Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Légende de Notre-Dame-de-Pontmain: la femme en blanc (1/2)
Pendant la dernière guerre [Deuxième guerre mondiale], plus précisément à l’hiver de 1945, un soldat déserteur s’était caché dans le petit grenier de l’école du Lac-à-Foin.
Après un certain temps, les élèves commencèrent à se douter d’une présence quelconque au grenier. Guilda Duciaume, qui fréquentait cette école, se rappelle que les élèves entendaient des bruits de boites de conserves qui se frappaient ou encore des sons, presque imperceptibles, comme si on chuchotait. On voyait de la lumière la nuit par les fentes des planches et le matin, le poêle était souvent allumé. Guilda se souvient d’avoir vu de la fumée sortir de la cheminée durant les fins de semaine. Les enfants ont demandé à la maîtresse, Alice Hotte, pour aller vérifier ce qui s’y passait; mais l’institutrice leur défendit formellement de monter là-haut. Guilda et Victoria Duciaume, sa mère, présument que plusieurs parents avaient dû connaître cette cachette, mais ils ne le disaient pas aux enfants qui auraient eu peur et probablement refusé d’aller à l’école.
Un jour, alors que la maîtresse était occupée ailleurs pour quelques instants, les plus vieux de l’école décidèrent d’aller voir là-haut. Ils ont commencé par lancer un morceau de bois dans le grenier pour ensuite monter dans l’escalier doucement, pas à pas, sans bruit, les yeux arrondis par la peur et les oreilles tendues. On me dit que Rémi Préseault était le chef de file. Les autres braves suivaient de près. Enfin, les plus jeunes restaient au pied de l’escalier en regardant les prouesses de leurs aînés. Rémi, lorsqu’il arriva en haut de l’escalier, vit quelqu’un de blanc comme un fantôme qui agitait le bras. Il cria en redescendant: « une femme blanche… ». Et tous sautèrent par-dessus la rampe pour descendre au plus vite. Dans leur empressement pour se sauver, ils auraient même bousculé les plus jeunes qui se trouvaient là. Tous avaient cette exclamation à la bouche: « la femme blanche ». Guilda, Rémi, Ronald, Ildore et Tanguay Duciaume, Gilberte Caron, Rémi Préseault et plusieurs autres se rappellent certainement cette époque de la « femme en blanc ».
Guilda me raconte que cette histoire avait souvent servi de prétexte à se remémorer, avec ses amis, ce temps passé è la petite école du Lac-à-Foin. Un temps spécialement important pour tout le monde, je crois, où on apprenait à regarder la vie en groupe, avec ses peurs, ses inquiétudes et où l’influence des plus vieux de la société nous embarquait aveuglément parfois.
Enfin, l’histoire de ce fantôme s’est terminée le 7 mai 1945, le jour de l’armistice. Guilda affirme que lorsqu’on a démoli la vieille école, il y avait encore des vestiges de notre fantôme: des boites de conserves vides, des vieilles bottes ainsi qu’un lit de guenilles…
Ce texte est une version légèrement modifiée tirée de Notre-Dame-de-Pontmain: 1884-1984, un livre commémoratif produit dans le cadre du centenaire de la municipalité disponible en consultation à la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides.
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