Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Pas de répit pendant les vacances
Marie Thérèse Carmen Duffy (7/8)
À l’hospice Ste-Anne, Florence était très bonne pour faire une déclamation d’une demi-heure sans se tromper. Je me souviens encore d’une fois où le titre était: « Un jour j’aurai mon prêtre ». Tante Odile en avait les larmes aux yeux car c’était son rêve. Son fils Roland est devenu père Oblat à la Baie d’Hudson.
Aux vacances, il faut être utile. Je vais avec une sœur pour changer les lits des vieillards. J’ai appris à bien faire les pointes des draps, ça m’a servi pour plus tard. On va au lavoir et je vous dis qu’il y fait chaud. On appelle cela les grosses calandres: deux d’un côté pour mettre les draps dans les séchoirs et deux autres devaient les plier en les recevant. Une chance que je sois assez grande pour qu’ils ne touchent pas par terre.
On lave à genoux les escaliers des cinq étages, ainsi que le plancher de notre salle de récréation. Chacune lave sa lisière et ensuite on applique la cire et là, on peut glisser en bas de laine pour éclaircir le plancher.

Les Courtemanche: Hervé, oncle Mathias, Père Roland, tante Odile et Lucien. (Photo gracieuseté – SHGHL – Coll. Carmen Duffy)
Durant les vacances d’été, pour faire la sieste on se couche sur notre manteau directement sur le plancher. Il ne faut pas oublier la collation de deux heures, j’aime vraiment ça. On a droit à une rôtie que les sœurs ont eue en trop le matin et on peut la tremper dans la mélasse. On va à la cuisine pour aider et lorsque je tranche des tomates vertes, s’il y en a une un peu rosée, je me permets de la manger.
Au réfectoire, on lave et on replace bien la vaisselle. Il y a dans l’armoire une « diche » en aluminium qui contient de la mélasse et du gingembre contre le rhume. Je pense que j’en ai mangé un peu trop, j’ai été malade. Le soir, on prend une cuillerée d’huile de foie de morue. Mille mercis, ce n’est pas bon au goût mais très bon pour la santé. J’aurais dû en faire prendre de force à mes enfants car ils n’aimaient pas cela.
Quand le printemps arrive, on part toutes en ligne suivies d’une sœur, pour prendre une marche. Une fois, comme je suis toujours maladroite, ou peut-être poussée par celle en arrière de moi, je tombe dans un méchant trou d’eau. Je me souviens que c’était devant la buanderie d’Elmer Courtemanche. Elmer me fait entrer à l’intérieur pour me changer et faire sécher mon linge; il m’a gâtée un peu. C’est le beau-frère de tante Odile, j’avais bien choisi ma place pour tomber !

Je suis la jeune fille à gauche qui porte un bouquet de fleurs dans ses bras. C’est mon 11e anniversaire en 1938 et ma sœur Florence, juste derrière moi, a invité une dizaine de mes amies de l’orphelinat pour faire la fête chez tante Odile. (Photo gracieuseté – SHGHL – Coll. Carmen Duffy)
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