Le lendemain même du déclenchement des élections québécoises, Michel Langevin et moi parlons, à son micro, de l’attaque verbale abjecte dont a été victime la vice-première ministre fédérale, Chrystia Freeland, en Alberta. Incroyable que certains, aujourd’hui, se sentent autant légitimés d’agresser de la sorte, sans gêne ni vergogne, concluions-nous. Bravo ainsi et respect aux innombrables candidat.es ayant le courage, en cette ère des médias sociaux, de placarder leur face sur des poteaux. S’il est facile d’être cynique et critique de nos politiciens, reste que grâce à eux et elles, la démocratie survie. Pour l’instant.
Pour l’instant? Oui. Parce que sans vouloir sombrer dans l’outrance et l’exagération, n’en demeure pas moins que celle-ci s’est déjà mieux portée, toutes catégories confondues: taux de participation, engagement bénévole, contenu, respect des institutions et… violence, les deux derniers étant en d’ordinaire en symbiose.
Au moment d’écrire ces lignes, la candidate libérale Marwah Rizqy, de huit mois enceinte (!), vient d’être victime de menaces de mort suffisamment sérieuses pour que les flics lui suggèrent de… demeurer à la maison. Idéal, en pleine campagne électorale. Au même moment, son collègue Enrico Ciccone a vu son bureau de comté vandalisé et volé. On se souvient aussi de la dernière élection fédérale, où Justin Trudeau s’était fait lancer des roches, et ce, après avoir lui aussi été la cible de menaces de mort sur les réseaux sociaux, gracieuseté des sans-génies ayant organisé, peu après, la fameuse occupation d’Ottawa par les Kémions.
Quoi en retenir, au final? Plusieurs choses, je crois.
D’abord, que le nombre d’illustrations est devenu trop important pour conclure à autre chose qu’une tendance en bonne et due forme. On dépasse dorénavant, et de loin, le cadre de la simple anecdote.
Deuxièmement, que ladite tendance ne tombe pas du ciel, ni n’est le résultat du hasard. Plutôt la conséquence directe et indirecte de politiciens en appelant aux plus bas instincts de la population, à la démagogie et au non-respect des institutions. En alimentant ainsi une forme ou l’autre de complots, rien de bien étonnant qu’une partie de l’électorat tombe dans le piège du populisme à tout crin. Si, par exemple, un ex-président déchu lance une attaque tous azimuts et sans répercussions sérieuses contre le Capitole – symbole par excellence de la démocratie américaine – difficile d’exiger, par la suite, le respect de ses institutions par monsieur ou madame X.
Ensuite, encore là sans surprise, que les médias sociaux ont participé, et le font encore, à l’explosion de cette haine et violence maintenant institutionnalisées, justement. Parmi les motifs, la fausse impression donnée qu’il est permis d’insulter et menacer derrière un écran d’ordinateur, sans conséquence, à l’abri du code criminel.
La solution? Aucune idée, franchement, à part peut-être fermer les Zinternets. Je blague, bien entendu, mais avec résignation. Parce qu’à moins d’un virement de cap aussi soudain qu’improbable, l’ampleur du phénomène risque, selon toute vraisemblance, d’augmenter d’autant.
Question, au fait : est-ce que Donald Trump aurait pu devenir président sans médias sociaux? Comme disait Chomsky : la propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature…
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