Histoires de chasseuses
À l’occasion de l’ouverture de la chasse au chevreuil, des chasseuses d’ici ont partagé quelques récits à L’info, certains touchants, d’autres plutôt cocasses.
Qui n’a pas entendu parler de la fois où « mononcle Untel » aurait assommé un ours d’un seul coup de poing, ou encore de celle où grand-père aurait croisé un buck haut de 6 pieds? Bien ancrée dans la culture populaire et dans les traditions familiales de notre région, il va sans dire que la chasse donne souvent lieu à des anecdotes colorées et autres souvenirs marquants. Pour cet article, L’info s’est entretenu avec quatre chasseuses locales dans le but de regrouper pour vous des histoires qui font sourire.
La naissance d’une passion
Dans le sud de la France, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, Marjorie Pin de Nominingue a été initiée à la chasse au chevreuil par son grand-père. « On faisait de la chasse fine ou à l’approche, ce qui est différent de ce qu’on fait ici au Québec », explique-t-elle. « Alors qu’on se promenait dans la forêt à la recherche de traces, on a entendu du bruit. On a vu un chevreuil partir juste derrière la colline où on se trouvait. » Doucement, à pas de loups, ils se sont approchés. « On est tombé sur la couche du chevreuil, là où il se couchait pour ruminer durant la journée. Mon grand-père m’a fait poser la main dans la couche et j’ai pu sentir toute la chaleur du chevreuil. C’est un moment qui m’a vraiment marquée, le fait de ressentir cette chaleur de l’animal. » La chasse ne fut finalement pas fructueuse ce jour-là, mais il s’agit tout de même d’un moment charnière pour Marjorie Pin : « J’étais encore trop petite et je faisais pas mal de bruit, mais bon… Je pense que ce que mon grand-père voulait, c’était surtout de me faire vivre ce moment-là. C’est un peu grâce à lui si j’ai suivi une formation pour être guide chasse et pêche ici au Québec. »
Une matinée haute en émotions
Sarah Brousseau-Carrière, de Mont-Laurier, a elle aussi une belle histoire de chasse à partager. Elle remonte à il y a deux ans, lorsqu’elle a invité son garçon de 11 ans à l’accompagner à la chasse pour la première fois. « On s’est perdu en chemin et on a fini par arrêter dans un magasin. J’ai décidé de faire un test de grossesse dans les toilettes, puis j’ai appris que j’étais enceinte », déclare-t-elle d’emblée. Elle poursuit : « Une fois rendu, à peine deux heures après avoir commencé à chasser, on a entendu craquer. Mon fils avait très peur! Je lui ai dit de ne pas bouger. C’est finalement mon père, qui est mon partner de chasse, qui a tiré. » Tous les trois sont partis à la recherche de la bête, pour la trouver éteinte dans un cours d’eau à proximité. Alors qu’ils tentaient en vain de déplacer l’animal, Sarah Brousseau-Carrière s’est vue dans l’obligation de partager la nouvelle : « Je ne comptais pas leur annoncer tout de suite que j’étais enceinte, mais comme je commençais à avoir des nausées et que je ne pouvais pas non plus trop forcer… En deux heures, mon fils a vécu la plus belle chasse et il a appris qu’il allait être grand frère ! »
Silence, on chasse…
Billie Piché, de Mont-Laurier, est issue d’une grande famille de chasseurs. « Pour moi, la chasse, c’est vraiment un moment de zénitude, de calme, de contemplation de la nature. Je suis quelqu’un qui a besoin de ses moments de solitude et de silence », explique-t-elle. Bien qu’elle ait toujours apprécié accompagner son père dans sa cache, ce n’est que récemment, lors d’une chasse à l’outarde, qu’elle a eu la piqûre pour cette activité ancestrale. Plus jeune, la chasse représentait surtout pour elle une opportunité de lire et de faire des siestes en toute tranquillité… Au grand dam de son père : « Une bonne fois, il m’a chicanée parce que je tournais mes pages trop fort! Apparemment que je dérangeais la nature avec ma lecture », lance-t-elle en riant.
Une perdrix bien robuste
Vers la fin de son adolescence, Nancy Hurtubise, elle aussi de Mont-Laurier, était à la chasse avec son copain Serge. Alors qu’ils patrouillaient en quatre-roues, ils ont aperçu plusieurs perdrix près d’un arbuste. « J’en tire une. Je vois des plumes voler, donc je suis certaine de l’avoir eue. » Bien sûr, les perdrix se sauvent, sauf celle visée par Nancy, qui tient encore debout. « Je décide de tirer une deuxième fois, la plume lève… Mais elle tient toujours debout ! » Incrédule, Serge décide de tirer à son tour… L’oiseau ne bouge pas d’un poil. « On finit par s’approcher, pour se rendre compte que c’était une carcasse de perdrix accrochée après une branche. On est rentrés bredouilles. »
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