Marché immobilier
Répondre à la demande est la principale difficulté
Radio-Canada faisait récemment état de l’explosion du prix des chalets dans la province et à travers le Canada, qui ne s’estompera pas de sitôt, allant jusqu’à grimper encore de 15%. L’info a voulu savoir ce qu’il en était sur le territoire d’Antoine-Labelle, autant pour les chalets que pour les maisons, et a discuté avec deux courtiers immobiliers de la région, Yannick Barnabé, courtier Proprio Direct et Frank Crépeau, courtier RE/MAX.
Selon, les deux hommes, la réalité régionale est un peu différente de ce qui se passe plus au sud. « Pour ce qui est des bords de l’eau, il y a une tendance à la hausse, la demande est là et ça permet, pour certains, d’aller un peu plus haut que le marché. Pour la clientèle locale, ce n’est pas pareil », a mentionné Yannick Barnabé.
Expliquant qu’une période très achalandée s’est déroulée en début d’année, particulièrement avec des premiers acheteurs, qui eux ne recherchent pas les bords de l’eau, M. Barnabé affirme que le rythme normal reprend peu à peu son cours.
« La différence avec les régions plus au sud c’est qu’ici, on ne vit pas une demande de 50 visites en trois jours pour la même maison avec des offres d’achat, des surenchères et l’ajout de conditions qui ne sont pas là habituellement. » – Yannick Barnabé
Racontant que l’an dernier, presque aucune transaction n’était possible pendant les premiers mois de l’année à cause du contexte, M. Barnabé explique que dès que les ventes ont repris, les gens venant des grands centres se sont rués sur les chalets afin de se sauver du confinement imposé et profiter de la nature et des grands espaces.
« Cette année, les raisons sont différentes. Certains décident de devancer leur retraite et réaliser plus tôt leur rêve de venir s’établir en région, d’autres affirment qu’avec le télétravail, il est plus facile de sortir des villes et de s’établir en campagne. Pour les bords de l’eau, je dirais que c’est plus de 80% des acheteurs qui viennent de l’extérieur (Montréal, Ottawa, Gatineau), qui viennent s’installer ou désirent une résidence secondaire. »
« Le marché est tellement haut dans leur coin, qu’ici, même si les prix semblent trop élevés aux yeux des locaux, eux trouvent qu’ils font une bonne affaire. » – Yannick Barnabé
Même si pour le moment on parle de boom immobilier, M. Barnabé n’est pas convaincu que ce phénomène est là pour durer longtemps. « Ce qui est particulier présentement dans la région et qu’on s’explique mal, c’est qu’il y a un grand manque de maisons sur le marché et ça devient difficile de répondre à la demande. Comme c’est là, il y a environ 45 maisons à vendre sur le territoire comparativement à environ 110 à pareille date l’an dernier. »
Et à savoir si ce grand intérêt pour la vie en région va perdurer, plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Comment agiront les gens après avoir été vaccinés? Le télétravail est-il là pour rester? Quand il sera possible de recommencer à voyager, est-ce que les acheteurs remettront leur acquisition en vente? Difficile de répondre.
« Une chose est sûre, ceux qui se sont dépêché à acheter et ont payé le gros prix vont probablement rester, car quand le marché se sera stabilisé, il ne leur sera peut-être pas possible de revendre aux mêmes prix. Les salaires n’ont pas augmenté ici, donc ce ne sera pas les locaux qui vont débourser ce genre de sommes pour acquérir quelque chose au bord de l’eau. Par contre, il était temps que les prix évoluent un peu dans la région, car il y avait une grande marge avec les autres marchés », a mentionné M. Barnabé.
Mentalité, cercle vicieux et plusieurs impacts
De son côté, Frank Crépeau explique que tout est basé sur l’offre et la demande et que la situation locale actuelle est particulière. « Historiquement, ici, au niveau de l’offre disponible de maisons à vendre, c’est du jamais vu. Il y a toujours eu plus d’offres que de demandes. (…) Là, ce qu’on vit, c’est qu’on est passé d’une clientèle venant de l’extérieur de l’ordre de 10% à environ 50%. Ce 50% ne vient pas du fait qu’il manque d’acheteurs de la région, c’est un surplus. »
« Personnellement, si je compare 2010 et 2020 je peux dire que j’ai pratiquement vendu le double de maisons, malgré la fermeture du début d’année et ce dois être semblable pour les autres courtiers. » – Frank Crépeau
Tout comme M. Barnabé, il affirme que retraite et télétravail sont les principaux incitatifs pour la venue de la clientèle extérieure et ce serait donc cet exode qui change la réalité régionale en apportant une grande demande pour loyers, maisons et chalets.
« Eux, dans leur secteur, vivent de la surchauffe. De leur côté, un bungalow sur un terrain de 5 000 pieds carrés qui vaudrait quelque chose comme 200 000$ ici, le vendent 500 000$. Ils arrivent ici avec cette somme et voient une belle maison avec garage double sur un très grand terrain qui se vend 325 000$, que personne ici ne veut acheter car ils trouvent ça trop cher. Eux sont impressionnés par le bas prix et s’empressent d’acheter sans même négocier. (…) Notre braquette de prix, qui était 200 000$-250 000$, est passée, dans les 12 derniers mois, à 250 000$-300 000$; on n’avait jamais vu ça », raconte M. Crépeau.
Il a poursuivi en disant que « C’est faux de dire que les maisons se vendent maintenant aux gros prix. Dans la région, on n’est pas rendu à dire que les maisons se vendent avec des offres multiples et tout, même s’il y en a quelques-unes ».
« Moi je dis que maintenant, le marché est enfin arrivé au juste prix. » – Frank Crépeau
« C’est la philosophie économe de la région qui a aussi un impact, analyse M. Crépeau. Les gens d’ici ont une mentalité particulière. Souvent, ils font tout eux-mêmes: réparations, rénovations, construction. Quand ils engagent, c’est souvent payé en dessous de la table et sans demander de permis. Difficile, sans preuve à la MRC, de justifier un prix plus élevé que l’évaluation et pratiquement impossible pour le vendeur de récupérer ses investissements, ça aussi ça devient un problème. »
Autre problématique: les acheteurs de l’extérieur, trouvant qu’ils ont acheté à bas prix, n’ont pas peur d’investir encore et d’engager pour rénover et mettre au goût du jour leur nouvelle maison. Les entrepreneurs sont donc débordés et moins de maisons neuves se construisent. En plus, à cause de la situation, ils sont dans l’obligation de demander une surcharge de 30%. Le prix des maisons neuves explose donc lui aussi. « Tout est lié », affirme M. Crépeau.
M. Crépeau a terminé en expliquant que tous les domaines touchant à la construction, vente, location, rénovation de maison étaient étroitement liées et qu’un peu comme dans un cercle vicieux, ils s’impactaient aussi les uns les autres, créant par le fait même d’autres problématiques, comme d’importants délais au niveau des professionnels impliqués dans les transactions.
« Le plus gros problème n’est pas tant de vendre, c’est premièrement le manque de maison, mais aussi du côté des professionnels qui eux non plus ne sont plus en mesure de répondre aux besoins. Si on parle d’arpentage, il y a des délais d’environ trois mois. Il y a aussi des délais chez les institutions financières (21 jours), et même chose chez les notaires et les évaluateurs (…). »
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