement, il y a eu une résonnance. »
Son parcours musical étant intimement lié à la maladie, la chanteuse et compositrice croit fermement qu’un tel diagnostic engendre avec lui des remises en question nécessaires : « C’est ce qui a fait en sorte que j’ai changé de carrière. J’ai envie de dire aux gens : quand vous recevez une mauvaise nouvelle comme celle-là, et c’en est une méchante mauvaise, ça vient tout de même avec des bénéfices. Je ne souhaite pas glorifier le cancer, pas du tout; ce que je veux dire, c’est que de recevoir un diagnostic aussi chargé et épeurant, ça permet de se demander ce qui est vraiment important, de se questionner sur ce qu’on veut véritablement et sur nos raisons de vivre (…) Pour moi, le cancer, ça a été un wake-up call. »
En plus de lui permettre de se réorienter, le cancer a entraîné Amélie Beyries à se détacher de cette définition très arrêtée de la performance et du succès avec laquelle elle a grandi. « J’étais entourée de gens qui étaient beaucoup dans la performance, dans leur carrière, et qui étaient très déconnectés d’eux-mêmes (…) Maintenant, quand je vois des gens comme ça, je me dis : les pauvres! »
La maladie a aussi amené la musicienne à prendre son temps et à l’utiliser judicieusement. « Je trouve difficile d’être pressée. Je déteste ça profondément. On dirait que plus que je vieillis, plus j’ai envie de ralentir. Je trouve que tout va trop vite. » La chanteuse explique que tous ses choix se font maintenant en fonction du respect de son rythme de vie et qu’elle ne s’embarque plus dans des projets qui risquent de mettre en péril sa paix d’esprit. « J’ai envie d’avoir du plaisir dans toutes les étapes du processus », déclare-t-elle simplement.
Apprécier le moment
Selon Amélie Beyries, cette intolérance aux compromis insatisfaisants est presque universelle chez les personnes ayant été touchées par des maladies graves : « J’en ai parlé avec des amis qui ont été malades aussi. C’est comme s’il y a une espèce d’écœurantite qui s’installe. C’est la même chose pour les relations du genre “pas super, mais…” Si ce n’est pas super, va-t’en, fais autre chose. Si ta vie c’est moyen, fais de quoi! On n’habite pas dans un pays totalitaire, on peut vraiment faire ce qu’on veut. »
« C’est comme si quand tu passes proche de la mort, ou quand tu penses passer proche, il y a quelque chose qui s’allume en toi. Ça m’a mise sur une espèce de siège éjectable », continue-t-elle. « Chaque fois que je monte sur scène, je me dis que c’est peut-être la dernière fois. Je trouve ça excitant de penser ma vie en me disant que je ne sais pas ce qui va se passer dans cinq minutes. »
Pour moi, le cancer, ça a été un wake-up call.
-Beyries
Plus tôt en 2024, BEYRIES est devenue ambassadrice de la campagne de la jonquille, une initiative de la Société canadienne du cancer permettant chaque printemps de recueillir des fonds pour la recherche, les services de soutien et les politiques de santé publique. Cette année, la 31e édition du Bal de la Jonquille a permis d’amasser 1 474 785 $.
« Ça a été important pour moi d’en parler et de m’impliquer parce que ça fédère, ça rassemble. C’est une maladie qui a touché et qui touche beaucoup de gens. Elle a tué malheureusement beaucoup de gens autour de moi, mais il y a aussi de très belles histoires. Ça nous touche tous. Le slogan de la Société canadienne du cancer, c’est Ça prend une société, et c’est vrai. Quand on est malade, ça prend des gens pour nous faire à manger, pour aller nous reconduire à nos traitements. On ne peut pas y arriver seuls. Il y a une magie humaine dans l’entraide. Être vulnérable, ça oblige à baisser ses gardes et à être profondément soi-même », conclut la chanteuse.
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