Télécommunications
Brancher Antoine-Labelle complété à 92 %
Le 30 septembre 2022 devait marquer l’aboutissement de la construction du réseau de fibres optiques dans les Hautes-Laurentides. Il y aura bien un peu de retard sur l’horaire, mais le projet Brancher Antoine-Labelle, qui conclut dix ans d’efforts pour avoir Internet haute vitesse, est tout de même complété à 92 %.
Moins de 200 km à construire et environ 3 400 portes à desservir. C’est ce qu’il manque encore à la MRC d’Antoine-Labelle (MRCAL) avant de pouvoir crier « victoire » dans ce dossier. Malgré tout, le 28 septembre, l’organisme municipal pouvait se targuer d’avoir déjà déployé 1 800 km de fibres sur un réseau qui en comptera 2 000 au total. Déjà, 13 800 portes sont desservies sur un total de 17 191.
De multiples facteurs sont venu retarder le projet, comme les délais pour obtenir des permis d’attache aux structures de soutènement de la part des propriétaires de poteaux, des travaux préparatoires exigeants, les aléas de Dame Nature, sans parler de la COVID-19 ou de la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine des télécommunications.
Normand St-Amour, préfet suppléant de la MRC d’Antoine-Labelle et maire de Chute-Saint-Philippe, commente la situation.
« Maintenant, surtout avec la pandémie, le télétravail c’est accessible, c’est réaliste. C’est un grand gain pour la population. Non seulement pour le télétravail, mais juste pour l’utilisation de tout ce qui est données Internet qui rentrent. (…) C’est une grande, grande amélioration. On est très, très, très contents pour tous les citoyens qui l’ont et on pense fort à ceux qui ne l’ont pas encore parce que les branchements ne sont pas complétés, mais on a vraiment très hâte que l’ensemble des citoyens l’aient pour bénéficier de la même qualité de vie (…). »
M. St-Amour se dit impatient de prendre connaissance du prochain recensement de la population des Hautes-Laurentides, car il est persuadé que l’arrivée d’Internet haute vitesse a un impact au niveau de la démographie.
« Les nouvelles familles, les nouveaux retraités, les nouveaux travailleurs, les permis de mutation, les permis de construction : on voit l’impact positif sur la vitalité de l’ensemble de notre secteur dû au fait que l’Internet est disponible. »
Comme l’arrivée du train
L’accès à un réseau Internet haute vitesse ayant été identifié dès 2012 comme un « besoin criant » dans les Hautes-Laurentides, la MRCAL a pris le taureau par les cornes quand elle a conclu que les services ne s’amélioraient pas avec les années alors que les besoins, eux, allaient en augmentant. Quand elle a compris que ses ambitions de couvrir tout le territoire avec un réseau Internet haute vitesse ne pourraient pas passer par les fournisseurs privés, elle a enclenché un projet collectif en 2017 après avoir consulté la population. Le projet Brancher Antoine-Labelle venait de naître.
L’argent est arrivé au mois de novembre de la même année grâce aux programmes des gouvernements fédéral et provincial Brancher pour innover et Québec Branché. Aux côtés du député fédéral de l’époque, David Graham du Parti libéral du Canada, l’ancien député provincial de Labelle, le péquiste Sylvain Pagé, avait comparé l’impact attendu de ce service sur le développement de la région à l’arrivée du train à Mont-Laurier au siècle précédent.
Un projet déployé en trois phases
La MRCAL assure que les derniers kilomètres du réseau seront construits au cours de l’automne et de l’hiver, « aussitôt que les travaux préparatoires sur les structures de soutènement seront réalisés par les propriétaires des poteaux et que les permis seront obtenus ».
Le projet s’est déployé en trois phases. La première s’est terminée en mars dernier et a permis de brancher à Internet haute vitesse 8 654 portes dans les municipalités de Chute-Saint-Philippe, L’Ascension, Lac-des-Écorces, Lac-Saguay, Lac-Saint-Paul, La Macaza, Nominingue et Rivière-Rouge, grâce à plus de 900 km de fibres optiques.
La seconde phase s’achève et on parle cette fois de 8 088 portes branchées au service grâce à près de 1 000 km de fibres optiques. Les municipalités concernées sont Ferme-Neuve, Kiamika, Lac-du-Cerf, Lac-Saint-Paul, Mont-Laurier, Mont-Saint-Michel, Notre-Dame-de-Pontmain, Notre-Dame-du-Laus, Sainte-Anne-du-Lac et Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles.
Enfin, l’automne 2022 bouclera la boucle avec la phase 3, qui a été annoncée en juillet 2021, dans le cadre du volet Éclair II de l’Opération haute vitesse : la stratégie gouvernementale. Environ 100 km de fibres optiques viendront s’ajouter au réseau et permettront de brancher 449 portes supplémentaires.
Des millions de dollars investis
Le projet a pu compter sur des subventions initiales de 26 millions de dollars (M$) de la part des gouvernements du Québec et du Canada, une somme à laquelle se sont ajoutés en cours de route 11,7 M$ avec le volet Éclair II de l’Opération haute vitesse : la stratégie gouvernementale.
Les résidents des Hautes-Laurentides participent activement au financement de ce projet considéré comme un service municipal, puisque leur contribution est de 24 M$. Ce montant a commencé à être remboursé par les contribuables en 2020 grâce à une taxe foncière de 103 $ sur tous les immeubles et de 30 $ sur les terrains construisibles qui sont desservis. Le remboursement s’étale sur une période de 20 ans.
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