Collaboration spéciale Carmen Duffy. Nous voilà vraiment orphelins, comme mon grand-père est parti et que mon père travaille toujours dans les chantiers comme « foreman », que faire de ses enfants ? On retourne à Mont-Laurier où l’hospice Ste-Anne nous attend malgré les grandes familles des deux côtés de mon père et ma mère. On part avec tante Odile et papa, ma sœur Florence âgée de sept ans, mon frère Lionel cinq ans et moi quatre ans.
Pour ne pas trop nous intimider, on entre par l’escalier arrière. Sur la galerie, les vieillards se bercent en fumant leur pipe.
Je tiens la main de mon père, on entre à la cuisine et ils nous servent un petit repas. C’est la visite de notre nouvelle demeure. Quand on sort de la cuisine et qu’on entre au réfectoire, il y a des grandes tables et tous les couverts, assiettes à l’envers placées bien droites. Ensuite le passage qui conduit au parloir quand on aura de la visite.
Quand on entre par la grande porte en avant, la première chose que l’on voit c’est la statue de la fondatrice, mère Marie Youville, très impressionnante. À côté de la classe, c’est la grande salle de jeu pour les petites filles, car on est séparées des petits garçons.
Au sous-sol ce sont les vieillards, au premier étage les femmes âgées. Sur le même étage, il y a une aile où est situé le premier hôpital de Mont-Laurier et une belle chapelle au milieu.
L’autre étage c’est celui des religieuses « les sœurs grises » qui font notre instruction. Les enfants couchaient au dernier étage: les dortoirs des petites filles étaient à gauche et ceux des garçons à droite. Petits lits en rangées très droites, recouverts de beaux couvre-pieds blancs avec une petite fille brodée en bleu.
Il y a aussi la cellule de la sœur gardienne, sœur qui a changé souvent. Nous ne sommes pas très nombreuses à notre arrivée, peut-être une dizaine d’enfants: Budge, Pilotte, Paquin, Labelle et nous qui nous appelons Duffy; au début on était gâtées.
Un jour, après la messe lors de la fête Dieu, l’aumônier l’abbé Coté avec l’ostensoir et l’eau bénite est passé dans tous les appartements de la bâtisse pour la bénédiction et c’est là qu’on a vu le quartier des garçons, leurs couvre-pieds étaient blancs avec un petit garçon brodé en rouge. Tous les étages étaient propres, car il y avait eu tout un ménage pour la fête Dieu.
Malgré le fait que nous sommes dans la même bâtisse, nous ne partageons pas les mêmes locaux que les personnes âgées. On les voit lorsque nous allons à la messe ou de loin à l’extérieur lorsque nous allons aux récréations. Elles se bercent sur les galeries.
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