Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Gaston Courtemanche (1948) et Wilfrid Lacelle (1947): au Rapide-de-l’Orignal (3/4)1

Gaston: C’était comme ça.
Wilfrid: Un jour à l’automne, le marchand Ben Laurin place ses mannes de pommes sur des planches à l’extérieur de son magasin. Un homme attrape une pomme et la croque sans la payer, alors nous autres aussi on en prend une et on la croque. Le vieux Ben nous ramasse et nous dit: « Aïe! Les p’tits gars, les pommes sont à vendre. » On ne savait pas que l’individu était son fils Robert.
Gaston: À la boulangerie Coursol, quand ils tranchaient le pain, les croûtes tombaient chaque côté du convoyeur. On en a bouffé des croûtes.
Wilfrid: Madame Coursol ouvrait ses châssis doubles et déposait ses tartes sur le rebord de la fenêtre pour les refroidir. Oups! Une tarte pour nous. Une voisine, madame Lamarche, refroidissait les siennes de la même manière. Un jour, cachée derrière le châssis, elle nous a pris sur le fait et nous a « câlissé » un bon coup de verge sur les doigts. On refilait un morceau de tarte à son garçon pour sa surveillance. Notre chum nous dit: « Je vous avais avertis que maman était là. »
Gaston: Ah! On en a joué des tours, ça n’a pas de bon sens. Un des fils du policier avait une petite Renaud bleu poudre. En ce temps-là, il y avait de beaux arbres au Rapide. Tard le soir, en gang on prenait son char et on le coinçait entre deux arbres: il ne pouvait ni avancer, ni reculer, il ne restait qu’un pouce ou deux pour le sortir de là. Le lendemain, le gars devait demander l’aide d’un « towing ». Puis le surlendemain, on remettait ça. Je ne compte pas le nombre de fois que son père policier a essayé de nous attraper, sans succès. On était jeunes et on courait plus vite que lui, jusqu’au jour où il a disposé d’une voiture, là on cherchait des trous pour se cacher.
Wilfrid: On ramassait des concombres grimpants. Il y avait une shed près de la buanderie. Quand un jeune passait en bicycle entre les deux bâtisses, on le bombardait. On a essayé avec nos slingshots, mais si on serrait trop fort, les concombres « pétaient ». Tout le monde avait son slingshots. On était sur le bord de la délinquance.
Gaston: On fouillait les vidanges du photographe Boudreault, qui avait son studio sur la rue du Portage. On cherchait des négatifs, c’étaient nos lunettes de soleil. D’autres fois on s’introduisait dans le backstore d’un magasin de gros par une petite ouverture. On prenait des biscuits, du chocolat, des chips, des liqueurs, de la tire Ste-Catherine… On se faisait des réserves, même que les enfants de ces familles-là nous accompagnaient dans nos expéditions. On partageait notre butin avec eux. On n’était pas malhonnêtes, c’était pour manger des friandises qu’on n’avait pas.
Wilfrid: L’hiver on jouait au hockey avec des pommes de route2 gelées, très dures, en guise de rondelles. Ça cognait solide. Pour glisser sur la neige, on clouait une chaise sur des skis. L’un assis sur la chaise, l’autre debout derrière sur les planches, on dévalait la côte. Descendre la pente comme ça, c’était quelque chose.
Gaston: On fabriquait nos skis avec les planches d’un baril de bois. Avec des petits traîneaux et des traînes sauvages on glissait dans la côte située devant le séminaire. Et des fois on plongeait du haut d’une autre colline abrupte, près de la croix, aux limites de la Briquade. Les jeunes l’appelaient la « côte à KISS », car beaucoup d’entre eux y avaient embrassé des arbres… dont moi-même.
1 Texte tiré du verbatim d’une entrevue réalisée par Louis-Michel Noël pour la SHGHL en 2010.
2 Crottin de cheval.
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