Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Au séminaire (1952-1955) (7/8)
Claude Daoust
J’entre au séminaire en septembre 1952. Comme je venais de passer l’été pensionnaire à l’hospice, je n’étais pas trop dépaysé, mais l’auguste institution m’en imposa par sa taille et son site en hauteur.
J’y ferai les trois premières années du cours classique. Côté académique je me maintenais dans le premier tiers de la classe. J’aimais toujours autant jouer et pratiquer des sports. Assister à des spectacles et produire le journal de la classe comptent parmi les activités que je me rappelle avec plaisir. J’avais de bons amis et quant aux Pères, plusieurs me furent sympathiques, d’autres moins, notamment un directeur de conscience qui s’acharna après mes vacances d’été à me faire avouer des péchés d’impureté avec des filles que je n’avais pas commis (hélas!).
Le dortoir fut le théâtre des incidents qui me valurent deux notes de très mauvaise conduite. Un soir mon compagnon de droite s’empara du revolver-jouet que je gardais dans ma valise et ne se doutant pas qu’il était chargé d’un pétard fit partir un coup. Le surveillant accourut dans tous ses états et confisqua l’objet sur-le-champ. Une autre fois je lançai mon verre d’eau à mon voisin de tête de lit qui m’aspergeait de pichenottes chaque soir. Au lendemain de ces événements, je fus convoqué au bureau du préfet de discipline, lequel n’avait rien de bon à me dire malgré mes explications. Comme on voit, pareil aux enfants d’aujourd’hui, ce n’était pas vraiment de ma faute, quelle injustice!
C’est au séminaire que je devais réaliser pleinement tout ce que j’avais perdu depuis mon enfance choyée dans une famille aimante. L’état de mes vêtements me gênait. J’avais tendance à marcher les bras croisés pour cacher avec mes mains les coudes déchirés de mon blazer (sur la photo d’école je porte celui d’un ami).
Avec mes genoux dans le même style que les coudes, pas étonnant que j’aie trouvé sur mon lit un soir deux belles paires de pantalon, don anonyme d’un étudiant plus vieux envers qui j’éprouve encore de la gratitude.
Aux vacances de la Toussaint et de Pâques nous étions une petite dizaine d’élèves à ne pas aller dans leurs familles, imaginez nous avions le grand collège à nous tout seuls!
J’ai eu du parloir peut-être cinq fois en l’espace de trois ans et je n’y tenais pas trop. Lorsque j’entendais mon nom dans les haut-parleurs mon cœur se serrait non pas de joie mais de la peur d’un malheur.
À deux reprises mon oncle Léopold m’a rendu visite et donné 2$. Avec cet argent je m’achetais crayons et cahiers à la procure, et s’il m’en restait je me payais des petites gourmandises à la cantine, mais ça pouvait s’étirer sur des mois je remettais mon plaisir de jour en jour.
Au nombre des expériences formatrices de ces années de collège, il y aura eu bien malgré moi cet état de manque, qui m’aura appris l’humilité et rendu sensible à la détresse des plus démunis.
1Condensé d’extraits du livre Sara Labelle (1888-1962) et Ambroise Chalifoux (1877-1918): De Brébeuf à Sainte-Anne-du-Lac, Lise Daoust, 2019. Annexe: Souvenirs de Claude.
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