Sur invitation seulement : une soirée qui ne fait pas l’unanimité
Le caractère exclusif du Pique-nique gastronomique de la Chambre de commerce de Mont-Laurier s'étant tenu sur la Madone le 12 juin et ayant entraîné le barrage de la rue a semé la controverse parmi les commerçants, les clients et les résidents du centre-ville.
Une dizaine de jours avant l’événement, Geneviève Lapalme, propriétaire d’une boutique de matériel d’art, est allée se renseigner auprès de l’équipe de la Chambre de commerce qui s’affairait alors à des préparatifs : « Je suis allée leur demander ce qu’elles faisaient, elles m’ont dit qu’il allait y avoir un barbecue. Je pensais que ce serait un événement public, qu’on sortirait le barbecue sur la rue, qu’il y aurait du monde et qu’on aurait du fun. »
Lorsqu’elle a réalisé qu’il s’agissait plutôt d’un événement dont les invitations étaient réservées aux membres de la Chambre de commerce, la réaction de Mme Lapalme fut toute autre : « J’ai été prise de court, je pense que j’ai bafouillé parce que je n’en revenais pas. » Outre les désagréments susmentionnés, le caractère privé rajoute beaucoup à la frustration de Geneviève Lapalme : « Ça rajoute plusieurs couches. Ça devient un gros manque de respect, je trouve. Pour tous les gens qui ont subi à cause d’un événement privé, qui ont perdu de l’argent alors que [la Chambre de commerce] a vendu des couverts à gros prix. »
Chaque billet, en vente au coût de 125 $, comprenait un repas préparé par le chef de renommée Vincent Dion-Lavallée (La Cabane d’à côté du restaurant du Pied de cochon), un cocktail et les services d’un DJ. Pour Mme Lapalme, ce genre d’événement exclusif ne justifie pas de fermer une rue publique, « surtout sans même offrir une compensation aux commerçants qui ont perdu de l’argent. »
Marie-Josée Lambert, locataire d’un appartement au centre-ville de Mont-Laurier, déplore également la tenue de ce genre d’événement sur la rue de la Madone : « Le fait que c’était un party privé, j’ai trouvé ça un peu spécial. » Pour elle, les aspects exclusif et luxueux remettent en question la pertinence du choix du lieu.
« Je n’ai rien contre les activités au centre-ville, je comprends tout à fait. Mais des événements privés, je trouve ça plus ordinaire. Surtout qu’il y a beaucoup de personnes itinérantes dans le centre-ville, il me semble que ça fait drôle un peu. »
-Marie-Josée Lambert
Au moment d’écrire ces lignes, L’info n’avait pas réussi à obtenir de réponse de la part de la Ville de Mont-Laurier concernant le processus d’analyse des demandes de permis d’événement et les modalités de fermeture d’une rue pour des événements privés ne s’adressant pas à la population générale.
En bonne et due forme
Mélanie St-Cyr, directrice de la Chambre de commerce de Mont-Laurier, rappelle que l’organisme est entièrement indépendant de la Ville de Mont-Laurier, bien qu’ils soient partenaires. « Comme n’importe quel organisme, on se doit de déposer une demande de permis à la Ville chaque fois qu’on veut faire un événement sur un terrain municipal », précise-t-elle.
En tant qu’OSBL, la Chambre de commerce ne tire pas de profit de son Pique-nique gastronomique : « Quand on arrive à couvrir nos frais fixes, on est contents. Notre but n’est pas du tout de s’enrichir. » Pour Mme St-Cyr, l’objectif de la soirée est avant tout de permettre aux membres de la Chambre de commerce de développer leur réseau d’affaires et de discuter avec l’équipe de l’organisme.
Des opinions qui divergent
La dynamisation du centre-ville de Mont-Laurier est un enjeu soulevant de nombreux questionnements. Si les citoyens comme les commerçants semblent s’en préoccuper, les opinions divergent quant à la bonne façon de mettre en valeur le cœur de Mont-Laurier.
Pour la Chambre de commerce et pour la Ville de Mont-Laurier, le Pique-nique gastronomique du 12 juin s’inscrit dans les efforts de dynamisation du centre-ville.
« On a voulu aider à la dynamisation du centre-ville […] On voulait tester le fait de barrer la rue et de rendre ça piétonnier pour une journée. Je pense que ça a fonctionné parce que toute la journée, des gens sont venus nous voir pour poser des questions, ils étaient curieux. Je pense que ça a mis le spotlight sur le centre-ville », explique la directrice de la Chambre de commerce.
Lethicia Benedicto, agente aux communications à la Ville de Mont-Laurier, déclare quant à elle : « Nous sommes navrés que ce bel événement permettant de dynamiser le centre-ville ait pu embêter les commerçants et résidents. »
À ce même sujet : « Mauvaise surprise pour des commerçants du centre-ville »
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