Les « Moms » se synchronisent et patinent

Publié le 20 février 2020 par Hélène Desgranges

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Hélène Desgranges

Journaliste | hdesgranges@inmedias.ca

Elles ont entre 32 et 46 ans, elles patinent depuis qu’elles sont jeunes ou ont appris à le faire il y a quatre ans : elles font partie de l’équipe de patinage synchronisé adulte III de Ferme-Neuve. Qu’est-ce qui pousse ces femmes à chausser des patins dans une société où cette génération féminine est encore sous-représentée dans les sports récréatifs et de compétition? Les raisons convergent toutes vers la plus importante : le plaisir!

Les « Moms » se synchronisent et patinent

Alors que gouvernement du Canada s’est engagé à offrir du financement pour atteindre l’équité des genres dans le sport à tous les niveaux d’ici 2035, de nombreuses initiatives sont organisées pour intégrer les filles âgées entre neuf et 15 ans et les femmes dans un sport récréatif et compétitif.
Au-delà de nouvelles initiatives ou de nouveau financement, certains sports féminins ont pris place dans le décor d’Antoine-Labelle sans même connaître cet objectif gouvernemental, par simple désir de réaliser un grand rêve.
Le rêve d’Andrée-Claude
Andrée-Claude Lachaîne, entraîneuse professionnelle de patinage synchronisé à Ferme-Neuve, désirait depuis longtemps mettre en place une équipe adulte de patinage artistique synchronisé. Mais les critères étaient restrictifs et le souhait, difficile à exaucer.
Bien qu’il existe des équipes adultes en patinage synchronisé ailleurs dans la province de Québec, Ferme-Neuve comptait seulement des patineuses adultes solo. Il y a quelques années, les règles s’appliquant aux équipes de patinage synchronisé adulte exigeait que 50% des patineuses soient âgées de 35 ans et plus; une équipe a donc pu être formée. Le ratio difficile à tenir aurait mis fin à ce sport d’équipe, selon Marie-Claude Giguère, membre de l’équipe.
L’automne 2019 a vu renaître le projet, à la grande joie de Mme Lachaîne. Malgré une exigence encore plus serrée de 75% de patineuses âgées de plus de 35 ans, Ferme-Neuve a de nouveau une équipe de patinage synchronisée adulte.
Apprendre à patiner à 35 ans
Des 16 femmes qui forment maintenant l’équipe de Ferme-Neuve, quatre ont appris le patinage artistique alors qu’elles avaient passé la trentaine, il y a quatre ans. Certaines avaient déjà fait du patin artistique alors qu’elles étaient jeunes, d’autres avaient abandonné à l’adolescence et quelques-unes le pratiquaient encore en solo. L’équipe recrute ailleurs qu’à Ferme-Neuve car même Mont-Laurier n’a pas de formation adulte en patinage synchronisé.
« Pas super bonnes »
C’est Renée-Claude Giguère, membre de l’équipe qui le dit elle-même à la blague : « On n’est pas super bonnes mais on n’aime pas arriver dernières »!
Expliquant que des clubs de patinages synchronisé adulte existent ailleurs au Québec depuis longue date et ont un historique de patineuses assidues, Mme Giguère souligne néanmoins que les femmes de Ferme-Neuve adorent rivaliser avec les autres clubs en compétition. « On va en compétition pour s’améliorer, faire un pointage personnel et pour le trip. »
Elles ne finissent pas toujours dernières comme ce fut le cas à Sherbrooke dernièrement. « On était bien parties mais on s’est planté après. On a quand même augmenté notre pointage », nous avait expliqué, suite à cette compétition, Andrée-Claude Lachaîne, celle dont le souhait de former une équipe adulte a été exaucé.
Qui peut se joindre à l’équipe?
Comme la formation évolue rapidement, selon Renée-Claude Giguère, une nouvelle venue pourrait avoir peur de se joindre au groupe. Elle suggère plutôt de débuter en solo ou de faire évaluer ses capacités car tout dépend aussi de la confiance de la patineuse sur la glace et de ses habiletés. Lorsqu’elle-même a sauté dans l’expérience à pieds joints, il y a quatre ans, c’est sa détermination et sa témérité qui lui ont fait conserver sa place.
Pourquoi moins de « Moms » dans le sport?
Plusieurs réponses pourraient être données pour expliquer le fait que les filles et femmes sont moins présentes dans les sports récréatifs et de compétition. Celles qui viennent spontanément à Renée-Claude seraient probablement associées aux études. « Quand les jeunes partent au CÉGEP, elles veulent se consacrer à leurs études. Après, il y a les enfants. Moi les miens ont sept-huit ans, c’est plus facile. » Comme elles sont presque toutes mamans, leurs jeunes se plaisent à les appeler les « Moms »!