Entrevue avec l’artiste Patricia Gauvin
Déambuler dans le cerveau humain
Jusqu’au 13 novembre, le Centre d’exposition de Mont-Laurier présente gratuitement l’exposition immersive Rencontrer l’imaginaire de Patricia Gauvin.
Par le dessin grand format, la sculpture et la vidéo, l’installation immersive Rencontrer l’imaginaire propose une réflexion sur l’émergence des idées, sur les éclairs d’inspiration et sur les barrières de l’esprit. En donnant au public l’impression de déambuler dans le cerveau humain, Patricia Gauvin permet de plonger dans les méandres des pensées.
Parcours immersif
L’exposition prend la forme d’un parcours immersif à l’intérieur du cerveau de Patricia Gauvin. Deux gigantesques dessins de 36 pieds ornent les murs, l’un représentant des connexions neuronales et l’autre dépeignant l’artiste en train de déambuler entre ses barrières mentales. Des sculptures semblent émerger des fresques, et une œuvre vidéo est projetée au fond de la salle. Symbole des barrières mentales que l’on s’impose, des clôtures occupent près de la moitié de l’espace d’exposition. Par l’utilisation du papier, l’artiste a tenté de tourner ces barrières au ridicule, elles qui nous empêchent d’avancer et d’être inspirés alors qu’elles ne sont pas si insurmontables.
Si plusieurs des œuvres ont été créées spécifiquement afin d’être exposées à Mont-Laurier, d’autres faisaient partie du corpus d’In vitro de l’imaginaire, présenté à la Maison de la culture d’Ahuntsic en 2023 : « C’est une suite, mais ça va ailleurs », explique Patricia Gauvin. C’est suite à la création de ses structures neuronales, fabriquées à l’aide de bouchons récupérés multicolores, que l’artiste a été inspirée à sortir de son thème monochrome : « C’est la première fois que je touche à la couleur (…) J’avais peur, mais finalement, j’aime beaucoup l’effet que ça donne. »
Une centaine de dessins préparatoires témoignant de son processus créatif sont également affichés dans le hall adjacent à la grande salle d’exposition. Patricia Gauvin débute fréquemment ses explorations par la peinture afin d’expérimenter avec différentes textures. L’artiste s’octroie une grande liberté dans sa démarche plastique, croyant fermement que l’intuition guide l’inspiration.
L’émergence des idées
« L’émergence de l’idée, ça touche tout le monde », déclare d’emblée Patricia Gauvin. « On a 40 000 pensées par jour. » Elle se questionne : « Comment les idées se distinguent de ces pensées-là? » Selon les recherches auxquelles elle s’est dévouée dans les dernières années, les idées émergent généralement dans un moment de tranquillité, comme dans la douche ou dans la voiture, et tentent de répondre à un problème en suspens. L’artiste, qui enseigne également à l’UQAM, poursuit : « Je dis toujours aux étudiants que pour avoir des idées, il faut d’abord être enthousiaste face au projet qu’on leur propose. Ensuite, discuter avec les autres, aller voir des expositions, ça va faire popper quelque chose dans leur esprit (…) Les informations voyagent d’un côté à l’autre du cerveau dans un moment de repos, de laisser-aller. Il ne faut pas trop y penser, il ne faut rien forcer. » Elle donne l’exemple d’une exposition collective lors de laquelle elle avait été déçue par l’espace réservé à ses œuvres : « L’émotion empêchait l’émergence de l’idée. » Pour l’artiste, la fermeture d’esprit face aux problèmes fait partie de ces barrières superflues qui nous empêchent d’avancer.
Ces pensées polluantes ont par ailleurs fait l’objet de l’une des expositions de Patricia Gauvin. Avec des blocs de ciment marqués de pensées négatives symbolisant ces « égos ravageurs » qui nous pèsent trop souvent, l’artiste tentait de ridiculiser et de mettre en perspective une fois de plus les blocages imposés par notre esprit. « J’essaie de contrôler mes pensées parce qu’en art, c’est facile de se décourager. »
Un parallèle avec la nature
En dessinant des connexions neuronales, Patricia Gauvin s’est aperçue de la similitude entre les neurones et la végétation. Elle représente le monde interne de la pensée avec des formes qui s’apparentent autant aux connexions du cerveau qu’aux végétaux. Pour elle, la confusion entre le paysage et les neurones suggère un lien intrinsèque entre les humains et la nature. Après son projet d’exposition à Mont-Laurier, elle compte poursuivre ses recherches afin de pousser sa démarche encore plus loin : « Je veux voir, dans les livres anciens, comment les premiers neurologues illustraient le cerveau pour essayer de voir des rapprochements avec la végétation. Je veux communiquer l’idée que nous sommes la nature, que dans notre tête, c’est une forêt, et que la forêt, c’est un peu comme les neurones de la Terre. »
À propos de l’artiste
Patricia Gauvin se consacre à l’exploration et à la matérialisation des dimensions insaisissables de l’expérience humaine, telles que les peurs, les pensées polluantes et l’imagination. Elle s’intéresse à la façon dont les pensées créatives émergent non seulement des expériences passées, mais aussi des préoccupations quotidiennes. Par son art, elle cherche à rejoindre la corde sensible et universelle de la création. Elle aspire également à rapprocher la science et les arts, plusieurs de ses expositions ayant exploré des thèmes liés au laboratoire.
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