PAR FRÉDÉRIC BÉRARD. C’était à l’époque où le gouvernement de Jean Chrétien régnait sans partage, soit à la fin des années 90. Le scandale du sang contaminé, avec quelques dizaines de milliers de victimes, vient tout juste d’être révélé au grand jour. Chrétien et son ministre de la Santé d’alors, Allan Rock, font la sourde oreille face aux récriminations desdites victimes et leurs familles, lesquelles réclament compensation financière. La grogne et colère s’installent. Solidement, d’ailleurs.
Jasant de l’affaire avec un ami de la faculté, ce dernier y va d’une remarque, style leçon, jamais oubliée depuis: « Tsé, l’électorat est prêt à pardonner bien des choses à leurs politiciens… sauf leur manque d’empathie ».
Acuité infaillible. Parce qu’il est maintenant de bon aloi, sinon impératif, pour un dirigeant de se montrer « proche du peuple ». Leur succès politique, au moins en bonne partie, sera tributaire d’une capacité de témoigner de la réalité de la population, de partager ses goûts et préoccupations, le tout de façon sincère. Il faut, coûte que coûte, dégager l’impression de « faire partie du peuple ». Le cas échéant, bingo. À l’inverse, ce sera raide.
Faites-le test: qu’est-ce qui a coulé Philippe Couillard, sinon son ton souvent cassant du neurochirurgien qui sait tout? Combien de fois a-t-on reproché à Pauline Marois des bijoux jugés trop ostentatoires? Et la perception quant à Jacques Parizeau lequel, afin de devenir premier ministre, avait dû se débarrasser de ses complets trois pièces? Bernard Landry et sa propension aux formules latines? Michael Ignatieff et ses airs d’aristocrate d’Harvard? Stéphane Dion et ses allures de rat de bibliothèque cassant?
Tout l’inverse des politiciens tels René Lévesque ou justement Jean Chrétien qui, jouant la carte de la modestie, eurent une intéressante longévité « premier-ministrable ». Pas le seul facteur, bien entendu, mais impossible d’exclure son influence. Réalisant d’ailleurs l’ampleur de la frustration citoyenne, Chrétien devait reculer assez rapidement sur l’affaire du sang contaminé, et offrir une compensation financière aux victimes.
Vous me voyez venir, hein? Ouais, l’affaire des logements à 500-600$. Première fois, sauf erreur, que François Legault se met, sérieusement, les pieds dans les plats. Il ne s’agit pas, pourtant, de sa première erreur. La différence avec celle-ci? L’empathie, ou plutôt son absence, justement. Parce que toutes les autres gaffes de l’actuel premier ministre, soyons honnêtes, étaient davantage de l’ordre de l’incompétence ou de politiques trop brouillonnes ou précipitées, lesquelles furent pardonnées ipso facto par un mea culpa bien senti, suivi d’une marche arrière immédiate.
Tout le contraire, donc, du « logement gate ». Parce que pendant que Legault tente de vendre son château d’Outremont de 4,9 millions, des centaines de milliers de citoyens du Québec, principalement montréalais, peinent à se trouver un logement décent, c’est-à-dire salubre sans être hors de prix. Merci aux rénovictions, spéculations immobilières et autres facteurs pro-flambée, la chose est dorénavant quasi impossible.
Or, la réponse du chef caquiste à la question de Manon Massé n’avait, justement, pas… de prix:
– Combien un logement à Montréal, monsieur le premier ministre?
– Euh… je dirais à partir de 500-600$ par mois?
Pas étonnant, ainsi donc, que Legault et son gouvernement nient l’existence d’une crise du logement. Reste que devant le tollé provoqué, plutôt que de présenter des excuses sincères, les justifications (poches) du style « j’ai-des-amis-pauvres-vous-saurez! » ont eu pour conséquence, sans surprise, de galvaniser une grogne qui, dans certains cas, laisse parfois des traces indélébiles. Pas sûr? Ok, on en rejase; je vous laisse, m’en va déballer mon épicerie à 75$.
Voir plus de : Chroniques
La police municipale de Mont-Laurier
Par Yohan Desmarais, directeur/historien à la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Lendemain de veille plus intense en mélangeant les alcools ? Ça dépend lesquels!
Pour certains, le temps des Fêtes rime avec alcool et tous les moyens sont bons pour éviter la gueule de …
Aspirine et 7 Up, meilleurs amis du sapin de Noël ? Faux
Les amateurs de sapins de Noël naturels sont prêts à tout pour passer l’aspirateur le moins souvent possible. Entrent alors …