« Pour déneiger aujourd’hui, il faut être fait fort! » – René Cournoyer
Le déneigeur du secteur Sainte-Véronique de Rivière-Rouge, René Cournoyer, cumule plus de 20 ans de métier dans le réseau municipal, la route 117 et le résidentiel. Récemment, sur un réseau social, il a lancé un cri du cœur : celui de respecter les chauffeurs de déneigeuses. Justement, qu’est-ce que ce métier qui demande tant pour ces gens qui travaillent pour notre sécurité?
« Pour déneiger aujourd’hui, il faut être fait fort. Tout le monde veut être ouvert en même temps et surtout, à leur réveil, explique René Cournoyer. Ils ne considèrent pas qu’il neige sans cesse et parfois plus au petit matin que la nuit. La machinerie peut briser, et ça, c’est hors de notre contrôle. Il faut aussi composer avec les heures de pointe et être prudent pour ne rien briser et ne blesser personne. Chaque personne a des exigences de déneigement et tout le monde veut ça différemment. […] »
Le déneigeur besogne sur un camion 10 roues monté d’une « gratte » réversible à l’avant et une aile de côté. L’entreprise pour qui il travaille se trouve à Lac-Saguay. Des déneigeurs qui se partagent environ 300 résidences, dit-il, bien qu’il s’avoue prudent sur ce chiffre. Chose certaine, comme lui, la douzaine d’heures de travail au quotidien est monnaie courante.
Pas toujours évident
Un des aspects du travail de déneigeur qui, met souvent en rogne celui-ci, c’est l’attitude des automobilistes qui le suivent.
« Ils sont très impatients », souligne gras René Cournoyer. « La majorité fait des manœuvres de dépassement complètement folles. Certains téméraires le font à des endroits où c’est super dangereux, voire interdit, ou encore quand ce n’est pas le temps. Parfois, des automobilistes me dépassent à droite quand je nettoie sur la voie! C’est là que la « sloche » et la neige, et parfois de petits cailloux, sont rejetées. C’est souvent dans le champ qu’ils se retrouvent. D’autres se lancent dans la voie lente quand je déneige la voie rapide. Là aussi c’est dangereux. Ça arrive trop souvent sur la 117, une route qui est un autre monde, j’avoue ».
Respect des camionneurs
René Cournoyer soulève que ces problèmes sont plutôt rares avec les grands transporteurs. « Quand il y a une grande lignée de véhicules, on leur donne une chance en leur indiquant qu’ici il y a une belle place pour me dépasser. Eux respectent notre façon de travailler, bien qu’on le fait aussi pour les automobilistes ».
Dans la mesure du possible, le déneigeur se range sur le bord de la route ou dans un autre endroit sécuritaire pour laisser passer les véhicules pressés. Mais le dépasser le soir de tempête ou blizzard n’est pas la meilleure idée quand la route n’est pas visible.
« On y va avec la logique. Quand on voit que la file est trop longue, on se colle, mais ce n’est pas évident, car il y a comme un tronçon qui ne nous permet pas de faire marche arrière et reprendre notre travail en reculant sur la 117 après qu’ils me dépassent. On essaie autant que possible à une intersection ou ailleurs quand ce n’est pas dangereux de se ranger. Il suffit à tous comme à moi d’être patients ».
Vitesse lente…
Pourquoi les déneigeuses roulent-elles souvent lentement? Cela aiguise la patience de l’automobiliste, convient René Cournoyer. Mais les déneigeurs n’ont pas le choix.
« Tu vois, sur ma « gratte » il y a une pièce de métal sur toute sa largeur qui est faite d’un métal qui s’use très vite et qui chauffe pratiquement à devenir rouge, quand on roule à plus de 30-35 km/h. On doit donc le faire souvent au ralenti. Mais il y a aussi la neige qui frappe fort le pare-brise quand l’on va trop vite ».
Nous avons tendance à croire que l’impatience peut mener à des accrochages verbaux entre des partis, surtout sur la route. Le déneigeur nuance un peu.
« Je te dirais que c’est plutôt dans le monde municipal, mais ce n’est pratiquement jamais le cas, pour moi du moins, lorsque je suis sur la 117. Dans le municipal, c’est parfois plus corsé ».
Il ne cache pas qu’ouvrir les cours de particuliers amène son lot d’histoires racontées souvent par ses collègues. Par exemple, ceux qui veulent une cour parfaite pour leur départ au travail, mais qui ne sont parfois pas en diapason avec le déneigeur qui souvent ne prennent pas souvent de pause pour joindre les deux bouts.
« Les déneigeurs résidentiels partent souvent avant nous pour faire le tour des maisons. Et souvent, ils doivent recommencer s’il neige fort ou laisser un banc de neige en ouvrant la cour. Et parfois, ça dérape… verbalement. J’ai entendu des histoires de clients qui stationnent leur véhicule, et celui de leur femme aussi, en plein dans le chemin de la déneigeuse. Et même une histoire d’un homme qui a demandé au déneigeur en brassant ses clés s’il voulait déplacer son automobile. Ce n’est pas notre job! Nous, on fait notre max pour eux, mais certaines situations sont fâcheuses ».
« On ne voit rien devant nous »
Malgré le camion qu’il conduit, le déneigeur avoue que des situations pour le moins stressantes existent. Notamment celles où en soirée le blizzard se donne en spectacle.
« Quand on ne voit pas la route, malgré notre véhicule fait pour braver les tempêtes, les conditions ne sont pas meilleures pour nous. Souvent, on perd complètement la route de vue. C’est que la neige rafale au point que notre parebrise est paqueté de neige qui gèle instantanément. Sans oublier que les rafales partent de gauche et droite vers les véhicules derrière nous.»
«Les soirées de blizzard sont les pires. Le stress est accoté! Et je n’ai pas le choix d’être très prudent, car des véhicules me suivent et j’ouvre la route pour que justement il n’y ait pas d’accident. » -René Cournoyer, déneigeur de la 117
Sur la 117, le déglaçage s’effectue presque au quotidien, confie René Cournoyer. Ce n’est pas tout le temps le cas sur le réseau municipal, quoique des exceptions existent. Le problème, ce sont les longues et importantes pluies verglaçantes.
« Là ce n’est pas évident de refaire un fond dur plus sécuritaire pour les gens. Il peut tomber 5 cm de neige avant que les déneigeuses de municipalités prennent la route. Pour la 117, dès qu’il y a trois flocons de neige, il faut se préparer à joindre nos camions », rigole le déneigeur.
Une vie privée souvent brimée
La vie privée du déneigeur en prend un coup l’hiver. Les heures longues et la grille de temps impossible à gérer en sont la cause.
« Tu vois, pour moi, c’est pratiquement impossible d’acheter un billet de spectacle d’avance pendant l’hiver, car je ne peux pas deviner la température exacte dans trois jours imagine sur deux mois ».
La prochaine fois que l’on prend la route, ne prenons pas le champ : respectons les déneigeurs qui ont pour mission première de s’assurer que l’on arrive à bon port bien en vie.
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