Louise Latraverse : Liberté, indépendance et amour, crisse!
Ce dimanche 22 septembre, l’Espace Théâtre présentera le spectacle L’amour crisse de la tout autant sage que pétillante Louise Latraverse.
Lors de son passage à l’émission En direct de l’univers, à la question « De quoi la Covid ne viendra pas à bout ? », Louise Latraverse a simplement répondu : « L’amour, crisse ». Avec son one woman show, la grande dame souhaite aller à la rencontre des gens, qui lui ont tellement manqué pendant la pandémie. Elle invite le public à un spectacle irrévérencieux, coloré et profondément humain, à son image.
Vous rêviez depuis longtemps de faire un one woman show. Qu’est-ce qui vous a incitée à vous lancer ?
C’était now or never, comme disent les Russes ! Je me suis : vas-y, c’est maintenant. J’ai 84 ans, il faut que je le fasse. Alors voilà. J’ai décidé de m’y mettre. J’ai trouvé un producteur qui était intéressé et la machine s’est mise en marche. C’était dans ma tête depuis un bon moment. Puis il y a eu la pandémie, ce qui a arrêté tout le processus. Je suis restée à la maison, comme je suis quand même très fragile, et je ne suis pas sortie pendant 3 ans.
Ça a dû être une expérience difficile.
C’était toute une expérience individuelle et humaine de se retrouver seule dans une maison pendant 3 ans. C’est assez particulier. D’accepter que rien, c’est vraiment rien. Et rien, c’est extrêmement difficile à vivre. Ne rien faire, ne plus participer à la société, attendre que le temps passe. Il y a un livre qui m’a beaucoup, beaucoup aidée, qui m’a marquée, c’est le livre de Nelson Mandela, qui a passé 27 ans dans une prison. Il n’avait qu’une toute petite fenêtre, il regardait les nuages pendant 27 ans, et il n’a jamais laissé tomber son rêve de sortir son peuple de l’apartheid. Cet homme courageux et brillant a été mon inspiration. Je me suis dit que s’il avait passé 27 ans comme ça, j’étais capable de passer un an, ou whatever le temps que ça durerait.
L’art visuel représente une part importante de votre vie. Peignez-vous ou dessinez-vous encore souvent ?
Dès que je peux. En ce moment, je suis plus dans l’organisation du show etcétéra, mais dès que la tournée et tout sera terminée, ce que je veux faire pour le reste de ma vie, c’est dessiner et écrire ! Voilà les deux choses qui me passionnent et c’est ce que j’ai envie de faire. C’est formidable, en vieillissant, d’être indépendant. Moi, le but de ma vie, c’était la liberté et l’indépendance. Je me suis battu pour ça toute ma vie, et ce sera comme ça jusqu’à la fin.
Vous avez dit à maintes reprises que votre vie était une quête de liberté. La liberté, on la trouve ou on la fabrique ?
Ça se travaille, la liberté. Ce n’est pas une chose qui est acquise. On le voit dans tous les pays du monde ; il faut que tu te battes pour ta liberté. C’est un état d’esprit. Il faut tous les jours se rappeler que c’est ce qu’on veut, et qu’on travaille pour l’avoir (…) Max avait 4 ans quand son père est mort. Il fallait que je fasse vivre mon fils, c’est tout. Il n’y avait pas de discussion ; je travaillais et c’était ça, ma vie. Et j’ai beaucoup aimé cette vie-là. Je n’avais pas de grand talent, je ne suis pas allée à l’école, je suis allée jusqu’en 11e année à l’école anglaise. Donc, je me suis mise à travailler. Je suis une autodidacte, j’ai travaillé à apprendre ce que j’avais à apprendre. J’ai beaucoup aimé ça.
Vous avez écrit dans votre livre, intitulé simplement Louise Latraverse, « Je revendiquais le droit d’avoir cinquante ans, de travailler comme un homme, de vieillir comme un homme, d’être respectée comme un homme. » Comment s’affranchit-on de ces attentes qui pèsent sur les actrices, mais aussi sur toutes les femmes ?
De plus en plus, les femmes sont affranchies (…) Les femmes ont plus de pouvoir, parce qu’elles le prennent. Parce qu’elles décident. Elles ne sont plus assujetties aux décisions des hommes. C’est terminé. Vous savez, le féminisme, la révolution culturelle, ça a bouleversé le monde. On dit qu’il y a une révolution culturelle par siècle, et nous, on l’a vécu. C’était absolument fabuleux. Tout éclatait. C’était les shows comme L’Osstidcho, le théâtre. Dans le monde entier, les artistes s’exprimaient, les femmes s’exprimaient ; c’était leur libération. C’était énorme ! Et vous [les jeunes femmes], vous profitez de tout ce qu’on a fait. Alors j’aimerais vous entendre dire merci ! [rires] C’est à vous de continuer et de faire ce qu’il faut pour garder votre liberté, votre indépendance. Ça permet d’avoir des relations beaucoup plus intéressantes avec les hommes, d’égal à égal. Ça évite beaucoup de heurts. Moi, je ne voulais pas qu’un homme me fasse vivre (…) J’ai vu tant de femmes se faire mettre dehors. Avec la maison Louise Latraverse[1], qui s’occupe justement des femmes qui se font jeter dehors et qui ne savent pas où aller, je me suis dit au moins elles auront un endroit, un logement où aller avec leurs enfants (…) J’ai eu des amants, j’ai vécu avec des hommes, mais c’est eux qui venaient vivre chez moi. Voilà. Les jeunes filles, travaillez votre indépendance, achetez-vous ou louez-vous vos appartements, mais gardez vos affaires chez vous !
À quoi peut s’attendre le public avec votre spectacle ?
Il peut s’attendre à une femme de 84 ans qui a vécu une vie passionnante. C’est ce que je viens raconter, mes expériences, ma vie, et à travers ça un peu d’humour, et je chante. Je veux simplement donner le goût aux femmes de vivre de liberté, de réaliser tout ce qu’elles ont à réaliser, d’enlever la peur. Je crois au pouvoir des femmes. Allez-y, faites ce que vous avez à faire !
Un mot de la fin ?
Dites aux gens de venir, qu’on les brasse un peu et qu’on ait du fun ensemble ! Parce que c’est ça mon but. Je sors de chez nous parce que j’avais besoin de voir du monde. On a tous le même besoin de se retrouver ensemble pour parler des choses qui nous concernent, qu’on aime, qu’on veut réaliser. Moi j’ai 84 ans et je pète dans le trèfle, j’ai de l’énergie parce que la vie est belle. Il faut en profiter. On vit dans un pays extraordinaire, privilégié. Il faut savoir toutes les chances qu’on a, et les prendre. Parce qu’elles sont là.
[1] La maison Louise Latraverse est une nouvelle construction de la maison d’aide et d’hébergement Simonne Monet-Chartrand qui visera à offrir un lieu confidentiel et sécuritaire pour les femmes à risque de féminicide et leurs enfants.
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