Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Nos institutrices rurales (2/2)
Par Cécile Reid-Brisebois.
À l’École Normale, nous étions bien encadrées et si le règlement était sévère, il y avait les compagnes, les amies avec lesquelles il faisait bon vivre sans autre responsabilité que l’étude des matières au programme, l’apprentissage des classes d’application bien surveillées par nos professeurs et la titulaire de la classe qui nous était dévolue. Je laissais tout cela pour une vie de solitaire durant des mois… Je n’étais vraiment pas dans de bonnes dispositions pour entrer dans une maison vide, fermée depuis deux mois, ni pour apprécier l’accueil sympathique de la famille voisine chez laquelle j’allai chercher la clé de l’école.
Nos bagages installés nous sommes retournées à la maison en essayant de presser le cheval, sans grand succès d’ailleurs, si bien que la nuit nous a surprises en chemin et que le voyage de retour m’a paru interminable.
Le mois de septembre arrivé, je revins avec Agnès, m’installer définitivement, du moins le croyais-je. Mais au fur et à mesure que s’écoulaient les jours, je constatais que je n’avais ni la compétence ni la maturité requise pour intéresser une vingtaine d’enfants d’âges différents, partagés en plusieurs divisions, et qui devaient rester toute la journée sous ma seule direction.
Les heures « libres » passaient à l’entretien du local, à la correction des devoirs de la journée, à la préparation du travail pour le lendemain (on avait tellement insisté, tout au long de mon cours, sur l’importance de la préparation!), à la confection de nos repas, et le soir venu, l’éclairage de la lampe à l’huile amplifiait mes sentiments nostalgiques.
Dès la fin du mois de septembre, je donnai ma démission. Fort heureusement pour moi et pour les enfants de cette école, ma démission fut acceptée et une compagne d’études vint me remplacer. Cela me permit une quatrième année à l’École Normale et une classe l’année suivante à l’école principale de Mont-Laurier où j’ai enseigné huit ans, tout en restant en contact avec mes compagnes d’études et de travail.
Avant de revenir à Mont-Laurier, j’allai à pied, toujours avec ma jeune sœur, chercher mon mois de salaire au village voisin. Les quelques milles qu’il nous fallait parcourir entre l’école et le village nous semblaient s’allonger indéfiniment, car nous étions accompagnées par les aboiements des chiens qui se relayaient de ferme en ferme. Agnès n’a pas oublié, et moi non plus.
Cette expérience d’un mois m’a marquée et j’ai toujours éprouvé un profond respect, une très grande admiration pour celles qui acceptaient de vivre cette « vocation ». Le mot est démodé, mais je n’en connais pas d’autre qui convienne aussi parfaitement au mode de vie que devait mener la maîtresse d’école, l’institutrice rurale.
Extrait de REID-BRISEBOIS, Cécile: Nos institutrices rurales, 1898-1960, Mont-Laurier, 1984. Mme Reid-Brisebois est co-auteure de deux autres monographies: Histoire de l’École normale du Christ-Roi de Mont-Laurier et La centrale hydroélectrique de Mont-Laurier. Très engagée dans le milieu de l’éducation et de la culture, elle fut responsable de la bibliothèque paroissiale avant sa municipalisation, puis première directrice de la bibliothèque municipale. Elle a laissé sa marque dans plusieurs autres organisations, notamment à la Société historique de la région de Mont-Laurier, dont elle a été présidente durant les années de fondation.
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