Le salon de jeux de L’Entropique fermera ses portes
Après trois années à animer le centre-ville de Mont-Laurier, le local de L’Entropique fermera ses portes à la fin 2024. Discussion avec les propriétaires Edith Beauchemin et Joris Lapierre-Meilleur autour de ce lieu unique.
Edith Beauchemin et Joris Lapierre-Meilleur forment un couple depuis plus de vingt ans. En plus de prendre soin de leurs trois enfants et d’occuper un deuxième emploi, ils tiennent ensemble le salon de jeux L’Entropique. Après cinq ans dans l’aventure et trois ans à avoir pignon sur rue en plein centre-ville de Mont-Laurier, le duo a pris la décision de fermer leur local.
« On misait beaucoup pour les chiffres de cet été, mais on s’est rendu compte qu’on a eu 50% moins d’achalandage que l’année passée », explique Joris Lapierre-Meilleur. « Notre plan était de gagner assez cette année pour avoir un employé qui tient la boutique, mais ce n’est pas du tout réaliste », ajoute Edith Beauchemin. « C’est surtout une décision reliée au fait que ça nous prend beaucoup de temps. On a l’impression qu’on ne peut jamais passer de temps avec nos enfants, qu’on fait juste travailler et être toujours fatigués. »
Bien que le salon de jeux ferme ses portes, L’Entropique restera en vie sous la forme d’une boutique en ligne et continuera d’offrir des services d’animation.
Un lieu de rencontres inclusif
« Pour moi, le projet était surtout autour d’un lieu pour se rencontrer. Le plus important, c’était d’avoir un safe space, un lieu où avoir du fun, être soi-même et faire de nouvelles rencontres », explique Edith Beauchemin. Le local avait entre autres été choisi pour son emplacement, à distance de marche de la polyvalente. « Quand tu es ado et que tu ne fittes pas dans le moule, le secondaire peut être vraiment difficile. On a aussi beaucoup de jeunes adultes », affirme Mme Beauchemin. « On a toujours véhiculé l’idée que c’était possible de venir seul parce qu’il y a toujours des gens qui se cherchent des partenaires de jeu. »
Cette année, L’Entropique a aussi donné naissance à un club social pour la clientèle aînée, qui rassemble une dizaine de personnes les deux jeudis. « Ça aura permis de créer des amitiés. Je pense qu’on a réussi notre mission », estime M. Lapierre-Meilleur.
L’union fait la force
« C’est Denisa (Koudelka) qui nous a donné la chance de nous installer dans son local pour tester notre marché », explique Edith Beauchemin. En effet, avant d’avoir son propre espace, L’Entropique a occupé pendant quelques mois une partie de la pâtisserie Le Bec Sucré, rue de la Madone. Un peu plus tard, ce fut grâce à Silène Beauregard et Benoît Desjardins de Ben Bagel que le couple put trouver un local afin d’ouvrir leur salon de jeux. « C’est ce qui est beau de notre région. C’est un plus petit bassin, alors les gens se tiennent plus les coudes. C’est notre expérience, en tous cas! », affirme Mme Beauchemin.
La collaboration et les partenariats avec d’autres commerces ont fait partie intégrante de L’Entropique pendant l’entièreté du projet, que ce soit pour leur jeu d’évasion extérieur, pour des soirées de jeux hors murs ou pour les grignotines en vente au local. « J’étais urbaniste auparavant, alors pour moi, faire partie d’un centre-ville, c’est faire partie d’une communauté qui est plus grande que juste nous », continue Edith Beauchemin. « Il nous arrive de réorienter des clients vers d’autres commerces, et les gens ne comprennent pas. Mais je pense sincèrement que si tout le monde a plus de clients, alors on grandit ensemble. C’est en se soutenant qu’on devient une communauté riche. » Avec un sourire, elle ajoute : « J’aime beaucoup mieux que quelqu’un se rende en face chez Jaclo pour acheter un jeu de société qu’il se tourne vers Amazon! »
« Quand le Chapeau a ouvert, plutôt que de le voir comme un concurrent, on était vraiment contents. Après 17h, ici, c’est mort! Avoir d’autres commerces qui attirent des gens pendant les heures de loisir, c’est gagnant pour tout le monde. Un centre-ville mort, ce n’est jamais bon signe », considère Joris Lapierre-Meilleur.
« Je trouve ça triste de savoir que c’est difficile pour plein d’entreprises en ce moment. Il y a un effet domino. Quand un commerce ferme, ça a un impact sur les autres et sur la communauté. Une ville qui est prospère et intéressante, ça passe par un centre-ville animé », mentionne de son côté Mme Beauchemin.
Lapierre-Meilleur conclut : « Il faut réhabituer les gens à fréquenter le centre-ville après l’avoir évité parce que ce n’était pas vivable pendant les travaux des dernières années. Maintenant que c’est joli, il faut le réinvestir et le dynamiser. »
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