À l’œuvre depuis plus de 30 ans
L’artisan du cuir Gilles Gaudet craint qu’il n’y ait pas de relève
Gilles Gaudet de Rivière-Rouge est un artisan qui travaille le cuir pour en faire des objets d’utilité au quotidien. Il pratique la maroquinerie depuis plus de 30 ans et se dit bien connu dans la grande région, ce qui lui permet de bien arrondir ses revenus. Mais âgé de plus de 70 ans, il s’inquiète de ne pas voir la relève cogner à sa porte, du moins celle qui tient à pratiquer le métier comme il se doit avant de mériter le titre d’artisan reconnu.
![Gilles Gaudet est un artisan qui pratique la maroquinerie dans les Hautes-Laurentides. À 70 ans, il craint que la relève ne soit pas au rendez-vous. (Photo L’info du Nord - Ronald McGregor)](https://infodelalievre.ca/wp-content/uploads/sites/26/2022/12/IV-IL-CUL-pas-de-releve-GGaudet-27decembre-1024x768.jpg)
« Il n’y a pas de relève du tout », indique d’emblée l’artisan. Mais pourquoi? Selon M. Gaudet, une des causes réside dans le coût des outils pour pratiquer cet art qui remonte à la préhistoire. Ça et l’achat de matériel, bien que le cuir ne semble pas avoir augmenté depuis quelques années, remarque l’artisan.
« J’avais une élève cet été à Nominingue. Elle a acheté des outils, puis elle a arrêté parce que, justement, les outils sont trop chers. J’ai eu la chance il y a 30 ans d’avoir les outils moins chers. » Si les fabricants des outils demandent plus aujourd’hui, c’est en réponse à l’offre et la demande, explique M. Gaudet qui a vu le marché évoluer.
« Un exemple, le marteau de cuir. C’est maintenant une cinquantaine de dollars. Si vous investissez un 50 $, ce n’est pas grave. Autre exemple, les petits poinçons dont je me sers pour repousser le cuir. Ils coûtent environ 6 $. Mais, il y en a 300 [poinçons différents]. » Cela fait dire au Riverougeois que l’on doit débourser des milliers de dollars pour se dire « full équipé », bien que l’on puisse réussir avec beaucoup moins.
Autre chose rebuterait la relève, selon M. Gaudet: avoir de la patience. Il donne comme exemple la confection d’un porte-bouteille qui lui a coûté une semaine de travail récemment. « Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus autant de patience », juge-t-il.
Tout va bientôt se faire à la machine, déplore l’artisan. « Pour maîtriser notre art, ce sont des heures de pratique. Je me souviens du temps où j’ai débuté. Je fabriquais des porte-clés et j’avais de la misère! Aujourd’hui, c’est une bagatelle. Après 30 ans de pratique, on fait nous-même nos dessins », dit-il en expliquant un peu sa démarche de travail.
Un bon marché pour la maroquinerie
Notre artisan vend ses pièces en ligne à l’international via sa page Facebook à son nom et dans notre région, comme au hameau de la gare de Nominingue et lors des marchés. C’est souvent de ces endroits que fusent les demandes.
« J’ai des demandes, mais je ne suis plus jeune: je vais avoir 71 ans. Commencer à voyager à gauche et à droite avec tout le matériel, ça commence à être difficile. »
Puis la conversation revient sur la relève où il résume ses propos.
« Ça prend du monde, car c’est un art ancestral et ça prend aussi une relève jeune, quelqu’un qui veut s’investir. Ce n’est pas une obligation de tout acheter [les outils] d’un seul coup, mais ça prend de la patience. Il faut dire aux jeunes que c’est un bel art. »
Gilles Gaudet met en garde ceux qui croient gagner leur vie dès le départ. Par contre, il ajoute qu’un bon artisan peut facilement en vivre au fil des ans.
Alors, qui veut propulser la maroquinerie plus loin dans ce siècle?
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