Avocat, docteur en droit et politologue f_berard@twitter
Lettre à la députée Jeanotte
Madame la députée,
Œuvrant dans la sphère publique et médiatique depuis bientôt dix ans, disons qu’il m’a été facile d’en voir de toutes les couleurs. Je m’accommode néanmoins facilement d’opinions aux antipodes des miennes. Mieux, je les encourage, autant dans mes amitiés que dans les débats auxquels je participe.
Or, et je le dis avec une certaine tristesse, jamais je n’ai pu constater un comportement comme le vôtre lors de mon dernier lancement de livre.
D’abord la forme. Un truc élémentaire: un lancement constitue un événement où est d’ordinaire célébré, de manière festive et amicale, l’ouvrage de l’auteur. Bien qu’arrivée près de deux heures en retard, donc après avoir raté l’ensemble des discussions pertinentes, vous avez néanmoins jugé bon de kidnapper le micro et de tenter, de façon vindicative, de régler certains comptes. Malgré mes réponses, au demeurant polies, vous avez alors poursuivi vos récriminations jusqu’à pousser l’ensemble des gens présents à l’exaspération, au point où certains d’entre eux vous ont clairement manifesté leur désapprobation quant à votre comportement, jugé déplacé et inutilement agressif (apparemment votre marque de commerce, selon la rumeur). Sentant la soupe chaude, et après avoir balancé un «j’ai assez entendu de niaiseries pour ce soir!», vous avez quitté la salle, le tout sous les applaudissements nourris de tous et chacun. Bref, il est loisible de qualifier votre première sortie publique depuis votre élection de manque flagrant de savoir-vivre, de pur désastre.
Le fond, maintenant. Non satisfaite d’avoir tenté de gâcher un évènement jusqu’alors joyeux et intellectuellement constructif, vous en avez rajouté une inutile couche le lendemain en téléphonant CFLO FM. J’étais, après avoir entendu l’entrevue en question, parfaitement subjugué par autant de mauvaise foi, votre comportement rappelant de détestables tactiques des Trump, Ford et autres populistes.
D’abord, et malgré les contre-illustrations fournies, vous persistez sur le fait qu’aucune entaille à l’État de droit ne serait actuellement en cours au Québec. Vos motifs? Que les gens ont élu démocratiquement votre parti (ce qui est vrai), et que vous représentez, par le fait même, à la fois le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Quand même. Exactement le propos tenu actuellement par les leaders au pouvoir au Brésil. Ne vous en déplaise, madame la députée, votre parti se doit d’agir à même les cadres constitutionnels établis. Votre gouvernement ne peut s’imaginer au-dessus de la loi, et ne peut exercer aucun contrôle sur l’appareil judiciaire, chargé d’ailleurs de vous surveiller. Une excellente chose, si vous me demandez mon avis.
Ensuite, vous avez l’outrecuidance de faire ce que personne n’avait osé faire jusqu’à présent dans ma carrière médiatique: attaquer mon intégrité. En fait, vous m’accusez notamment de répandre de fausses nouvelles sur le dos de votre gouvernement, notamment sur les questions de congédiement des juges et employés fédéraux. Dois-je réellement vous rappeler que c’est précisément la position de votre parti, comme l’affirmait d’ailleurs Jolin-Barrette au micro de Michel C. Auger? De deux choses l’une: soit que vous ignorez les postures de votre gouvernement, soit que vous occultez la réalité. Inacceptable dans les deux cas. Surtout quand ceci se produit en attaquant de plein fouet la crédibilité et rigueur d’autrui. Autre truc: vous affirmez que j’aurais souligné, lors du lancement, le fait que la CAQ soit le «gouvernement des régions». Or, jamais une telle discussion n’a eu lieu, et jamais n’ai-je même prononcé ces propos dans ma vie. Un tel mensonge ne peut, évidemment, que vous déshonorer.
En bref, madame la députée, sachez que votre actuel poste mérite une certaine hauteur. Quiconque ayant pu apprécier Sylvain Pagé saura vous dire ceci: jamais ce dernier n’aura, en 17 ans de mandat, manqué de classe et d’honnêteté intellectuelle comme vous avez su le faire en seulement un mois. Dommage. Parce que les citoyens du comté de Labelle méritent le meilleur. Puisse la suite de votre mandat en tenir compte.
Frédéric Bérard
Voir plus de : Chroniques
La police municipale de Mont-Laurier
Par Yohan Desmarais, directeur/historien à la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
La police municipale de Mont-Laurier
Par Yohan Desmarais, directeur/historien à la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Lendemain de veille plus intense en mélangeant les alcools ? Ça dépend lesquels!
Pour certains, le temps des Fêtes rime avec alcool et tous les moyens sont bons pour éviter la gueule de …