Mes jeunes années à Mont-Laurier (1945-1955)1
Rue du Pont (été 1953) et Notre-Dame-du-Laus (étés 1954, 1955) (8/8)
Claude Daoust, Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides
Après Éléments latins (équivalent de la 8e année), je passe l’été chez mon père, rue du Pont où il tient maintenant un magasin de surplus de guerre. Je soupçonne qu’il a une blonde. Ce sont des vacances bien tranquilles. Il m’amène parfois à Montréal chez ses fournisseurs juifs de la rue Saint-Laurent. Nous sommes aussi sans doute allés à Sainte-Anne-du-Lac chez ma grand-mère Chalifoux qui garde mes sœurs pendant la même période.
Pour les vacances d’été de 1954 je me retrouve inexplicablement à Notre-Dame-du-Laus chez oncle Wilfrid et tante Jeanne. Je serai très content d’y retourner à l’été de 1955. Mes huit cousins et cousines s’appellent par des surnoms, c’est la coutume ici, j’y serai le frem ou grand frem. Je suis fier de faire équipe avec mes cousins qui travaillent à la boulangerie de leurs parents. Levés au milieu de la nuit, nous y avons chacun des tâches adaptées à notre expérience du métier. Tout se passe dans la bonne humeur et la deuxième année je touche même un petit salaire. À la salle de pool du village je commence à fumer comme tout le monde. Yoland (le grand fieu) et Gaétan (color) jouent dans l’équipe de baseball locale, j’assiste aux matchs enlevants qu’ils disputent avec les villages voisins. Le matin des noces de Gisèle (la gi) en se rendant à l’église je suis sur le marchepied du camion, color qui est au volant met brusquement les freins et je me retrouve étalé sur le gravier, je ne suis pas blessé mais pire mon habit! Un bel habit neuf cadeau de mon oncle. Ma tante dira « mon pauvre ti-garçon », le mariage aura lieu quand même et tout le monde fêtera. C’est la vie.
Que se passe-t-il à la fin de l’été 1955? Je ne peux me rappeler si mon père m’a demandé « Veux-tu retourner au collège ou commencer à travailler? » Ou si je lui ai dit « Je ne veux plus aller au collège j’aimerais mieux travailler ». Nous étions si peu communicatifs l’un et l’autre que cette conversation n’a probablement pas eu lieu. Je ne suis même pas certain qu’un tel questionnement nous ait traversé l’esprit. L’Œuvre des vocations contribuait au financement de mes études, mais papa devait verser de son côté tant par mois (35,00$ + 5,00$ si je prenais du lait?). Il avait aussi sans doute à défrayer les pensions de ses trois autres enfants placés, ne serait-ce qu’en partie. De toute façon mes études se sont terminées là (en méthode) soit 10 ans de scolarité. Papa travaille alors pour une entreprise de puits artésiens de Saint-Eustache et pensionne chez sa sœur Delphine à Ville Saint-Laurent. Je m’en vais vivre avec eux et me chercher un emploi dans la grande ville avec son aide.
C’est ainsi que je quittai Mont-Laurier pour n’y plus revenir autrement que comme touriste en vacances, toujours avec émotion. À 81 ans, je suis plus nostalgique que jamais de ces lieux qui m’ont vu grandir.
1 Condensé d’extraits du livre Sara Labelle (1888-1962) et Ambroise Chalifoux (1877-1918) : De Brébeuf à Sainte-Anne-du-Lac, Lise Daoust, 2019. Annexe : Souvenirs de Claude.
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