Grandir en pleine nature
Le rêve de Cinthia Randlett
À la fin août 2024, Cinthia Randlett a réalisé son rêve d’ouvrir un service de garde en milieu familial entièrement axé sur la pédagogie par la nature. Discussion avec l’éducatrice à propos d’un projet novateur dans la région.
Les tout-petits qui fréquentent La tribu des pieds nus, à Lac-des-Écorces, ont à leur disposition un terrain de jeu unique. Vaste de 35 acres, le site bucolique leur permet de profiter tous les jours de la forêt, d’un grand jardin et d’une cabane à sucre.
« Ça faisait plusieurs années que ça germait dans ma tête, mais je n’avais pas encore trouvé l’endroit parfait », partage Cinthia Randlett, qui a été éducatrice pendant 17 ans en installation avant d’ouvrir son service de garde. Si son ancien milieu de travail a toujours fait preuve d’ouverture face à son approche écoéducative, elle sentait le besoin d’aller encore plus loin. « Je n’arrivais pas à exploiter mes idées à 100%, comme je le rêvais », explique-t-elle.
« Je remarque que depuis que j’applique la pédagogie nature libre et active, les enfants sont beaucoup plus créatifs. C’est peut-être la clé pour offrir des bases solides en vue des apprentissages scolaires à venir », note Mme Randlett. Selon elle (et de nombreux experts), la stimulation de la créativité permet de mieux outiller les enfants quant à la résolution des problèmes qu’ils rencontreront au cours de leur vie. Elle observe aussi que les enfants de son groupe sont encore plus sensibles à l’émerveillement : « Elle est plus tangible, parce qu’on leur donne le temps pour s’imprégner de l’environnement et vivre des moments riches d’immersion et de connexion avec la nature. »
Libres de jouer et de créer
Depuis l’ouverture en août dernier, l’éducatrice jouit des libertés que lui offre un milieu familial et peut enfin mettre tous ses rêves en action. « Je trouvais difficile d’imposer un horaire si rigide aux enfants. Ils sont tout petits, ils n’ont pas besoin de cette structure restrictive régie par la société actuelle qui apporte un stress », explique-t-elle. « Dans la pédagogie par la nature, il y a huit grands principes, dont celui d’y aller plutôt avec la lenteur, d’offrir le temps de jeux aux enfants pour approfondir leurs apprentissages. »
Mme Randlett explique qu’un autre des principes de l’éducation par la nature est celui de l’aménagement. À l’intérieur comme à l’extérieur, les espaces sont aménagés de manière à favoriser le contact avec la nature et à stimuler la créativité. « Les enfants sont en pédagogie libre avec des matériaux libres et polyvalents, ce qui veut dire que ce ne sont pas des jouets commerciaux avec des usages prédéfinis. Par exemple, ce sont beaucoup de cartons, de bouts de bois, des matériaux recyclés. »
L’éducatrice raconte que le type d’activités qu’elle propose ressemble beaucoup à ce qu’elle a connu dans son enfance, passée en forêt près du lac François : « Ma mère était à la maison avec quatre enfants. Très jeune, je savais utiliser la machine à coudre et cuisiner. Mon père était menuisier, et il nous laissait utiliser ses outils. On n’avait pas les jouets dernier cri. Je retrouvais tout ce avec quoi j’ai grandi dans la pédagogie par la nature. »
Faire les choses autrement
En gérant elle-même son horaire, Cinthia Randlett permet une certaine souplesse dans les activités quotidiennes. « J’offre aux enfants une collation très soutenante le matin pour permettre une dépense énergétique pendant nos activités extérieures. Ça permet aussi parfois d’étirer une activité avant de servir le dîner, par exemple si on est en pleine immersion ou qu’on a décidé de partir un peu plus loin en forêt lors de notre randonnée », mentionne-t-elle.
« Pour les dodos, je n’ai pas besoin d’être revenue dans mon local à un moment précis, on peut choisir de faire la sieste ailleurs comme sur le pont en forêt ou encore à la cabane à sucre. »
Mme Randlett prône avec son groupe de 6 enfants âgés de 1 an et demi à 4 ans une éducation permaculturelle. « La permaculture, ça s’applique au jardin, mais ça s’applique aussi dans tout l’univers du vivant. On expose les enfants à des relations de collaboration, de coopération, on développe leur sensibilité écologique, que ce soit au niveau de la végétation ou des animaux », affirme-t-elle.
Les enfants, même les plus petits, sont aussi initiés aux principes de la démocratie. « On fait des choix de groupe et je leur enseigne que leur opinion est d’importance égale à celle des autres. On développe ensemble leur capacité à appuyer leur choix et à les expliquer, ce qui aide aussi au développement du langage et de la réflexion. »
L’éducatrice s’est également dotée d’une politique environnementale afin de guider ses actions éducatives, les achats de matériel et son menu. « Il y a très peu de milieux, je dirais même à travers le Québec, incluant les milieux familiaux et les installations, qui se sont dotés de ces lignes directrices. Mais ça fait toute la différence pour garder le cap sur ses valeurs. »
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