Nourrissage des cerfs
La Municipalité de Mont-Saint-Michel adopte un nouveau règlement qui sème la bisbille
Lors des dernières semaines, deux citoyens de Mont-Saint-Michel, Roger Lapointe et Normand Dufour, ont communiqué avec les médias pour dénoncer le nouveau règlement de la Municipalité de Mont-Saint-Michel relatif au nourrissage et à l’intervention humaine auprès de la faune (règlement 18-188).
« Ce sont plus de 200 citoyens mécontents de cette décision qui ont signé notre pétition contre le règlement qui empêche les propriétaires de terres privées d’utiliser leur fond de terre à leur gré et de permettre aux cervidés, en les nourrissant, de survivre aux rudes hivers de notre région. »
Deux rencontres ont eu lieu entre les membres du conseil municipal et les personnes qui nourrissent les chevreuils afin que chacun puisse exposer son point de vue. Une rencontre informative avec un biologiste du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a aussi eu lieu, mais le désaccord persiste.
« Lors de ces échanges, nous avons expliqué qu’il est question d’un ravage naturel que l’on retrouve en périphérie du lac Gravel, que cet engouement pour la forêt qui entoure le lac était déjà présent il y a 20 ans et que les chevreuils qui logent à proximité du lac le font à cause de la déforestation autour des municipalités avoisinantes, de la présence des coyotes et des loups puis de l’urbanisation », ont expliqué MM. Lapointe et Dufour.
Selon les deux hommes, en adoptant ce règlement, les élus privent la municipalité d’une belle visibilité et mettent fin à une attraction qui se voulait familiale et éducative. Selon eux, cette décision aura un impact sur le cheptel lui-même en rendant les chevreuils plus vulnérables en les privant d’une source de nourriture, sur l’économie locale en privant les commerçants d’une source de revenus et sur le tourisme, car les pourvoyeurs n’amèneront plus les touristes admirer les cerfs.
« Ce que je déplore le plus, c’est le fait que la Municipalité n’ait pas fait de consultation publique avant de prendre sa décision », a déclaré M. Lapointe qui a aussi expliqué que c’est dans le bulletin mensuel du village qu’il a su pour le règlement.
La Municipalité reste sur sa position
C’est au printemps dernier que la Municipalité a adopté son règlement. « On a passé ce règlement parce qu’à Mont-Saint-Michel, on a toujours pris soin du lac Gravel. On a toujours posé des actions pour le protéger. C’est l’importante concentration de chevreuils et tout le fumier qu’ils produisent qui ont semé chez nous l’inquiétude de voir tout ça se répandre dans le lac », a raconté le maire, André-Marcel Évéquoz.
À la suite de cette première réflexion, l’aspect « accidents de voiture impliquant des chevreuils » est venu renforcir la décision. « Il n’y en a pas forcément de répertoriés, mais est-ce qu’on est obligé d’attendre qu’il y en ait pour agir? On a conclu qu’avec ce règlement, on réglait deux choses en même temps : la pollution de notre lac et la réduction des risques d’accident. On sait que les gens roulent vite. Notre route est en réfection et on craint qu’une fois réasphaltée, ce soit pire », a précisé le maire.
Après que les citoyens se soient manifestés, la Municipalité a repris sa réflexion et a même demandé à un biologiste du ministère de venir faire la lumière sur les différentes interrogations que suscitait le débat.
« On désirait avoir le point de vue d’une personne compétente pour ensuite pouvoir prendre des décisions plus éclairées en suivant les recommandations d’un spécialiste. S’il nous avait dit que nous devions aménager le terrain de telle ou telle façon afin de respecter les normes, nous l’aurions fait, mais son discours faisait bien comprendre qu’on tue les chevreuils à vouloir les nourrir et que quand il y a des chevreuils, il y a aussi de grands risques que les prédateurs – comme les loups – se rapprochent. Tant qu’on n’a pas d’avis contraire d’une personne compétente, on ne peut que le croire et il n’y a pas de raison qu’on change d’avis », a affirmé M. Évéquoz.
En terminant, le maire de Mont-Saint-Michel a confirmé que la Municipalité maintiendrait son règlement en place et que la question ne sera pas débattue lors de prochains conseils tant qu’un autre avis spécialisé n’aura pas été présenté.
Présentation par un biologiste du ministère
La présentation du MFFP exposait d’abord les risques pour le cerf. Celui-ci, lorsque nourri artificiellement, modifie son comportement, abandonne ses ravages et choisit de mauvais habitats. Sa santé est également affectée par une nourriture parfois inadéquate qui crée un déséquilibre énergétique, des diarrhées et la ruménite (inflammation du rumen) pouvant causer la mort.
La présentation exposait ensuite les autres conséquences, soit les accidents routiers, la proximité des prédateurs (coyotes et loups) en milieux habités et le risque important de transmission de parasites, par exemple l’augmentation de la présence des tiques porteuses de la maladie de Lyme en milieux habités.
« À la demande de la Municipalité qui rencontrait des opposants aux mesures mises en place et qui avait de la difficulté à répondre à ceux-ci, le biologiste responsable de la faune terrestre a fait une présentation le 5 juin dernier. La présentation était intitulée ”Le nourrissage artificiel du cerf de Virginie : impacts et risques”. Elle expliquait les problèmes liés à la pratique de cette activité », a raconté Catherine Ippersiel, directrice des communications au Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et au MFFP.
Mme Ippersiel a poursuivi en affirmant que « lors de la rencontre, certains citoyens ont exprimé qu’ils n’étaient pas en accord avec l’adoption du nouveau règlement. Notamment, ils remettent en doute les problèmes liés à la présence de cerfs aux abords d’un lac et les risques pour la santé causés par le contact des fèces des cerfs avec les cours d’eau. Le biologiste n’était pas en mesure de répondre directement à ces allégations, car il ne connaissait pas la situation particulière du secteur visé. »
La directrice des communications au ministère a aussi mentionné que « les citoyens qui s’opposent à la réglementation ne tenaient pas en compte dans leur discours l’ensemble du problème exposé par le biologiste en ce qui a trait aux impacts négatifs du nourrissage, dont les risques pour la santé générale des cerfs, l’augmentation des risques de propagation de maladies, l’accoutumance à une source de nourriture externe, le déplacement des aires de confinement vers les secteurs résidentiels, l’augmentation des accidents routiers et la nécessité de procéder à de la déprédation dans certains secteurs. »
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