Doit-on s’inquiéter de la présence du lynx dans notre région?

Le biologiste à la direction de la gestion de la faune de Lanaudière et des Laurentides, Yannick Bilodeau, a affirmé à L’info qu’il ne faut pas espérer voir un lynx sur son terrain, même si l’animal est un peu plus visible sur des territoires de la Haute-Rouge.

« La population du lynx dans la zone forestière de l’érablière dont fait partie la Haute-Rouge, est plutôt faible, mais stable. Le ministère se réfère aux observations rapportées par les piégeurs dans les carnets de piégeage qu’on leur remet chaque année et que l’on compile par la suite. »

C’est que l’animal préfère de loin les forêts de résineux, là où prospère le lièvre d’Amérique, ce qui a pour conséquence d’augmenter la croissance du lynx. Par ailleurs, le ministère ne tient pas un inventaire formel de l’espèce, étant dur à inventorier. L’animal s’avère difficile à observer en nature. « On y va avec la récolte du piégeage pour mesurer l’abondance et la tendance des populations », ajoute M. Bilodeau.

Récemment, l’animal a fait le bonheur des internautes de la région sur les médias sociaux, étant notamment observé à Rivière-Rouge et Val-David.

Dangereux le lynx?

Le lynx est-il dangereux, dans son élément naturel, ou non? Le biologiste répond qu’il est très rare de rencontrer le lynx. « Même que c’est un moment heureux d’en observer un, car c’est déjà inhabituel dans la forêt. Mais l’espèce se tient dans les secteurs boisés peu peuplés. »

Le lynx est timide et s’éclipse dès une première alerte, bien qu’il ne craigne pas grand-chose. Ses habitudes sont souvent nocturnes, comme le chat, malgré tout, comme tout animal sauvage, s’il se sent en danger ou veut protéger sa progéniture, l’animal se défendra. « Dans les dernières années, nous n’avons relevé aucun incident impliquant le lynx. Il faut respecter les bases en le voyant: ne pas le nourrir, garder une distance, et surtout ne pas le coincer dans un angle sans issue. »

À savoir ce que l’on doit faire si l’animal vient près de notre résidence, Yannick Bilodeau conseille de rester à l’intérieur, d’admirer la bête, la capturer en photo, car il y a fort à parier que ce soit la dernière fois que vous en voyer un. « Pour dire, cette année, à quatre hélicoptères, on en a vu qu’un seul en forêt, c’est dire comment il est difficile de le voir », affirme le biologiste.

Vie et chasse

Le lynx est un prédateur de nuit qui se nourrit de petits mammifères, comme le chat encore une fois, en chassant le lièvre, les oiseaux, la gélinotte, par exemple.

La saison des amours arrive à la fin de l’hiver. Anecdote à ce sujet: « Les gens entendent des cris dans les bois durant cette saison; c’est assez impressionnant. On peut d’ailleurs l’entendre sur Internet. » Après quoi, poursuit le biologiste, la femelle accouche d’une portée annuellement de quatre petits en moyenne vers le début de juin.

Et la chasse? Seul le piégeage est autorisé. Mais il faut détenir le permis professionnel en question et suivre un cours sur le sujet. Sinon, comme animal à fourrure, le lynx est protégé. La fourrure est sur le marché bien sûr, mais sa valeur a diminué dans les dernières décennies. Alors qu’elle se détaillait au début des années 1980 à 1000$ par fourrure, on peut maintenant en trouver une pour 200$.

Enfin, disons qu’il y a une espèce de lynx qui se pointe des États-Unis et qui gambade près de la frontière avec le territoire québécois. Il s’agit du lynx roux. Il ne se trouve pas dans la région, car il n’aime pas les grosses neiges, mais qui sait, un jour?