Merci, les profs

  • Publié le 1 mai 2023 (Mis à jour le 12 avr. 2025)
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In Médias


Après-midi pluvieux, sombre et lugubre. Classique fin novembre. Je suis en classe, celle de la première année de l’école Sacré-Coeur. Étant le plus petit ou presque, on m’assoit au-devant de la salle. À côté de moi, une élève qui, sans déranger qui que ce soit, éprouve néanmoins des difficultés d’apprentissage. Sans crier gare, coup de tonnerre ! La prof saute un câble, garroche au sol les cahiers et autres papiers de l’étudiante, criant en perdue. L’enfant, maintenant à quatre pattes, ramasse ses trucs, larmoyante. Le dos tourné à la marâtre, elle se prend un spectaculaire coup de pied au cul, talons hauts en prime.

Quelques années plus tard, école de la Carrière, 5e année. Une prof aux portes de la retraite nous gueule dessus semi-temps plein, sans égard aux motifs. Frustrée, mal de vivre, allez savoir. Mais on y goûte. Pour un oui. Pour un non. Le jour où plusieurs de nos parents finissent par s’en plaindre, nous voilà encore davantage dans le trouble : mitraillette de cris et d’injures à l’ensemble de la classe, nous qui avons osé dénoncer un climat toxique et peu propice, il va sans dire, à l’apprentissage.

À une occasion ou deux, cette même prof arrive en cours, larmes de colère aux yeux. La raison? Elle vient de se faire intercepter par les flics, pour cause de refus de porter la ceinture de sécurité, depuis peu obligatoire.

– Je leur ai dit, aux polices: NON, vous ne me forcerez pas à porter votre maudite ceinture, c’est-tu clair?!?

Pour l’enseignement du respect des normes et institutions, on repassera…

Les deux histoires, même si elles remontent à pratiquement 35-40 ans, m’ont manifestement marqué. Et pourquoi vous en parler aujourd’hui? Parce que la crise médiatique de la semaine dernière, où roulait en boucle la bande audio d’une prof engueulant ses élèves, m’a fait réfléchir : qu’en était-il, dans « mon temps »? Me sont alors venues à l’esprit ces deux anecdotes, légèrement traumatisantes. Mais à part celles-ci? Rien. Zéro. Plutôt, en fait, le souvenir de profs dévouées, engagées et bienveillantes. Qui, si elles devaient inévitablement parfois faire discipline, savaient aussi nous gratifier d’un sourire ou des félicitations aux suites d’un bon coup. Qui souhaitaient, indubitablement, notre réussite scolaire et autres.

Je pense ici à Anne-Marie Legault, qui m’avait fait jouer au narrateur, et ce, dans une église remplie.

À Nicole Courcelles, qui m’avait aussi attribué un rôle du genre.

À Marie-Berthe Campeau, qui m’avait fait jouer le rôle principal d’un conte de Noël.

Ceci allait me pousser à cultiver ma confiance de l’enfant que j’étais, et qui a assurément contribué à me traîner, éventuellement, vers le milieu médiatique.

Des histoires du genre, il en pleut.

C’est pourquoi, retour à la crise de la semaine dernière, j’en étais triste. Parce que pendant plusieurs jours, plusieurs suggéraient d’enregistrer les profs, histoire de suivre leurs faits et gestes. À l’Assemblée nationale, le Parti libéral proposait même aux élèves de filmer et de « briser l’omerta », comme s’il était ici question d’une véritable plaie d’Égypte. D’autres, enfin, proposèrent un Ordre des profs, soit un genre de police.

La question, maintenant : pourquoi lapider sur la place publique l’entièreté d’une profession sur la seule base d’un dérapage, aussi condamnable soit-il?

Pourtant, si on cesse les bêtises, on conviendra que les classes sont surpeuplées, que les ressources sont déficientes, que la pénurie de profs fait rage, que plusieurs se sauvent en courant vers d’autres domaines, que nos écoles sont vétustes et/ou contaminées, et que les burn-out sont maintenant monnaie courante.

Mais de ça, on n’en parle pratiquement jamais. Ni du fait que malgré ces embûches et obstacles aux allures d’écuries d’Augias, nos profs assurent, au quotidien, de petits miracles.

Et bien moi, je le dis : Anne-Marie, Nicole, Marie-Berthe et combien d’autres, MERCI.

Je vous suis, à l’instar d’une pléiade de ti-culs, parfaitement redevable.

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