Affaire Omar Khadr
L’obsédante histoire qui a mené Frédéric Bérard à Guantánamo
Guantánamo (Cuba), le 8 juin 2022. Il fait beau. Il fait chaud. Il y a un bowling, un Subway, un McDo. « Ils essaient de te montrer le bon côté de la vie, mais je sais qu’à peut-être deux kilomètres d’ici, il y a des gens qui sont torturés au moment où on se parle. »
Docteur en droit et chroniqueur, Frédéric Bérard ne dira pas comment il a fait pour pouvoir entrer dans ce tristement célèbre camp de détention de l’armée américaine. Ses faits et gestes sont surveillés par un militaire qui ne le lâche pas d’une semelle. « Je ne peux pas aller pisser sans autorisation », illustre ce natif de Mont-Laurier.
Pour boucler la boucle d’un livre commencé voilà cinq ans et qui devrait sortir au mois de novembre prochain, il lui fallait se rendre lui-même sur les lieux. 500 pages sur l’affaire Omar Khadr, un Canadien emprisonné là-bas de 2002 à 2015 après avoir été capturé en Afghanistan, où, à 15 ans, il combattait aux côtés des Talibans. Une histoire qui obsède littéralement le Lauriermontois.
« J’ai passé cinq ans sur ce livre-là, c’est plus que sur ma thèse de doctorat. J’ai vraiment mis beaucoup, beaucoup d’heures. Guantánamo, c’est comme l’Étoile de la Mort dans Star War, c’est comme opaque. Quand t’es à l’intérieur, on dirait que tu es capable de mieux saisir », raconte-t-il.
Un exemple d’injustice
Le déplacement a-t-il valu le coup? « J’ai plusieurs infos que je n’aurais pas pu avoir autrement », se félicite l’auteur. Des informations attrapées parfois au détour de conversations informelles avec des interlocuteurs qui, selon lui, ne croient pas en ce que les États-Unis accomplissent là.
« Je pensais que les commissions militaires c’était nécessairement partial, que c’était nécessairement injuste, mais je pensais au moins que les gens y croyaient. Et là, je réalise que non. Ils voient bien que c’est un cirque. » – Frédéric Bérard
Connu pour dénoncer avec passion les entorses au droit sous toutes ses formes, pourquoi Frédéric Bérard se sent-il à ce point interpellé par l’histoire d’Omar Khadr? À son avis, il s’agit ni plus ni moins de la plus grande injustice connue dans l’histoire récente du Canada. En croupissant dans les geôles de l’oncle Sam, l’auteur estime qu’Omar Khadr a servi politiquement l’ancien premier ministre du Canada, afin de montrer à son électorat qu’il était « un tough ».
« Omar Khadr a été utilisé, instrumentalisé, abusé, torturé, physiquement ou mentalement par son père, par Ben Laden, mais aussi par les États-Unis et surtout par le Canada. Tout le droit international – Convention sur l’enfant, droit de la guerre, la Charte canadienne, tout, tout, tout – s’enlignait pour obliger Harper à le rapatrier. Il n’a jamais voulu le faire. Il a voulu faire de la politique avec ça. »
Frédéric Bérard pense pouvoir faire œuvre utile en remettant le nom d’Omar Khadr sous le feu des projecteurs. « Je veux que cette histoire-là soit connue pour qu’il n’y ait pas de nouveau Stephen Harper, un jour, qui refasse le coup à un nouveau Omar Khadr. »
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